- Hein ?"
Je suis choquée, ébahie par ce que je viens d'apprendre. Je ne comprends pas. "Elle est vraiment sérieuse ou elle se fiche de moi ?" J'ai du mal à respirer, je tremble mais tremble tellement que j'ai l'impression que je vais m'évanouir à tout moment. Ma chaise semble disparaitre petit à petit et s'enfoncer dans le sol. La pièce tourne de plus en plus. Maddison Parker doit bien l'avoir vu puisqu'elle me regarde avec un air inquiet.
"- Ouh la la Ophélie, tout va bien ? Tu es très pâle. Ne bouge pas...Attends."
Elle se lève précipitamment et part me chercher quelque chose. Peu de temps après, elle revient vers moi avec un verre d'eau et moi le tend. Je ne pense même pas à me méfier du contenu je l'avale directement, j'en avais bien besoin. Suite à cela, je reprends mon souffle doucement et tente de me contrôler. Je parviens enfin au bout d'un long moment, à revenir à la raison et à ne pas paniquer. Presque pas paniquer. Je lève les yeux vers elle et la regarde pour voir si elle s'apprête à rire en me disant que c'était une blague mais le moment n'arrive jamais. Je n'ose plus parler.
"- Je sais ça parait incroyable au début, commence-t-elle en essayant de me comprendre. Mais je peux t'assurer que je suis bien ta mère Ophélie. Tu ne dois plus t'en souvenir et j' ignore ce qui t'a fait perdre la mémoire mais tu peux me faire confiance.
Elle se lance alors dans des explications. Encore secouée pour répondre, je la laisse continuer.
- Ici, nous sommes dans une grande maison. Tu es ici chez toi et n'aie absolument pas peur d'accord trésor ? Quand nous aurons fini tu iras dans ta propre chambre et nous redeviendrons une famille. Enfin nous irons à ton rythme. Cela te convient-il ?
J'ose enfin prendre la parole.
- Une grande maison ?
- Oui, dit-elle chaleureusement, elle s'appelle la "Sweet House". C'est une maison où l'on se respecte et où l'on vit heureux en harmonie.
- Et ma chambre, comment est-elle ?
- C'est vrai tu ne t'en rappelle plus. Euh...dans mes souvenirs assez minimaliste et de taille moyenne, tu n'aimais pas trop la décoration mais regarde... Cela devrait te rafraichir la mémoire."
Elle se lève encore une fois et se dirige vers une porte à droite de son bureau. Suite à ces explications, je n'ose pas trop en demander et ma tête ne le supporterais pas je le sens. Pendant qu'elle part je regarde un peu plus autour de moi et analyse plus attentivement les lieux. "Si je dois un jour quitter cet endroit comment je ferais ?" Cette question , je me la pose tout le temps quand je suis quelque part je ne connais pas enfin c'est ce que j'ai commencé à faire depuis que je suis réveillée.
J'essaie de voir ce qu'il y a dehors à la fenêtre. Il y a un jardin. Des fleurs, des arbres, des haies... Rien ne semble effrayant au dehors. Un oiseau se pose une branche. Une feuille tombe d'un arbre et se pose délicatement sur le sol. C'est calme, bien trop calme. On se croirait dans un documentaire nature.
Soudain je réentends ses pas. Je me retourne vers le bureau et fait comme si je ne passe pas la pièce aux rayons lasers, comme si je l'attendais sagement. Elle arrive avec un truc que je ne reconnais pas mais pas du tout au début. Puis elle se rapproche de moi tout sourire et me le donne. Je le prend dans mes bras et le dévisage. A ma grande surprise, c'est une peluche, un lion, orange, de taille moyenne, au nez un poil usé. "Eh ben t'en as fait du chemin mon pauvre, me dis-je intérieurement" . Cependant, il me dit quelque chose. Je ne me souviens pas de son nom mais décide de le garder dans mes bras comme un enfant. Maddison Parker me sourit.
- Bon après les retrouvailles, que penses-tu si on mangeait un morceau ?
- D'accord, dis-je pour aller dans son sens.
Par la suite, elle appela Paul ou Sam, je ne sais plus et nous fit livrer sous une cloche et sur un plateau de quoi manger. Je mangeais en silence sans trop lui parler en acquiesçant quand elle me parlait et en jetant deux ou trois mots quand elle me demandait des trucs du genre : "Tu aimes ? Dis-moi si tu n'aimes pas ?"J'avais l' impression de redécouvrir le monde.
Après le dîner, elle rappela Paul et lui demanda de me conduire à ma chambre.
- A demain, mon trésor, me dit-elle.
-Oui au revoir.
Je me laissais guider dans les couloirs pendant quelques minutes. A un moment, nous arrivions dans une salle avec un grand escalier en marbre où deux femmes faisaient le ménage. Paul s'arrêta et demanda des précisions sur ma chambre .
- Par ici, et elle a tout sur son lit, lui a répondu une des deux avec des longs cheveux noirs.
Nous la suivons et marchons encore quelques minutes jusqu'à arriver devant une porte.
- 312 ?
-Oui c'est ta chambre.
"Super l'ambiance, on se croirait limite dans un hôpital" Le soldat ouvre la porte. J'avance mon lion toujours dans les bras et tombe sur une pièce. Paul allume la lumière. Simple comme on me l'avait décrite et je ne ressens pas la moindre émotion de déjà-vu. Un lit se trouve au centre, une armoire à sa gauche et une salle de bain avec des WC attenants sur la droite. "Vraiment chambre d'hôpital "pensais-je. Une petite fenêtre,fermée se trouve aussi entre le lit et la salle de bain. J'observe attentivement si elle est à ma taille. "Pour me barrer au cas où". Les murs sont colorés d'un bleu nuit et le sol est recouvert de lino gris clair. J'aperçois un soleil qui orne le mur de gauche près du placard lorsque j'entre.
- Bien."
Je me retourne et regarde la femme qui a parlé. Elle ferme la porte et part. J'entends Paul qui reste sur le pallier. "Super, plus aimable tu meurs !". Trop épuisée pour réfléchir, je pose le doudou sur le lit. Puis, je me dirige prudemment vers la douche et me déshabille en gardant mes sous vêtements. "On ne sait jamais". L'eau est chaude et me rassure légèrement. Après m'être lavée, je prends les vêtements sur l'évier, gris et ternes, et les mets, parfaitement ma taille ce qui suscite de nouvelles questions. Enfin, je me glisse sous les draps et prends mon lion dans les bras et le regarde. Je récapitule ma journée dans ma tête et tente de penser que tout cela n'est qu'un cauchemar de mauvais goût. Je repense aux personnes que j'ai rencontré, Maddison Parker notamment. Rien qu'à y repenser un frisson me traverse. Puis pour me rassurer, je me tourne vers mon lion.
- "Sunny, c'est comme ça que je vais t'appeler"
Et sans plus penser à rien je m'endors.
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Silence
AventuraUne "famille", où tout semble parfait, cache de lourds secrets et une affreuse vérité.