Ils appelaient le monde qui se trouvait au-delà de l'enceinte de la capsule l'"Usine de la mort". On pouvait y mourrir de mille et une façons. Aria n'aurait jamais cru s'en approcherun jour d'aussi près.
Elle se mordit les lèvres en contemplant la lourde porte métallique qui se dressait devant elle. Un écran numérique affichait en lettres rouges flu : AGRICULTURE 6 - DÉFENSE D'ENTRER
"AG 6 n'est qu'un dôme de maintenance, rien de plus ", se dit Aria. Des dizaines d'autres dômes alimentaient Rêverie en nourriture, en eau, en oxygène... tout ce dont une cité sous cloche avait besoin. Une récente tempête avait endommagé AG 6 mais, apparemment, les dégâts n'étaient pas importants. Apparament.
- On devait peut-être faire demi-tour, dit Pailey
Debout près d'Aria dans le sas de décompression, elle tripotait nervesement une mèche de ses longs cheveux roux. Accroupis près de la porte, devant le panneau de contrôle, les trois garçons brouillaient le signal, afin de pouvoir sortir sans déclencher l'alarme. Ils n'arrêtaient pas de se chamailler.
- Calme-toi, Paisley, répondit Aria. Qu'est-ce qu'on risque de si terrible ?
Elle voulait avoir l'air détachée, mais sa voix était un peu trop haut perchée, aussi conclut-elle sa phrase par un petit rire.
- Qu'est-ce qu'on risque sous un dôme abîmé ? Répliqua Paisley en comptant sur ses doigts.
D'avoir la peau qui pourrit. De se retrouver enfermés à l'extérieur. D'être transformés en viande grillée par un tempête d'Éther. Et d'être mangés par les cannibales en guise de petit déjeuner.
- C'est juste un autre secteur de Rêverie, insista Aria.
- Un secteur interdit.
- Tu n'est pas obligée d'y aller.
- Toi non plus, rétorqua Paisley.
Elle avait tort. Depuis cinq jour, Aria s'inquiétait beaucoup au sujet de sa mère. Pourquoi Lumina avait-elle rompu lz contact ? Elle ne manquait jamais leur rencontre quotidienne d'habitude, même quand ses recherches médicales occupaient tout son temps. Si Aria voulait des informations, il lui fallait pénétrer sous ce dôme.
- Pour la centième... attends, la millième fois, je vous répète qu'AG 6 ne présente aucun danger, déclara Soren sans se détourner du panneau de contrôle. Vous croyez que jai envi de mourrir ce soir ?
Il marquait un point. Soren s'aimait trop pour risquer sa vie. Le regard d'Aria s'attarde sur le dos musclé du garçon. Soren était le fils du Directeur de la Sécurité de Rêverie. Il abais une peau dont seuls pouvaient se vanter les privilégiés. Il était même bronzé, un avantage ridicule dans la mesure où aucun d'entre eux n'avait jamais vu le soleil. En outre, c'était un génie du décryptage.
À ses côtés, Bane et Echo le regardaient faire. Les deux frères le suivaient partout. Dans les Domaines, Soren avait des centaines d'admirateurs, mais ce soir, ils n'étaient que cinq partager l'espace confiné du sas de décompression avec lui. Cinq à transgresser la loi.
Soren se redressa et afficha un petit sourire insolent.
- Il va falloir que je parle à mon père de ses protocoles de sécurité.
- Tu as réussi ? Demanda Aria.
Soren haussa les épaules.
- Tu doutais de mes capacités ? Et maintenant, le meilleur !
C'est le moment de se déconnecter...
- Attends, intervint Paisley. Je croyais que tu voulais juste bloquer nos SmartEyes ?
- C'est ce que j'ai fait, mais ça ne nous laissera pas suffisamment de temps. On doit se déconnecter.
Aria effleura son SmartEye. Elle le portait toujours sur l'œil gauche, et il était allumé en permanence. Il lui donnait accès aux Domaines, les espaces virtuels où elle passait le plus clair de son temps.
- Caleb va nous massacrer si on rentre trop tard, insista Paisley.
Aria leva les yeux au ciel.
- Ton frère et ses soirées à thème !
Elle avait l'habitude de surfer dans les Domaines en compagnie de Paisley et de son frère aîné, Caleb, depuis leur coin préféré du salon des 2e Cénération. Cela faisait un mois que Caleb programmait leurs soirées autour de différents thèmes. Celui de ce soir, "Banquets délirants", avait débuté dans un Domaine romain, où ils avaient participé à un festin de sanglier rôti et de ragoût de homard. Puis ils étaient passés aux agapes du Minotaure dans un Domaine mythologique.
"Heureusement qu'on est parties avant les piranhas !" Pensa Aria
Grâca à son SmartEye, Aria gardait un contact journalier avec sa mère, qui avait dû poursuivre ses recherches à Euphirie, une autre Capsule sitée à des centaines de kilomètres de Rêverie. La distance n'avait jamais posé de problème, jusqu'à ce que la liaison avec Euphorie s'interrompe, cinq jours plus tôt.
