Chapitre 21

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Tristan peina à ouvrir les yeux. Il avait soudainement très froid. Il n'eut pas le souvenir qu'il faisait aussi froid à Heksen. Il ouvrit entièrement ses persiennes. Le paysage était encore flou. Il sentit un froid glacial sur le bout de son nez. Il prit appuie sur le sol. Enneigé ? Il ne rêvait pas. Il neigeait ! un vent glacial souffla. Il eut des frissons dans tout le corps.

- Hé ho ! apela-t-il.

Il se maintint la tête. Il avait fort mal au crâne. Il se souvint du tourbillon, du piège du manoir avec Andrew. Il chercha au loin son ami sur la grande montagne blanche. Il aperçut au loin plusieurs ombres au sol. Il s'approcha vivement mais avec difficulté. Plusieurs corps s'étalaient face à lui ! Il reconnut directement le corps de sa sœur. Ses longs cheveux châtains s'affalaient dans la neige épaisse. Du sang filait sur le manteau blanc de ce sol inconnu. Il secoua délicatement Blanche. Cette dernière respira d'un coup et se réveilla en sursaut. Plus loin, Tristan distingua l'épée d'Andrew brillante.

- Il y a quelqu'un ? demanda-t-il encore plus fort que la première fois.

- Tristan !

Le jeune homme reconnut Andrew qui accourait vers eux les mains ballantes avec la charge de son épée. Il peinait à marcher avec toute cette neige. Andrew prit directement Blanche dans ses bras, ignorant Tristan. Il était si heureux de ne pas l'avoir perdu.

- Tu vas bien ? demanda-t-il inquiet à la vue de sa blessure ouverte.

- J'ai connu mieux, murmura-t-elle.

Elle n'arrivait pas à le regarder en face. Elle lui devait la vérité. Mais pour le moment, elle ne comprenait pas comment elle avait pu atterrir ici. Elle était avec Corbyn. Elle avait humé son parfum si doux et masculin.

- J'ai vu Corbyn, avoua-t-elle aux deux garçons dans un sanglot.

Les larmes lui montèrent instinctivement. Ses joues furent gelées par la froideur du vent.

- Comment ça ? s'exclama son frère en la prenant par le bras pour l'aider à se relever.

Andrew ne prit pas la peine de répondre. Blanche savait que cela le touchait au vif.

- C'était étrange, il était là, je l'ai vu et ensuite, ...

- Plus rien, finit Andrew en soupirant, nous avons connu la même chose.

- Ah oui ? Mais comment ?

- C'est un piège ! s'exclama Tristan. C'est un vrai bordel. Où nous sommes encore ?

Il fit les cent pas dans la neige. Sa sœur et Andrew regardèrent aux alentours également. Blanche se concentra pendant quelques secondes sur l'horizon. Elle ferma les yeux pour tenter de couvrir les bruits du vent. Elle crut enfin percevoir un petit sifflement.

- Vous entendez ? interrogea-t-elle en secouant l'épaule d'Andrew.

Elle venait d'entendre le son d'une voix féminine au loin. Le son était étouffé par le vent sifflotant.

- C'est Brittany ! répondit Andrew en tendant un peu plus l'oreille vers le nord.

Il comprit que la jeune fille s'était retrouvée ici. Les trois amis se mirent en quête d'aller la retrouver. Ils traversèrent une immense montée de neige avant d'arriver au sommet d'une colline, sûrement. La voix de Brittany se faisait de plus en plus proche. Tristan entama une petite course pour prendre de l'avance. Il trébucha de justesse sur un rocher. Un fossé lui fit face. Andrew et Blanche s'approchèrent.

D'un coup, la neige et le vent s'arrêtèrent. Blanche, malgré la douleur, pencha la tête dans le vide. Effectivement, Brittany était là coincée de ce fossé. Elle était assise, la tête entre les jambes, tremblotante.

- Comment tu t'es retrouvée là ? questionna Tristan pour l'interpeller.

- Oh mon dieu ! merci ! vous êtes là ! dit-elle avec soulagement.

- Comment tu te sens ? répliqua Blanche.

- Sortez-moi déjà de là, après j'irai mieux, cingla la blonde.

Blanche reconnut la vraie Brittany. Un vrai boute-en-train.

Andrew s'exécuta et attrapa la main de Brittany. Elle s'aplatit sur le sol enneigé comme une crêpe pour se remettre debout. Elle examina tour à tour ses camarades.

- Avant toute chose, je suis vraiment désolée pour tout ce que j'ai pu dire ou faire, dit-elle tristement.

- Ne t'inquiète pas, intervint Blanche, c'est oublié.

Elle leva sa main en sang pour lui signifier que tout allait bien.

Brittany remarqua sa blessure et prit son Crystal blanc. Elle le mit à la hauteur de la blessure de Blanche et ferma les yeux. Le Crystal émit sa lumière habituelle. Blanche sentit une vague de chaleur l'envahir mais plus aucune douleur. Elle regarda au bout de cinq secondes sa hanche blessée. Il n'y avait plus rien.

- Merci, dit-elle en souriant.

Elle trouvait cela très impressionnant mais elle aurait préféré que Brittany s'en serve plus tôt de ce pouvoir de régénération.

- Comment tu es arrivée ici ? dit Blanche pour en revenir à cet endroit improbable.

- J'ai l'impression d'être ici depuis des lustres, renchérit Brittany, j'ai cru voir Catalina et je me suis évanouie.

- Je comprends ! s'exclama Tristan.

Il entama des cents pas en se tenant les mains derrière le dos pour penser.

- Nous avons dû tous avoir une illusion d'une personne ou de quelque chose qui nous attire pour nous emmener ici.

- Alors pourquoi Catalina n'est-elle pas avec nous ? s'inquiéta Blanche en pensant à son amie qui lui manquait tant.

- Je n'ai pas encore cette réponse, répliqua son frère en se grattant la tête.

- Tu sais où on est ? continua Andrew en se tournant vers Brittany.

Cette dernière ne répondit rien. Elle fit quelques pas comme si elle analysait les lieux. Elle semblait pensive et inquiète.

- J'ai bien peur de le savoir, répondit-elle enfin.

- Tu sais comment on sort d'ici ? demanda Tristan.

- Où est-ce qu'on est ? continua sa sœur impatiente de le savoir.

Les jumeaux n'étaient plus tant à l'aise avec leur mission. Tout se compliquait à chaque moment. Comment pouvaient-ils arriver au bout ?

Soudain, un applaudissement de main se fit retentir.

Blanche tenta de comprendre d'où venait ce tapage.

Un autre applaudissement se fit entendre.

Puis un autre.

Un autre.

Un autre.

Un autre.

De tous les côtés de cet endroit.

Tristan tourna son regard vers l'ouest et distingua, au loin, une silhouette qui s'approchait d'eux. Une silhouette à l'aspect très humain. Le vent se remit à souffler. La neige recommençait à tomber. Les quatre jeunes se cachèrent les yeux à moitié pour ne pas recevoir toute cette glace en plein visage. La silhouette marchait de plus en vite. Elle n'était plus qu'à quelques mètres. De nouveau, le vent et la neige arrêtèrent de souffler et de tomber. D'autres silhouettes immenses apparurent au loin. Comme si cette première forme de vie était leur chef. Tristan comprit qu'ils allaient se faire attaquer.

Cependant, les autres ombres ne bougèrent pas d'un pouce. Le dénommé chef des silhouettes fut à présent à quelques centaines de mètres du petit groupe.

- Je n'arrive pas à y croire, c'est bien vous, dit la silhouette.  

A l'Aube du Destin Livre I: La Naissance des GlorieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant