Ma dernière chance de vivre

Le passé

Je m'avance vers cette porte sombre. Je laisse la lumière derrière moi. Mon heure n'est pas venue. Je pose la main sur la poignée et ferme les yeux. J'entends une voix me parler.
Veux tu vraiment retourner là bas ?
Oui.
Avant de prendre ta décision regarde un peu ton passé. Regarde la lumière.
Je me retourne. En espérant toute fois que c'est la dernier fois que j'aurais à le faire. La lumière s'intensifie jusqu'à m'entourer. Je mets ma main devant mes yeux. Lorsque je les rouvres, je suis chez moi. Ou plutôt dans mon ancien chez moi. Je comprends que je suis de retour dans mon enfance. Je me vois âgée de huit ans regardant ma mère cuisinait. Ses longs cheveux blonds sont retenus par une queue de cheval. Elle pétrit de la pâte. Je dessine avec des crayons de couleur. Ce souvenir est le mien, cela ne fait aucun doute. Pourtant il me semble si ancien, et si nouveau. Mon grand frère entre dans la pièce il devait avoir quatorze ans. Il s'assoit à côté de moi et me chatouille. Je ris aux éclats. Et lui demande d'arrêter.
- Que dessines tu ma petite Béa ?
Alec était le seul à m'appeler ainsi. Je me tourne vers lui et brandit ma feuille.
- Nous. Regarde ! Là c'est toi, maman, papa et moi !
- C'est joli.
- C'est pour toi. Pour pas que tu oublies que l'on est une famille.
- Mais jamais je n'oublierais ça. On sera toujours une famille. Et toi tu seras toujours ma petite soeur préférée !
- Mais je suis ta seule petite soeur Alec.
- La seule et l'unique. Celle que j'adore.
Il m'embrasse sur le front et pars aider ma mère à faire la cuisine. Le décor s'estompe et laisse place à un parc. Je regarde autour de moi, et reconnais rapidement les lieux. Le cimetière. L'épisode se passe durant la même période. Je suis agenouillé à côté de ma mère devant une tombe. Celle de ma grand mère. Maman dépose un bouquet de fleurs et pleurs sans bruits. Je la fixe étonnée.
- Pourquoi tu pleures Maman ?
- Oh ma chérie, c'est de savoir ta grand mère ailleurs qui me fait pleurer...
- Mais Maman. Où est grand mère ?
- Elle est partie. Au ciel.
- Pourquoi ? Elle n'était pas bien avec nous ?
- Si ma puce. Seulement tout le monde doit partir au ciel et c'était l'heure du grand voyage pour elle.
- Papa dit que au ciel, il fait beau et que c'est un lieu reposant.
- Ton Papa a raison Béatrice.
- Alors pourquoi tu pleures ? Elle est heureuse là bas.
- Oui et c'est tout ce qui compte. Je pleures car je ne reverrais pas ta grand mère avant longtemps.
L'image s'efface. Je suis dans le salon avec mon père.
- Papa, on est allé au cimetière et Maman m'a dit que Mamie était partie très loin.
- On appelle ça la mort.
- La mort ? Je croyais que c'était le ciel.
- Maman ne voulait pas t'expliquer.
- Pourquoi ?
- Parce que tu es trop jeune. Mais il ne faut pas avoir peur de connaître alors je vais te dire ce que c'est la mort.
Il me fait monter sur ses genoux et reprends.
- Arrive un moment où tu deviens très fatiguée et vieille. Tu fermes les yeux et tu dors. Tu ne te réveilles pas et c'est fini. Si tu as été une gentille petite fille tu iras au ciel.
- Moi aussi je vais mourir ?
- Tout le monde meurt Béatrice. Mais tu es trop jeune. Tu as toute la vie devant toi.
- Tu vas mourir.
- Un jour oui je mourrerait.
- Tu me laisseras toute seule ?
- Jamais ma belle. Je serais toujours là. Avec toi et dans ton coeur.
Le noir se fait et la porte resurgit devant moi. J'ai les larmes aux yeux et la folle envie de revenir en arrière. De retrouver ma famille.
Il n'est pas trop tard.
Je me ressasse les paroles de James.
- Bats toi Tris me disait-il.
Quand je lui avais demandé pourquoi il m'avait répondu pour que je devais me battre pour lui et pour nous deux. Si je passe dans la lumière, je ne le fais que pour moi. Je retrouverai ma famille. J'ai beaucoup attendu la mort. Et je l'attendrais encore. Je ne peux pas revenir en arrière. Ma famille est morte mais le monde des vivants me réservent bien des surprises. J'appuie sur la poignée et franchis cette porte qui m'éloigne de la vie. Je sens que rien ne m'empêchera d'avancer. Ni de vivre. Ou même d'aimer.