- Combien de temps on a prévu de rester là-dedans ? S'enquit Aria
Elle avait seulement besoin de passer quelques minutes en tête-à-tête avec Soren, le temps de l'interroger au sujet d'Euphorie.
Bane sourit jusqu'aux oreilles.
- Assez lomgtemps pour faire la fête en réel !
Echo écarta la mèche qui lui barrait les yeux.
- Assez lomgtemps pour faire la fête en chair et en os ! Renchérit-il.
Son vrai prénom était Théo, mais peu de gens s'en souvenait. Son surnom lui collait trop à la peau.
- On peut se déconnecter pendnt une heure, dit Soren en fesant un clin d'œil à Aria. Mais ne t'inquiète pas, je te rebrancherai plus tard.
Aria s'efforça de rire, ambiguë et charmeuse.
-T'as intérêt
Paisleylui décocha un regard méfiant. Elle ignorait le plan de son amie. Elle ignorait qu'Aria était là pour convaicre Soren d'obtenir des informatiln auprès de son père sur l'incident qui s'était produit à Euphorie.
Soren fit rouler ses épaules, tel un boxer montant sur le ring.
- C'est parti ! On se débranche dans trois... deux... Aria sursauta.
Un sifflement strident avait envahi ses oreilles. Un écran rouge satura son champs visuel. Des picotements atroces lui brûlèrent l'œil gauche, puis se propagèrent sur son cuir chevelu. Ils se rassemblèrent à la base de son crâne, avant de descendre le long de sa colonne vertébrale pour exploser un juron. L'écran rouge se volatilisa aussi rapidement qu'il était apparu.
Aria battit des paupières, désorientée. Les icônes de ses Domaines favoris avaient disparut, ainsi que les messages en attente et les infos du bandeau déroulant en bas de son SmartScrenn. Elle ne voyait plus que la porte du sas de décompression, qui lui paraissait floue, comme voilée par un léger filtre. Elle comtempla ses bottes grisâtres. Gris moyen. Une nuance pouvait-il lui sembler encore plus terne ?
Un sentiment de solitude la gagna soudain, alors qu'ils étaient entassés dans cette salle exiguë. Elle ne pouvait croire qu'autrefois les gens vivaient de cette manière, avec le réel pour seule référence. Et que de l'autre côté, les sauvages vivaient toujours ainsi.
- Ça marche ! S'écria Soren. On est débranché ! On est plus que de la viande !
Bane bondissait sur place.
- On est comme les sauvages !
- On est des sauvages ! Brailla Echo. On est des Étrangers !
Paisley n'arrêtait pas de cligner des yeux. Aria aurait voulu la rassurer, mais elle n'arrivait pas à se concentrer à cause des cris de Bane et Echo.
Soren fit tourner le bolant mécanique qui commandait l'ouverture de la porte. La pièce se dépressurisa dans un bref sifflement et une bouffée d'air frais s'engouffra à l'intérieur. Aria baissa les yeux, stupéfaite de voir les mains de Paisley agripper les siennes. Elle se rendit compte qu'elle n'avait touché personne depuis des mois, depuis le départ de sa mère... Puis Soren ferma la porte.
- Enfin la liberté, déclara-t-il en s'avançant dans le noir.
Grâce au rai de lumière qui s'échappait de la chambre de décompression, Aria vit les même sols lisses qu'il y avait partout à Rêverie. Sauf que ceux-ci étaient recouverts d'une tace dans la pénombre. Et si le dôme n'était pas sûr ? Et si les dangers de l'extérieur grouillaient dans AG 6 ? L'Usine de la Mort avait causé des milliers d3 morts. Et elle devait contenir aj tant de maladies suceptibles de contaminer l'air. Respirer lui semblait soudain sucidaire.
Aria entendit les bips d'un clavier virtuel qui venaient de là où se trouvait Soren. Des faisceaux de lumière jaillirent en crépitant. Une sorte d'immense caverne apparut. Des rangées de plantes s'alignaient en sillons réguliers. Au-dessus de leurs têtes, tuyaux et poutres s'entrecroissaient au plafond. Aria ne vit aucun trou béant ou autre signe de dégradation. Avec ses sols poussièreux et son imposante quiétude, le dôme semblait simplement mal entretenu.
Soren sauta hors du sas.
- Ce sera de ma faute si vous passez la soirée la plus géniale de votre vie !
Les plantes poussaient sur des monticules de plastique arrivant à hauteur de taille. Rangée après rangée, des fruits et des légumes s'étendaient à l'infini. Comme toutes les cultures de la capsule, les plantes étaient génétiquement programmées en vue d'un rendement maximum. Dépourvues de feuilles, elles se développait sans terreau et presque sans eau.
