La musique résonne dans mes écouteurs pendant que j'attend le bus, comme tous les soirs.
Je monte le son pour couvrir les cris et rires du groupe de collégiens près de moi. Il y a beaucoup de monde à l'arrêt.
Il y a toujours beaucoup de monde à 18 heures, c'est un enfer. Je déteste être serrée et entassée dans les bus. Si je pouvais l'éviter, je sauterai sur l'occasion. En attendant, je n'ai toujours pas mon permis et je veux rentrer chez moi, et le bus était la meilleure option, je n'ai pas trop le choix.En parlant du loup, le voici qui arrive, ses phares m'éblouissent dans la nuit qui commence à tomber.
Je m'avance et par chance le bus ouvre ses portes juste devant moi.
Je m'engouffre dedans et l'atmosphère humide et transpirante m'enveloppe et m' assaille les narines.
Je valide ma carte et me cale dans un coin, toutes les places assises étant évidemment prises.
Le moteur gronde et l'engin redémarre.N'ayant rien de mieux à faire, je regarde dehors les immeubles, maisons, boutiques et places défiler sous mon regard.
Les bâtiments deviennent plus flous au fur et à mesure que le bus accélère.
Le paysage urbain se transforme peu à peu en un tourbillon de gris et de noir, régulièrement agrémenté d'une touche de lumière orangée apportée par des lampadaires. Bercée par ma musique, je laisse mes yeux se fermer.Soudain le bus freine d'un coup, ouvre ses portes et l'air froid de dehors me fait frissonner et ouvrir les yeux. Apparemment je peux dire adieu à ma petite sieste. Les passagers entrent, accompagnés des bip bip bip de validation de leurs titres de transports.
Génial on va être encore plus entassés.
Je me pousse pour laisser de la place aux nouveaux arrivants puis me replonge dans mes pensées, laissant mes yeux se balader un peu partout, sur les autres passages et dehors.Mon regard croise celui du garçon en face de moi, un type d'environ mon âge plutôt grand et vêtu d'un sweet noir oversized dont il a rabattu la capuche sur sa tête. Les yeux du seigneur Sith se détournent pour balayer le reste du bus de son regard acéré et je fais de même.
J'aime pas les eyes contact, c'est toujours gênant.Les passagers autour de moi lèvent le bras pour se tenir à la barre du plafond, et étant de petite taille, mon visage - dont mon nez - est à la hauteur de leurs charmantes aisselles. Je plisse le nez et tourne la tête vers la fenêtre qui m'offre une vue plus sympathique. Du coin de l'œil je vois le Sith esquisser un sourire à la vue de la situation dérangeante.
Je le fusille du regard et retourne à la contemplation du paysage, me détendant sur l'air de ma musique et je referme les yeux.Je les rouvres quelques minutes plus tard pour voir ou en est le bus et je tombe sur le regard du type au sweet noir. Ses yeux sont vissés aux miens. Il me regarde depuis un petit bout de temps visiblement. Au moins il ne regarde que mes yeux et pas le reste de mon corps,comme un gros pervers.
N'empêche,je me sens légèrement embarrassée.Je fronce les yeux et le force à détourner le regard. Mais il n'en a apparemment pas l'intention. Au contraire, il rentre dans mon jeu et m'emprisonne dans son regard.
Il veut jouer? Pas de problème.
Maintenant il est hors de question d'abandonner. Il en va de mon honneur.
Prise d'un soudain élan de courage, je plonge mon regard noisette dans le sien, le regardant fixement pour lui faire bien comprendre que ce n'est certainement pas moi qui vais déclarer forfait. Il hausse un sourcil et un petit sourire légèrement moqueur apparaît sur son visage. Ses yeux ne bougent pas d'un millimètre.Ses pupilles semblent très foncées, presque noir sous sa capuche.
Mais en le détaillant, son regard est en fait un tourbillon gris acier, agrémenté de quelques gouttes de bleu glacier.
Je sens qu'il fait de même.
Son regard fouille le mien, balaie mes pupilles chocolat et s'attarde sur les paillettes d'or qu' il contient.
