Quand je rentre dans l'appartement, mes narines frémissent tout de suite sous l'odeur très spéciale de Marie-Jeanne. Ça met tout de suite dans l'ambiance. Vincent me guide jusqu'au salon où se trouvent les deux autres gars qui vont partager mon quotidien. Ils disputent une partie très sérieuse de Call Of Duty, pétard au bout des lèvres et casques audio sur les oreilles.
- "Les gars, Therion est arrivé, si vous pouviez lâcher la console deux secondes..."
Leur réponse ? Un râle, avant qu'un cri perçant ne retentisse :
-"A DROITE ! A DROIIIITE !"
Explosion de doigts qui maltraitent les boutons et spectaculaire jeté de manettes sur la table basse alors que les deux se mettent à s'insulter sans ménagement, semblant s'être fait tuer tout les deux à l'écran.
-"Quand j'te dis à droite, tu vises à gauche toi ?! T'es vraiment un blaireau putain..."
-"Parles pour toi, du con. T'étais censé rester à couvert !"
Vincent me jette un regard un peu désespéré et hausse les épaules :
-"Eh bien j'te présente Benjamin et Thomas, ils sont frangins... Bordel les mecs vous m'y obligez."
Il soupire et assez rapidement, s'empare de la télécommande de la télé pour l'éteindre. Bien sûr, leur réaction équivaut à un urticaire assez violent pour les deux frères qui retirent immédiatement leurs casques pour fusiller Vincent du regard, toujours sans me voir. Comme si je n'existais pas ou presque :
-"Mais t'es sérieux toi ? Qu'est-ce que tu fous ?"
-"Therion est là... J'sais pas, vous pourriez au moins faire semblant d'être bien élevés et l'accueillir à la cool, comme on sait faire ?"
Celui qui semble être le plus jeune m'offre un grand sourire et se met à ricaner, gardant son casque autour du cou et se levant pour venir m'offrir une poignée de main énergique :
-" Salut, moi c'est Thomas. Mais tu peut m'appeler Tom..."
-"Ou connard, ça marche aussi."
Son frangin le coupe et se lève à son tour pour serrer ma main, avant d'aller se rassoir, déposant son joint éteint dans le cendrier déjà débordant d'autres mégots. Ils se ressemblent, globalement. Cheveux blonds, un peu en bataille. Yeux clairs et visages longs et minces. Benjamin, l'aîné, a choisi de laisser pousser sa tignasse ce qui lui donne un petit air à Kurt Cobain. Concernant les fringues, des t-shirts longs et larges, des jeans, des baskets. Un style simple mais efficace.
Tom ne s'est pas vexé à la remarque de son frère. Il s'est contenté de lever les yeux au ciel et de sourire, tout en répondant :
-"Il aura le temps de se faire sa propre idée concernant qui est le plus connard de nous deux."
Vincent soupire à nouveau. Ça ne doit pas être simple de les supporter tous les jours, ces deux là... Mais ils ont l'air amusant, malgré tout. Puis, il paraît que dans une fratrie, ça se passe toujours un peu comme ça.
-"Donc voilà, fais comme chez toi, Therion. Ta piaule c'est celle là."
Il me montre une porte fermée, tout au bout d'un petit couloir étroit où s'alignent quatre autres portes. Sûrement leurs chambres et une salle de bain. Enfin, j'imagine.
-"J'te laisse aller poser tes affaires, si tu veux. On a prévu un petit apéro vers sept heures, histoire de faire connaissance et de t'expliquer comment on fonctionne."
-"C'est bon, Vince. Lâche-le un peu, il est grand."
Benjamin me regarde et en revient à la télé et à sa manette, avant de rallumer son pétard et de filer un coup de coude à son frère :
-"Allez Tommy on s'y remet. Et essaie de mieux viser c'te fois-ci. Sauf si t'as besoin que j't'apprenne ta gauche et ta droite ? Nan ?"
Et les revoilà repartis à se vanner dans un concert d'insultes, Vincent me faisant un petit sourire et un signe de tête qui signifie que je peux aller découvrir mes quartiers.
Quand j'entre dans ma chambre, je découvre quelques mètres carrés aux murs blancs, un lit deux places dans un coin, un dressing qui mange beaucoup de place et un petit bureau qui trône sous l'unique fenêtre de la pièce. Je dépose ma valise sur le lit, choisissant de ne pas l'ouvrir pour le moment. Je m'avance ensuite vers la fenêtre pour observer la vue : le bâtiment d'en face. Du béton. Rien de folichon, mais c'est ça, la ville. Je m'y attendais. Ma pauvre mère étoufferait ici, c'est sûr et certain.
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Lunae Vocatio (provisoire)
Roman d'amour(Et si pour une fois, on racontait la romance d'un regard masculin ? Si pour une fois, le sentimental n'était pas exprimé que par une femme ? Des tas de récits nous énumèrent les peines de coeurs et tourments amoureux du point de vue féminin, comme...