Chapitre 1

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Matthew

Ma main part à l'aventure sur le côté gauche du lit, tâtonnant les draps à la recherche d'une éventuelle trace de présence humaine. Féminine, pour être plus précis. A peine réveillé, c'est toutefois les yeux fermés que mes doigts explorent le matelas, et que je découvre ce qui semble être une épaule. Menue et douce : bon, il semblerait que ma conquête d'hier soir soit encore dans les parages.

Honnêtement, j'aurais préféré qu'elle ait décampé avant mon réveil, mais c'est rarement le cas : généralement, toutes celles qui réussissent à atterrir dans mon lit ont tendance à croire que s'y éterniser va leur en ouvrir les portes pour les nuits suivantes. Voire pour les plus folles celles de mon cœur. Conneries, vaines illusions : je ne couche jamais deux fois avec la même fille. Un petit tour et next !

Oui, je sais, c'est lamentable comme attitude... Cliché même, pour un rockeur, le coup du mec qui se fait tout ce qui bouge et qui couche à tout va ! Mais je suis sans doute un lieu commun à moi tout seul... Alors autant ne pas décevoir mes fans, n'est-ce pas et sauter ( ah ah ! ) à pieds joints dans ce qu'on attend de moi : faire la star ! Draguer, baiser, et jeter.

La miss s'ébroue et j'en profite pour lui rappeler les règles que je ne manque jamais de leur donner, pourtant, avant même de me déshabiller.

— Bouge ! Je t'avais dit que tu devais être partie avant le matin.

Contre toute attente, c'est un grognement masculin qui me répond, et ma respiration se coupe une demi-seconde, le temps que je remette mes idées en place. Mes doigts se remettent en mouvement, jusqu'à tomber sur un bras musclé avec bien trop de poils pour appartenir à la jolie brune que je me souviens avoir ramenée cette nuit.

N'importe qui paniquerait en pareilles circonstances, mais pas moi. Parce que cette situation, loin d'être inhabituelle, est même plutôt presque courante. Je pousse un soupir agacé, dégageant ma main du corps bien trop viril allongé un peu plus loin, et la passe sur mon visage en me tournant sur le dos.

— Bordel, Oliver, barre-toi de mon lit, merde !

Un coup d'œil, et je l'entends jurer dans sa barbe blonde.

— Ta gueule, Matthew, maugrée-t-il. Casse-toi toi-même, c'est toi qui es dans mon lit.

La couleur sombre des murs, la déco industrielle, les meubles en sapin clair que mon regard encore hagard rencontre ne font que plussoir à ses propos. Merde, ce n'est pas ma chambre, effectivement, c'est celle de mon frangin !

Mon jumeau, pour être plus précis, s'étire à son tour pour s'assoir sur le bord gauche, tandis que je me cale contre la tête de lit. Il n'a pas l'air plus frais que moi, à vrai dire : ses cheveux trop longs en pétard, ses yeux à moitié plissés, ses cernes noirs et sa mine défaite me donnent une assez bonne idée de ce à quoi je dois même ressembler ce matin. L'avantage avec Oliver, c'est que je n'ai pas réellement besoin d'un miroir. Nous avons tout en commun : notre taille haute, qui frôle le mètre quatre-vingt-dix, nos cheveux blonds qui retombent en mèches souples en mode surfeur californien, malgré nos origines cent pour cent anglaises, nos corps minces mais fermes entretenus quotidiennement par des activités physiques et de la muscu. Et pas mal de sport en chambre, accessoirement.

Je tourne la tête vers la fille, qui, elle, n'a pas l'air de vouloir bouger. Je bugge un instant sur sa chevelure blonde étalée comme une botte de paille qui aurait été déballée à la hâte dans un champ. Je fronce le nez, balayant son corps nu et mince des yeux, avant de me pencher par-dessus elle et découvrir, presque soulagé, la brune que j'avais ramenée initialement allongée par terre, en train de dormir repliée en chien de fusil sur la descente de lit. Quelque part, ça me rassure sur mes souvenirs.

A coach in my bed [ sous contrat aux éditions Addictives ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant