La magie de Noël

Chapitre 7

Toute cette journée, Chloé aurait dû la passer à préparer la réception de la veillée de Noël avec Deva. Ce fut David qui l'accompagna et la joie n'était pas la même. Toute cette journée, elle pensa à Deva, à sa trahison et la douleur que tout cela créait. Parce que la vérité était qu'elle tenait encore à la jeune femme, même si cette dernière l'avait trahie. Elle se répétait en boucle qu'elle était une espionne, qu'elle avait été fausse, qu'elle avait joué la comédie. Et puis, ce n'était pas la première fois que Chloé se faisait trahir par une personne pour qui elle avait des sentiments. Elle devrait avoir l'habitude. Pourtant, avec Deva, c'était différent.

Quand David partit pour manger, elle ne put s'empêcher d'aller vérifier les comptes. Elle lui faisait confiance, mais Deva avait l'air si sincère et Chloé espérait tellement que ce soit faux. Malheureusement, David fut de retour assez vite et si elle eut le temps de prendre les documents, elle n'eut pas le temps de les consulter. Elle dût attendre qu'il parte à nouveau, à la tombée de la nuit, pour commencer sa lecture. Cela lui prit un peu de temps parce qu'elle n'y connaissait pas grand-chose en finances. Mais elle avait tout de même lancé son entreprise elle-même et s'était débrouillée seule pendant des années. Alors elle réalisa rapidement qu'une somme importante et toujours identique disparaissait tous les mois. Le destinataire était identifié par une série de numéros donc elle ne put savoir qui c'était.

À ce moment, David fit irruption dans la pièce pour déposer quelque chose pour la soirée. Elle lui demanda des explications sur ces virements mensuels inconnus. Il répondit avec désinvolture que c'était sûrement Deva. Mais il se doutait bien que le mensonge n'allait pas tenir longtemps. Et dans la tête de Chloé, tout se mettait en place. Elle lui hurla de sortir, plus fort encore qu'elle l'avait fait le matin même avec Deva, ignora cette sensation d'avoir été trahie qui venait de nouveau la perturber et se concentra sur l'urgence de la situation : aller voir Deva et s'excuser.

Elle remonta donc les quelques minutes qui séparaient le travail de la petite-fille de celui de la grand-mère et arriva en grande trombe au chalet. Sans refermer la porte derrière elle, Chloé se rua dans les escaliers et courut au premier étage, en direction de la porte de Deva. Quand elle frappa, il n'y eut aucune réponse. Quand elle ouvrit, elle découvrit qu'il n'y avait plus personne. Annie, qui l'avait suivie plus lentement, arriva en haut pour trouver une Chloé surprise et désemparée. "Elle est partie il y a peu de temps pour prendre son train" annonça la vieille dame qui avait deviné l'urgence de la situation.

Chloé remercia sa grand-mère et fit le chemin en sens inverse, repassa par la porte restée ouverte et descendit la rue principale qui menait à la gare. Dans sa course effrénée, elle priait pour qu'il ne soit pas trop tard. Il fallait qu'elle arrive à temps pour lui dire ce qu'elle pensait. Elle avait gardé pour elle tous ses sentiments à son égard et elle réalisait maintenant que c'était peut-être déjà trop tard. Si elle avait l'occasion, il fallait qu'elle lui dise.

Le bruit d'un train sur les rails se fit entendre. Chloé redoubla d'efforts. Il fallait qu'elle arrive avant que le train ne parte, il le fallait. Les portes s'ouvrirent et la rousse n'était plus qu'à quelques pas de la gare. En se rapprochant, elle distingua la silhouette fine de Deva. "Ne pars pas" elle hurla de toutes ses forces en espérant que la destinataire l'entende. "Deva !"

Deva allait monter dans le train lorsqu'elle entendit quelqu'un crier son nom. La jeune femme se retourna pour voir Chloé, rouge et essoufflée qui s'approchait d'elle. Elle s'interrompit dans son mouvement, plus par surprise qu'intentionnellement, ce qui laissa à Chloé le temps d'arriver à sa hauteur. À peine à l'arrêt, elle débita tout ce qu'elle voulait lui dire avec une franchise qu'elle ne se connaissait pas, embrouillée, mais sincère.