Chapitre 2

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Elle envisagea sérieusement d'y aller à pied.

Alors qu'une tempête que même une voiture ne traverserait pas se préparait, elle envisagea sérieusement d'y aller à pied.

Pendant les cinq premières minutes.

Le sang bouillonnant et le nez collé au plan de la gare qui affichait le département dans son ensemble, elle calculait en combien de temps elle pourrait y arriver, en combien de jours. Mais une fois la surprise retombée, elle réalisa que mourir dans les grandes étendues de neige ou dans les forêts de pins n'était sûrement pas la meilleure idée pour atteindre son objectif. Elle allait devoir trouver un autre moyen et ça ne lui plaisait pas du tout.

La voix de sa professeur de développement personnel ― elle avait pris quelques cours il y a deux ans ― s'immisça dans ses pensées et lui proposa de voir les choses du côté positif. Mais elle avait beau essayer, elle n'y croyait plus. Ce qui semblait, depuis les dernières 24h, la réalisation de son rêve, était devenue une désillusion brutale qui laissait un arrière-goût amer. Tout était perdu. Elle était bloquée dans ce village. Et même si elle parvenait à en sortir, aurait-elle le temps de visiter la ville et de rédiger son dossier ? Arriverait-elle à rattraper le retard que cet accident mettait entre elle et son rival ?

Finalement, elle se tourna vers l'office du tourisme situé tout près de la petite gare. Même si elle était de mauvaise humeur, elle dut reconnaître que le coin était sympa. Il faisait froid, mais la beauté du paysage enneigé semblait rééquilibrer la balance.

Lorsqu'elle entra, un homme qui devait avoir une cinquantaine d'année l'accueillit chaleureusement. Elle lui expliqua son problème en quelques mots et demanda avec empressement quand elle pourrait repartir. Comme elle n'arrivait pas à cacher son angoisse qui lui faisait agiter ses mains, l'hôte d'accueil commença par la rassurer.

- Ce genre de problème arrive fréquemment ici, en montagne. Mais ne vous inquiétez pas, nous avons l'habitude de gérer ces situations. Généralement, ces phénomènes durent quelques jours.

- Quelques jours ? interrompit Deva avec surprise, espérant obtenir plus de précision.

- Pour l'instant, on pense que la tempête passera à Villepins demain donc elle sera calmée d'ici lundi, informa l'employé.

Les épaules de Deva s'affaissèrent et elle lâcha un souffle, désemparée. Elle perdrait quelques jours de son précieux temps pour enquêter sur Pontouhan. Et surtout, elle ne pourrait pas voir comment la ville est active le week-end. Mais elle n'avait pas vraiment le choix alors elle se força à accepter ce qui lui arrivait.

- Vous savez où je pourrais loger pour ces quelques jours ? demanda Deva, réfléchissant à un nouveau planning.

- Et bien, on est en pleine saison donc tout est normalement complet. Mais si les trains ne peuvent pas parvenir jusqu'ici, cela veut dire que certains vacanciers ayant réservé ne pourront pas venir et libéreront leur place.

Il s'interrompit et leva les yeux avant de héler le nom de quelqu'un.

- Bonjour Mme Daneau !

- Bonjour Daniel ! répondit une voix derrière Deva.

Elle se retourna et vit une femme âgée, des cheveux blanchit par les ans et un air jovial.

- J'ai appris que la gare était de nouveau à l'arrêt, elle lança en s'approchant du guichet.

- Oui, lui confirma l'homme. Justement, il ajouta, cette jeune femme vient d'arriver, elle est bloquée ici. Je me disais que vous auriez peut-être un désistement qui lui permettrait de loger chez vous.

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