Aria cueillit une pêche fripée et tressaillit en voyant avec quelle facilité elle avait abîmé sa peau douce. Dans les Domaines, les aliments poussaient, virtuellement du moins, dans des fermes, avec des granges rouges et des champs à perte de vue, sous un ciel ensoleillé. Elle se souvint du dernier solgan pour le SmartEye :"Mieux que la réalité". En l'occurence c'était vrai. Dans AG 6, les vrais aliments ressemblaient à des vieillards avant leurs traiteents de rajeunissement.
Les garçons passèrent les dix premières minutes à se pourchasser dans les allées et à bondir par-dessus les rangées de plantes. Bientôt, la course-poursuite se transforma en un jeu que Soren nomma "fruit-ball", qui consistait à se viser les uns les autre avec des fruits ou des légumes. Aria y participa un peu, main Soren n'arrêtait pas de lui tirer dessus et il tirait trop fort.
Elle alla se cacher avec Paisley derrière un rangée de citronniers, alors que Soren changeait déjà de jeu. Il aligna Bane et Echo contre un mur, comme pour une exécution, puis il se mit à lancer des pamplemousses sur les deux frères, qui rigolaient comme des fous.
- Pitié ! Implora Bane. On va tout avouer !
Echo leva les mains à son tour.
- On se rend ! On passe aux aveux !
En général, les gens se pliaient toujours aux désirs de Soren. Celui-ci passait avant tout le monde dans les meilleurs Domaines. Il en possédait même un à son nom : Soren 18. Son père le lui avait créé pour son dix-huitième anniversaire, un concert spécialement pour lui. Pendant le dernier morceau, la mer avait envahi le stade et le public s'était transformé en sirènes ou en tritons. Même si dans les Domaines tout était possible, cette soirée-là resterait gravée dans les mémoires. Elle avait lancé la mode des concerts sous-marins. Sous l'influence de Soren, les nageoires caudales étaient devenus sexy.
Aria traînait rarement avec lui après les cours. Soren fréquentait les Domaines spécialisés dans les sports et le combat. Autant d'endroits où les gens pouaient concourir et être classés. Aria, elle, s'en tenait d'ordiaire aux Domaines réservés aux arts et à la musisue, avec Paisley et Caleb.
- Regarde comme c'est moche, dit Paisley en frottant son pantalon maculé d'orange. Ça ne partira jamais.
- Ça s'appelle une tache, précisa Aria.
- À quoi ça sert?
- À rien. C'est pour ça qu'on n'en a pas dans les Domaines.
Aria dévisagea sa meilleure amie. Paisley plissait le nez d'un air dégoûté; son sourcil recouvrait le bord de son SmartEye.
"Ça va ?" Lui demanda-t-elle finalement.
Paisley agita les doigts devant son SmartEye.
- Je déteste ça. Il nous manque tout, tu vois ? Où sont les gens ? Et pourquoi j'ai cette voix bizarre ?
- On a tous une coix bizarre. Comme si on avait avalé un mégaphone
Paisley arqua un sourcil
- Un quoi ?
- Un mégaphone, le cône que les gzns utilisaient dans le temps pour amplifier leur coix. Avant les micros.
- Ça ma l'air méga-rétro, observa Paisley. Et tu vas me dire ce qui se passe, à la fin ? Pourquoi est-ce qu'on est là avec Soren ?
Maintenant qu'ils était déconnéctés, Aria pouvait confirmer à son amie ci qui la poussait à flirter avec Soren.
- Il faut que j'en sache plus au sujet de Lumina. Soren peut avoir des info par son père. Si ça se trouve, il sait déjà quelque chose.
L'expression de Paisley se radoucit.
- La liaison est sans doute en panne. Tu auras bientôt de ses nouvelles
- Avant, les pannes duraient seulement quelques heures. Jamais aussi logtemps.
Paisley soupira et s'adossa à un monticule de plastique
- Je n'en revenaks pas que tu chantes pour lui, l'autre soir.
Et tu aurais dû voir Caleb... Il a cru que tu avais piqué des médicaments à ta mère !
Aria sourit. D'ordinaire, elle ne chantait qu'en privé, uniquement pour sa mère. Mais, quelques soirs plus tôt, elle s'était forcée à chanter une ballade sensuelle pour Soren, dans un Domaine Cbret. En quelques minutes, celui-ci avait atteint sa capacité maximum, des centaines de gens l'ayant rejoint dans l'espoir d'entendre Aria chanter un autre morceau. Mais elle était partie. Et, comme prévu, Soren lui courait après depuis. Quand il lui avait proposé de l'accompagner ce soir, elle avait sauté sur l'occasion....Voilà j'espère que ce début de chapitre vous a plus, la deuxième partie sortira mercredi et fera la même taille que celui-ci ❤❤ bisous
VOUS LISEZ
never sky
CasualeARIA,17ans, a grandi dans une immense capsule. Comme tous les sédentaires, elle passe ses journées dans des mondes virtuels, à l'abri du danger. Mais un jour accusée d'un crime qu'elle n'a pas commis, elle est bannie, abandonné en pleine nature rava...