En forêt - 2

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-Debout Eren ! On doit repartir.

Le brun grommelle, il voudrait bien dormir encore un peu. Comme il n'a pas l'air de vouloir se réveiller, Livaï prend la boîte de conserve à ses pieds et la lui la lance en pleine tête.

-Aïe ! Pourquoi avez-vous fait ça ? Cri-t-il

-Pour te réveiller. Maintenant on y va, si les autres ne sont pas là, c'est qu'ils ne viendront pas. Il faut qu'on trouve la sortie de cette forêt.

-D'accord, mais vous auriez pu y aller plus doucement, on aurait dit ma mère...

-Pardon ?!

Se faire comparer à sa mère, il lui en mettrait bien une s'il ne devait pas compter sur lui afin de garantir leur survie. Livaï regrimpe sur le dos de son subordonné, cette fois-ci avec moins de douleur, il a eu le temps de s'habituer. Quand il est bien installé Eren reprend sa route.

Seul le vent criant dans les arbres perturbe le silence entre les deux hommes. Les pas rythmés et le son des brindilles qui craquent berce doucement le caporal. Il ferme les yeux, et entre dans un monde à mi-chemin entre le sommeil et la réalité. Le pli de ses sourcils disparaît laissant place à un visage plus détendu.

-Dites caporal...

Mince, lui qui se sentait si bien, pourquoi avait-il fallu qu'on vienne interrompre ce moment. Il finit par répondre au gamin qui lui sert de destrier.

-Vous le pensiez vraiment, ce que vous avez dit ?

-De quoi tu parles ?

-Hier soir vous avez dit que je n'étais en rien un titan.

-Oui je le pense, tu n'es qu'un gamin nul en combat et suicidaire. Pourquoi ? Tu t'interroges encore ?

La conversation l'intéresse, ce qui est plutôt rare venant du caporal-chef Livaï. Comprendre les problèmes de son protégé est l'une des missions qu'il c'était lui même attribuer dés que la garde d'Eren lui avait été confié.

-Mes amis, en particulier Jean ne pensent la même chose que vous. Sa voix commencée à dérailler. Lors de la reconquête de Trost, j'ai laissé mourir des dizaines d'amis à nous, et encore plus de personnes sont mortes pour me protéger. J'ai aussi blessé Mikasa. Cette fois les spasmes dans le corps d'Eren se faisaient bien sentir. Ils me le reprochent, et ils en ont bien le droit.

Livaï ne comprend pas, au fil des mots et de la tristesse qui se dégageait d'Eren il a senti ses ongles rentrait dans sa chair. Comment peut-on reprocher à un ami quelque chose dont il n'a jamais voulu ? Comment peut-on lui mettre le poids des morts sur les épaules ? Ça lui échappe, chaque seconde qu'il passe à réfléchir au problème n'en devient que de la tension supplémentaire pour le plus jeune.

-Tes amis sont bêtes, ils veulent juste quelqu'un pour porter le chapeau, un coupable de leur tristesse. Les humains sont comme ça. Or les coupables, ce sont les titans, pas toi Eren. Livaï se rapproche un peu plus de l'oreille devant lui et vient y glisser des mots. Je haïs les titans, quand j'en vois un ; je le tue. Est-ce que je dois te tuer ? C'est un ton menaçant, sans appel.

-Non. Finis tout de même par répondre Eren.

Trop concentré dans leur discussion, les deux soldats ne s'aperçoivent pas tout de suite que l'orée de la forêt est devant eux. La lumière cachée par les arbres revient, les faibles rayons de soleil viennent éclairer les trous que laissent les feuilles. Eren accélère la cadence, munit d'une motivation soudaine et Livaï est obligé de s'accrocher plus fort à lui pour ne pas risquer de tomber. Mais à peine Eren met un pied en dehors de la couverture des arbres que la pluie leur tombe dessus. Le soleil commence à décliner, lune à monter dans le ciel.

-Envoyons notre dernier fumigène. Dit Livaï

Son subordonné le pose à terre, encore de la saleté, puis le fumigène vert s'élève dans les airs. Pourvu qu'on le repère malgré la pluie et l'obscurité naissante, « Sinon on est mort » songe t-il.

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