Il me regarde fixement, sans cligner des yeux dans l'espoir de me mettre mal à l'aise et de me faire regarder ailleurs. Ce que j'aurai fait sans aucun doute si ce jeu - et ce regard n'étais pas aussi captivant.Son sourire disparaît peu à peu de son visage et il me fixe à présent intensément. Comme s' il voulait accéder à mon âme à travers le portail de mes yeux. Je me pétrifie et, étonnamment, le laisse faire. Je plante à mon tour mon regard dans le sien. Je ne suis plus consciente du monde qui m'entoure, perdue dans l'univers de ses pupilles.
La tension entre nous est palpable.
Je suis comme hypnotisée.
Je n'ose pas détourner le regard de peur de briser ce lien inexplicablement intense. Je n'ai aucune envie de sortir de cette bulle que nous avons créée.Je me perd dans son regard, admire chaque éclat de glace bleue pure. Je m'évade sous le ciel orageux de ses pupilles, danse avec les tornades de nuages gris, de vent vivifiant, de pluie et de glace.
Ces yeux qui me paraissaient si sombres et menacent la première fois que je les ai croisés sont en fait un magnifique tableau hivernal que je pourrai contempler pendant des heures. Ce que j'ai l'impression de faire.
Je sens son attitude changer légèrement. Son regard se fait plus calme, plus doux, et plus profond. La tempête qui rugit au fond de ses yeux semble s'être calmée et a laissé place à un ciel montagnard gris, brumeux, qui laisse s'échapper quelques flocons voltigent paisiblement au gré du vent. Le temps semble s'être figé. Mais ce calme apparent fait encore plus monter la tension entre nous. Ses yeux gris sont comme des aimants qui m'attirent automatiquement et m'empêchent de le quitter des yeux, même si je le voulais.Le bus freine brutalement, me faisant perdre le contact de ses yeux et brisant l'instant magnifique qui nous retenait immobiles par son intensité.
Constat numéro 1, le bus est presque entièrement vide et je ne m'en étais même pas aperçue.
Constat numéro 2, on est presque à mon arrêt.
Constat numéro 3, le délicat freinage nous a fait perdre l'équilibre et je suis à moitié tombée sur le seigneur Sith.En prenant conscience de la situation, je me redresse brusquement, un peu perdue et déstabilisée, et m'éloigne précipitamment de son torse - foutrement bien musclé soit dit en passant.
Bien que ça ne soit pas désagréable, je me sens tout d'un coup très gênée. La secousse du bus ayant fait tomber sa capuche, je peux voir son visage dans son entièreté.
Grand dieux! Je n'ai pas l'habitude de tomber sur des canon pareil!
En plus d'être bien foutu, il a un visage plutôt agréable à regarder, mis en valeur par ses mystérieux yeux gris.
Mes joues deviennent écarlates et je bafouille:
- Désolé. Merci de m'avoir rattrapée.
- Pas de problème.
Sa voix grave, en accord avec ses yeux orageux, me fait frissonner.
Après avoir fixé cet inconnu aussi longtemps pour... Pourquoi d'ailleurs? Je ne m'en souviens plus. Toujours est-il que ça n'est pas dans mes habitudes de fixer les gens comme ça, moi qui suis d'habitude assez discrète.
Maintenant que je suis revenue à la réalité, j'évite son regard, le visage plus rouge que jamais.
Il se pencha vers mon oreille et reprit:
- J'aime bien tes yeux.
Je sourit en entendant le compliment.
- J'aime bien les tiens aussi.
Il me retourne un petit sourire en coin, puis je me détourne et descend du bus.
Je marche sur quelques mètres, me retourne et voit le bus tourner à l'angle de la rue.
Mon sourire s'élargit en repensant à ce trajet riche en émotions.J'espère que je le reverrai demain.
***
Voilà voilà, c'était mon premier petit OS publié, j'espère que vous avez apprécié😉Un énorme merci à _Sylverthorn_ la best des best qui m'a aidé à trouver la musique et m'a beaucoup aidée et conseillée! Bref t'est la meilleure continue comme ça(d'ailleurs allez lire son OS Fall il es incroyable, super bien écrit et émouvant)
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Eye contact - one shot
Roman d'amourEye contact: établir une connexion particulière avec une autre personne uniquement par le regard. On dit souvent « tout est dans le regard ». Et c'est vrai. Un regard en dit long sur une personne. On dit également que les yeux sont le miroir de l'â...