chapitre 4

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« Ça m'a pris une heure pour te retrouver »















elle lève la tête, me regarde et finit par la reposer sur la table.
elle n'en avait rien à faire.

je regarde autour de moi.
nous étions de retour à case un.
au sens littéraire.

nous étions de nouveau dans ce fast-food infect, exactement comme hier.
je regarde l'horloge. ses aiguilles indiquaient que nous avions dépassé minuit depuis une bonne heure.

je reste debout à côté de sa table.
c'était étrange de se dire que cette fois-ci, c'était elle qui me méprisait et qui me dévisageait méchamment du regard.
cette situation pourrait carrément être drôle.

je soupire, m'assoyant sur le banc en avant d'elle, une table usée et sale nous séparant.

son sac était sur son dos, son skateboard était appuyé sur la façade de la table, elle avait la tête couchée sur cette dernière, les yeux fermés.

« J'vais dormir ici » me dit-elle et mes lèvres s'étirent en un petit sourire.

j'avais l'habitude de faire ça.
aucun domicile, trop jeune pour être considéré comme adulte et responsable, apeuré par l'idée de se faire capturer par les services sociaux, je dormais ici, dans des restaurants misérables ouverts 24h/24h.

« Si tu veux » marmonnais-je et elle relève la tête vers moi, une moue incrédule au visage.

« Yoongi, t'as pas une maison? » me demande-t-elle et je la regarde.

« Non, j'ai pas ça » répondis-je et elle soupire. « Et toi? »

« j'vis avec ma petite sœur » me dit-elle et je fronce des sourcils.

elle avait une maison, mais elle suivait quelqu'un qui ne possède rien qui pourrait être comparé à un domicile.

« Tes parents? »

« Sous terre » j'esquisse un sourire devant l'ironie.

« C'est pas drôle »

« Je sais, pardonne moi » répondis-je, échangeant mon sourire par une expression neutre.

« Où est mon argent? » me demande-t-elle et je vis que le langage formel n'avait aucune raison d'être pour elle.
elle me parlait comme si on se connaissait depuis toujours.

« Je vais m'le procurer demain » marmonnais-je, posant ma tête sur la banquette usée brune en arrière de moi.

« Bonne nuit » murmure-t-elle et je ferme mes yeux en guise de réponse.






Nous fûmes réveillés le lendemain par l'arrivée bruyante de clients matinaux ainsi que de la radio du fast-food projetant les nouvelles de la veille.

Quelqu'un frappe sur notre table et je sursaute, arraché de mon sommeil de façon brusque et violente.

Une femme ayant une serpillère dans les mains se tenait à notre gauche, une expression mi-compatissante, mi-irritée au visage

𝐈'𝐌 𝐏𝐑𝐄𝐆𝐍𝐀𝐍𝐓 | 𝘮𝘪𝘯.𝘺Où les histoires vivent. Découvrez maintenant