𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏 : 𝑺𝒐𝒖𝒍𝒎𝒂𝒕𝒆 𝒎𝒆𝒆𝒕𝒊𝒏𝒈

76 10 21
                                    

*Ochlophobie - (à voir un paragraphe plus bas)= c'est avoir peur de la foule au sens physique. C'est différent de l'agoraphobie qui est la peur des espaces publics.

J'avais vraiment mal aux jambes à force de courir après celui qui me sert de frère, j'essayais de renverser le moins de gens possible pour rejoindre l'autre imbécile qui était déjà à quelques mètres devant moi. Quelques grognements sortaient de ma gorge chaque fois qu'une personne me bousculait, certains passants me dévisageaient même. Je haïssait la foule. Mon frère n'avait même pas la décence de m'attendre un minimum par peur de louper notre train. Je pensa au fait que cet idiot n'avait pas remarqué que j'avais les billets de train et qu'on devait impérativement rentrer ensemble. Je m'interrogeais des fois si nous étions vraiment de la même famille.

La gare était tellement remplie, j'en avais mal au cœur. Cet effet de foule me mettait vraiment mal à l'aise. Je détestait être entourée de beaucoup de monde, j'en venais à suffoquer et à juste vouloir sauter sous un train. Etant saine d'esprit, je ne le ferais pas. Malgré ça, mon ochlophobie* s'aggravait à grands pas. J'avais envie que tous ces gens disparaissent pour enfin me laisser respirer, c'est comme si chaque personne présente dans cette gare m'écrasait le cœur et les poumons en même temps. Je tenais absolument à sortir de cet enfer et aller rejoindre l'air frais mais c'était malheureusement impossible. Il fallait absolument qu'on arrive avant 17h à la maison, sous crainte de nous prendre un gros savon de la part de Junko et croyez moi, vous n'en voulez pas. J'accélérais donc le pas pour rejoindre Keisuke qui était grandement élancé dans sa course contre le temps. J'essayais du mieux que je pouvais pour le rattraper sans m'effondrer, j'avais pourtant de grandes jambes mais ce n'était pas suffisant... Je sentis d'un coup ma main droite me chatouiller, je m'arrêta net en voyant ce ruban rouge accroché à ma paume. Je n'en croyais pas mes yeux. Je tourna si violemment la tête que je crus m'arracher les cervicales. J'essayais désespérément de retrouver la personne qui avait déclenché l'apparition de ce ruban à la signification si unique.  Il y avait tellement de monde dans ce hall qu'il était impossible de l'avoir dans mon champ de vision. Je n'entendais plus rien, j'étais complètement sonnée par cette apparition hasardeuse. C'était vraiment à ce moment là que âme-sœur avait décidé de se pointer ? Sans même montrer sa belle gueule ??C'était un peu abusé...

"-NAKA' ! BOUGE TON GROS CUL LE TRAIN VA PARTIR !

Je reconnus instantanément la grosse voix de mon frère en train de me crier dessus, me réveillant au passage. Je me retourna pour avancer jusqu'à Keisuke malgré mon envie de repartir à la recherche de ma soit disant "âme-sœur". 

-Tu faisais quoi là à glander au beau milieu du passage ?

-Rien j'ai cru voir un truc", lui répondis-je trop embarrassée pour expliquer la situation.

Sans plus attendre, nous embarquions dans le train et nous trouvâmes deux sièges libres. Durant le trajet, j'essayais vivement de me remémorer la moindre personne ayant pu me frôler. C'était peine perdue, je détestait regarder le visage des gens dans la foule. Quelle est la coïncidence de trouver sa moitié dans une gare bondée de Shibuya ? Surtout quand on n'a pas pu voir son visage... C'est quand même un truc de fou l'apparition de ce ruban rouge ! De ce que j'ai entendu, la première fois que les gens ont constaté ce phénomène, c'était dans les années 1900. La seule signification de son apparition était que vous frôliez votre âme-sœur dans l'année de vos 17 ans. Il n'apparaîtrait qu'une fois dans votre vie malgré certaines personnes disant le voir aussi à leur mort. C'était ma grand-mère qui m'avait appris l'existence de ce phénomène en me racontant sa rencontre avec mon grand-père. Je ne m'étais jamais posé de questions sur le sujet jusqu'à aujourd'hui. Ca me tournait dans la tête, j'avais vraiment le seum, c'était injuste. Comment ferais-je pour reconnaître l'amour de ma vie ? Mon cerveau commençait à surchauffer avec toutes ces pensées.

Eros will save me from the darkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant