Chapitre 4

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"Ta mère a eue un grave accident. Ta mère a eue un grave accident. Ta mère a eue un grave accident."

La voix de mon père résonnait toujours dans ma tête. Je ne voulais aucunement lui adresser la parole pour le moment, mais je n'eue pas le choix. Il fallait que je saches si ma mère allait s'en sortir. Si elle allait s'en sortir avec des séquelles quelconques.

Je me mis à pleurer bruyamment, étant incapable de retenir la tristesse, la colère et la peur qui me submergeait. À ce moment, Éclipse vint s'asseoir à mes pieds, léchant une de mes mains qui était libre. L'autre était dans la main de mon père.

Malgré tout ce qu'il a pu me faire (même s'il n'a, justement, pas fait grand chose), je me laissais faire. Je n'avais pas la force de le repousser, ni même de lui adresser la parole. La seule chose que je faisais était de flatter la tête velue d'Éclipse. Elle était la seule à pouvoir m'aider. La seule, avec ma mère, en qui j'avais totalement confiance. 

Après quelques minutes ainsi, je décidai de briser la glace.

"Pa... Mark. Est-ce qu'elle va s'en sortir?" dis-je, d'une voix tremblante.

"Les médecins ne savent pas encore. Elle est dans un coma profond." dit Mark, sérieux.

"Est-ce qu'on peut aller la voir... s'il-te-plaît?"

"Oui, bien sûr. Allons-y" dit-il.

À peine quelques minutes plus tard, je fus assise dans une voiture aux côtés de Mark, prête à partir pour l'hôpital. Un stress énorme m'envahit aussitôt. Heureusement, l'hôpital n'est pas bien loin de chez moi. Arrivée à destination, l'infirmière nous assigna un siège et nous demanda d'attendre. Je demandai alors à mon père de prendre mon cellulaire dans mon sac et de composer le numéro de Becca.

Un coup, deux coups, trois coups, quatre coups, cinq coups, aucune réponse.

Au moment ou j'ai le plus besoin d'elle, elle n'est pas là. Je n'ai personne d'autre. Que vais-je faire ? Je voulais absolument parler à quelqu'un pour me changer les idées et me rassurer. Je décidai alors d'appeler...

Nathan.

"Oui ?" répondit Nathan.

"Salut. Pourrais-tu venir à l'hôpital près de chez moi s'il-te-plaît ? C'est urgent." Dis-je en pleurant.

"Qu'est-ce que tu as Éli ? Est-ce que tout va bien ? Est-ce qu'il t'es arrivé quelque chose de grave ? Oh mon dieu, j'arrive tout de suite !"

"Je n'ai rien. Ma mère par contre, elle ne va pas bien. Allez dépêche-toi, j'ai besoin de toi."

Je raccrochai et attendis patiemment qu'il arrive en pleurant toutes les larmes de mon corps. Éclipse se demandais réellement ce qui se passais, ce qui me fit légèrement rire.

Un seul rire au travers un océan de larmes.

J'attendis 5 minutes, puis je demandai l'heure à mon père. 10 minutes que j'attendais. Puis, 15 minutes. Au bout de 20 minutes, Nathan s'assied enfin à côté de moi et entoura mes épaules de son bras. 

"Je suis désolée. J'ai pris beaucoup de temps, mais je suis privé de sortie. Il a fallu que j'attende que mon père dorme pour sortir par la fenêtre" dit-il, visiblement gêné.

"Ce n'est rien" ajoutai-je, encore en train de me vider d'eau salée.

J'avais besoin de réconfort, d'une épaule, mais jamais j'aurais cru que ce réconfort, que cette épaule, aurais été celle de Nathan. Voyant que je n'avais pas encore arrêter de pleurer, il me prit doucement dans ses bras. Notre étreinte me fit tout oublier. Je ne faisait que profiter du moment. Par contre, une autre sorte de tristesse m'envahit. J'étais triste de ne pas le voir. J'aimerais voir son sourire, ses dents, ses yeux, son nez, ses oreilles, ses cheveux. Tous ces petits détails, auxquels personne ne prête attention, j'aimerais les voir. Plus que tout. Je me remis donc à pleurer, cette fois d'une façon moins bruyante, et finis par m'endormir contre le torse de Nathan.

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