Amours et amitiés

Chapitre 1

Cela faisait bientôt cinq mois que les cours avaient repris. Les vacances de Noël touchaient à leur fin et les cours reprendraient dans quelques jours. Andréa était en terminale avec Lucas, son meilleur ami, ils étaient inséparables depuis la maternelle. Physiquement opposés, alors qu'Andréa était petite, brune avec des yeux noisette en amande, Lucas était blond, élancé avec des grands yeux bleus expressifs. Leurs parents étaient devenus amis au fil des années et passaient de nombreuses soirées et vacances ensemble. Elle était allongée sur son lit et se repassait pour la millième fois ce qui c'était produit l'été dernier, tout en écrivant dans son journal intime, et en écoutant le dernier album de Rose.

C'était un jour d'été, fin juin, les vacances débutées tout juste et le lycée avait fermé ses portes. Nous ne le reverrions pas pendant au moins deux mois, deux mois de liberté, le bonheur ! A cette occasion, Lucas avait organisé une soirée pour fêter la fin des cours et célébrer les premières épreuves du bac que nous avions plus ou moins réussies. Pendant que je l'aidais à préparer la fête, installer quelques guirlandes lumineuses, les boissons et la nourriture, je commençais à être anxieuse. J'avais décidé de me lancer et de dire à Alex qu'il me plaisait sans savoir si c'était réciproque. J'avais enfilé ma plus jolie robe, la rouge avec mes sandales dorées. Je m'étais coiffée et maquillée légèrement, tous ces artifices me donnaient du courage et davantage d'assurance. Jamais je n'oublierai cette soirée, ce baiser, le premier qui ait réellement compté depuis que j'avais commencé à sortir avec des garçons et des filles. Nous étions tous en train de danser sur le dernier hit du moment, mais je n'avais d'yeux que pour lui, il me regardait aussi, nous nous rapprochions doucement, nous ne pouvions être plus proche. Je ne sais plus qui de nous deux à esquisser le dernier pas avant que nos lèvres se rejoignent pour former le plus parfait des baisers. Plus rien n'existait autour, il n'y avait que lui et moi. J'étais dans ma bulle, j'avais l'impression de rêver, c'était encore mieux que tout ce que j'avais pu imaginer. Notre histoire a duré trois mois durant lesquels je suis tombée éperdument amoureuse, pour la première fois de ma vie, du haut de mes 17 ans. Il a rompu quelques jours après que je lui ai dit ces trois mots qui ont tout changé. Il ne m'a pas rendu mon « je t'aime » et m'a quitté. Nous faisons partis de la même bande, alors même si nous nous sommes évités autant que possible ça n'a pas été évident. Ce jour-là, j'ai cru mourir, littéralement, je n'arrivais plus à respirer, à manger, à dormir. Je ne pensais qu'à lui, encore et encore, n'arrivant pas à comprendre pourquoi. Pourquoi n'étais-je pas assez bien ? Pourquoi n'était-il pas tombé amoureux ?

Cinq mois ont passé et la douleur est toujours là, je donne le change, j'arrive à peu près à faire ce qu'il faut, mais j'ai toujours l'impression d'être en mode automatique. J'ai bien quelques moments de joie grâce à Lucas, surtout, ou ma grande sœur, les deux seules personnes à qui je me suis confiée sur ma souffrance. Je n'admets toujours pas que l'on puisse souffrir autant à cause de quelqu'un. Je me sens si vide.

Andréa referma brusquement son journal et le rangea sous son lit, changea de chansons afin de penser à autre chose, elle se mit alors à danser pour exorciser ses sentiments. La musique était l'un de ses échappatoires avec le cinéma. Andréa était seule, ses parents travaillaient et sa sœur Julia qui avait fêté les 20 ans de sa meilleure amie, passait quelques jours chez elle. Elle n'avait aucune envie de rester à se morfondre, et décida alors d'envoyer un message à Lucas :

- Hey ! On fait un truc cette aprem ?

- Coucou. Toujours partant ! Qu'est-ce que tu proposes ?

- Un tour en ville, un ciné ? N'importe quoi pourvu que je ne reste pas seule !

- Parfait, rendez-vous chez moi dans 30 minutes.

- Impecc, à toute, bisous !

Andréa se prépara rapidement, une douche chaude lui fit du bien, elle enfila un jean, un pull et une petite veste. Elle remerciait chaque jour la terre d'habiter dans une région où il faisait doux en hiver. Puis elle fila rejoindre Lucas qui habitait à trois rues d'ici.

Elle sonna, entra avant même que celui-ci ne lui ouvre la porte, et le rejoignit dans sa chambre.

- Je suis là !

- Parfait ! J'ai proposé aux autres de se joindre à nous.

- Oh... Alex sera là aussi ?

- Oui, Mike et Jen aussi. Ils sont en chemin.

- D'accord

- Je suis dé...

Andréa s'éloigna rapidement et partit se réfugier dans la salle de bain. Elle se regarda dans le miroir et tenta de calmer sa respiration, depuis leur rupture, le groupe passait moins de temps ensemble, elle savait que Lucas cherchait à la protéger. Des larmes roulèrent sur ses joues, elle les chassa d'un geste rageur. Reprends-toi, ça fait cinq mois !

Elle entendit Lucas s'excuser derrière la porte.

- Andréa, je suis désolée, je pensais que ça serait sympa qu'on soit tous réunis avant le 31 comme d'habitude. Je suis un idiot !

Elle ouvrit la porte, en essayant de retenir ses larmes, elle s'en voulait de ne pas réussir à aller de l'avant, depuis leur entrée au lycée, tous les cinq avaient l'habitude de se réunir, le 26 décembre, pour un « Secret Santa » autour d'une boisson chaude et d'un bon gâteau dans leur salon de thé préféré.

- Je suis désolée, je sais que c'est de ma faute si on ne fait plus grand-chose tous ensemble depuis la rupture... Je t'ai dit que ça allait mieux, il y a quelques temps, mais c'est toujours difficile de le voir et de faire comme si tout allait bien. Je suis ridicule.

Lucas prit Andréa dans ses bras et essaya de la consoler comme cela arrivait souvent depuis plusieurs mois.

- Tu n'es pas ridicule, tu fais au mieux, on ne contrôle pas toujours ses sentiments. Je n'aurai pas dû appeler Alex.

- Il ne mérite pas d'être exclu de notre groupe, il n'a rien fait de mal.

- Peut-être, mais tu es ma meilleure amie et même si lui aussi, tu passes en priorité, tu étais là avant, répondit-il en lui faisant un clin d'oeil.

Andréa se recula, les yeux rougis par les larmes, regarda Lucas dans les yeux

- Merci d'être toujours là. Il faut que la vie continue, on était une bande soudée, je ne veux pas gâcher ça. Ça ira, je te le promets.

La sonnette retentit, ce qui les fit sursauter et ils se mirent à rire de bon cœur. Ils ouvrirent à leurs amis. Andréa fuyait le regard d'Alex, l'ambiance lorsqu'ils se saluèrent été étrange. Tous deux ne savaient toujours pas comment se comporter lorsqu'ils se voyaient.