chapitre 3

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   MIN YOONGI











    Je fus le premier à sortir.

  Nayeon me donna son sac et sa planche à roulettes. Je les dépose sur le sol.

   Puis, elle entreprit sa descente.

   Son corps était frêle et sa petit taille n'aidait en rien au déni de cette apparence. Ses jambes étaient maigres, semblables à celles des membres d'un de ses groupes féminins de k-pop. Minces, blanches, l'air si fragiles dans les shorts en jean qu'elle arborait. Les larges vêtements qu'elle portait camouflaient encore plus sa silhouette fluette.

   Je l'aidai à descendre. Posant mes mains sur ses hanches, je la soulève et la pose sur ses pieds.

   J'allume le flash de mon téléphone alors que Nayeon rassemble ses affaires.

« Oublie pas qu'est-ce que je t'ai dit » lui rappelais-je et elle me fixe pendant quelques secondes. un air lunatique embuait ses yeux, me confirmant qu'elle ne s'en rappelait sûrement pas.

je soupire, ouvrant doucement la porte des toilettes.

Il faisait noir dans le magasin. Nous étions au bout milieu de la nuit et sans la lumière projetée par nos téléphones, nous aurions sûrement été submergés par une obscurité opaque.

Je marche à petits pas, regardant la porte en vitrine devant moi, à l'affût de la présence de quiconque se promenant dans les alentours du magasin.

La dernière chose que je voulais, c'était bien se faire appréhender par un inconnu bourré qui aurait détecté les lumières de nos téléphones et qui aurait appelé la police alors qu'on volait des items de cette boutique. Des objets que des gens de basse notoriété tels que nous considéraient comme des trésors valant des milliers de won.

Nous arrivons vers les comptoirs.
Ses derniers contenaient plusieurs hauts-parleurs, tous de marques différentes.

« Ouvre ton sac » marmonnais-je à l'adresse de Nayeon, qui s'exécute en silence.

Une main occupée par mon cellulaire, l'autre s'emparant d'hauts-parleurs, je garda un œil constant sur la vitrine.

À travers cette dernière, le peu de lumière qui éclairait la ruelle m'aurait quand même permise de distinguer un être humain perdu qui se serait aventuré tout seul proche du magasin.

J'enfonce plusieurs boîtes enveloppées de plastique et finit par m'orienter vers les chargeurs et les écouteurs. J'en vole une dizaine chacun, jusqu'à temps que le sac de Saejin soit plein.

« On se casse » marmonnais-je et c'est à un rythme rapide qu'on marche en direction de la porte du magasin.

elle était fermée.

« Garde un œil sur la ruelle » demandais-je à Nayeon et je ne sus si elle avait obéi ou si elle n'en avait rien à faire.

  je sors une épingle de la poche de ma
veste noire.

   les serrures des magasins de cette contrée possédaient tous un verrou qui était bien facile à débloquer. c'était une tâche facile que quiconque aurait pu accomplir avec l'aide d'une petite épingle.

le déclic du verrou précède un sourire de ma part.

la porte cède et s'ouvre docilement, comme je m'y attendais.

l'air froid nous englobe et pénètre le magasin alors que nous sortons.
il faisait froid.

personne ne se trouvait autour.
le mot "désert" semblait même trop faible pour décrire l'absence de tout et de rien ici.

« Yoongi? » je tourne les yeux vers elle.
« C'est la nuit. On dort où? » me demande-t-elle, les lèvres retroussées en une moue étrangement déçue.

je détourne le regard.

sans adresser sa question, je continue à marcher.

même si je n'avais pas répondu à son interrogation, je pus entendre ses pas se joindre aux miens. elle me suivait.

où que j'allais, elle irait.

« Yoongi! J'ai froid! » se plaint-elle et je me retourne vers elle, adressant un regard bref vers son ventre.

elle était vêtue de shorts en jean, d'un chandail ainsi que d'une chemise rouge et orange qui couvrait ses bras et qui était déboutonnée.

on ne pouvait dormir dehors.
il faisait trop froid.
est-ce qu'un contact avec le froid était néfaste pour une femme enceinte?

pourquoi je me posais la question? pourquoi j'avais même pris la peine de voler ses choses avec elle?
je ne savais pas.

« Je vais pas dormir dehors. J'ai un bébé dans le ventre » rajoute-t-elle et ce commentaire ne me plut guère.
elle agissait comme une enfant gâtée.

je soupire, me retournant de nouveau, continuant à marcher vers l'avant.
elle me suivit.

« Je croyais que t'en avais rien à faire de tuer ce bébé » marmonnais-je et mes paroles furent saluées par une douleur perçante à l'oreille.
elle m'avait frappé.

« Sale conne! » m'exclamais-je et elle me frappe une seconde fois à l'épaule, encore plus fort que la première fois.
et je me laissa faire.

« Enculé! » crie-t-elle et je recule d'un pas, surpris par le volume de sa voix.
m'étonnerait pas que les voisins l'aient entendu s'époumoner sur moi.

d'ailleurs, est-ce que je l'avais offensé autant que ça? quels mots avais-je dit qui l'avaient tant énervé?
ce bébé? tuer? rien à faire?
elle était tant fragile, avait l'air si nonchalante mais s'énervait et se plaignait à chaque petit obstacle qui se dressait sur la route sinueuse qu'était sa vie.

j'ouvre la bouche, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle marchait déjà vers l'avant, tournant à l'intersection de deux bâtiments sûrement abandonnés.

je l'avais définitivement offensé.
pourquoi?
je l'ignorais.
cette folle était cinglée.

je me retourne.
on dirait bien qu'elle y va de son côté, j'ai qu'à reprendre le mien.

je finis par m'arrêter après quelques pas. je n'arrivais pas à m'avancer encore plus. mon corps refusait de bouger.
et le froid ou le sentiment de vide que je ressentais n'étaient en aucun cas les causes de cet arrêt.

« Connasse » marmonnais-je, frappant mon poing sur la façade de briques d'une maison.

le sang coulait le long de mes jointures, mais je n'en avais rien à faire.
rien ne semblait avoir de l'importance à ce moment précis.

𝐈'𝐌 𝐏𝐑𝐄𝐆𝐍𝐀𝐍𝐓 | 𝘮𝘪𝘯.𝘺Où les histoires vivent. Découvrez maintenant