Le soleil rayonnait de plus belle en ce mois de Décembre, malgré un grand nombre de bâtiments détruits par les flammes, la végétation semblait avoir repris ses droits et on pouvait même entendre les oiseaux chanter. Kyllan et Asher se tenaient là, tous les deux au milieu des débris et du calme, redécouvrant un monde qui leur paraissait inconnu. La maison où ils habitaient était là aussi, mais elle ne ressemblait plus à un toit noir posé sur des façades blanches dont les grandes fenêtres illuminaient la pièce principale. C'était devenu un empilement de briques.
Asher sortit de sa poche le thermomètre prit plus tôt dans le bunker. Il le tendit du bout de sa main droite et le fixa pendant quelques minutes. Lorsque les chiffres se stabilisèrent, il n'en crut pas ses yeux et un sentiment d'espoir parcourut tout son corps. Il tourna la tête vers son ami, ses grands yeux ronds faisant hausser un sourcil à Kyllan qui le rejoint rapidement.
— Comment est-ce possible ? questionna Asher.
Kyllan saisit le thermomètre pour comprendre ce dont parlait Asher. A la vue des chiffres dans l'écran numérique, il tourna la tête vers lui, un large sourire affiché sur son visage. Le thermomètre indiquait 23°C, ce qui était chaud pour un mois de décembre mais bien moins comparé aux températures que la planète avait atteint. Étaient-ils en train de rêver ? Lorsque Lowen avait calculé approximativement la température qu'il était censé faire lorsqu'ils sortiraient, il avait été bien clair sur le fait qu'il était quasiment impossible qu'elle soit inférieur à 30°C en cinq mois. Les deux garçons, voulant s'assurer que c'était bien réel, décidèrent de retirer leurs combinaisons étanches.
La brise d'air frais vint caresser le bras d'Asher tandis que le soleil tapait sur son cuir chevelu. Ils prirent tous deux de grandes inspirations. Cela faisait des mois qu'ils respiraient le même air. Une lueur d'espoir scintillait dans les yeux verts d'Asher, il réfléchissait déjà à ce qu'ils allaient faire maintenant qu'ils pouvaient retourner vivre à la surface. Mais Kyllan le sortit vite de ses pensées.
— Hé Ash', il faudrait peut-être qu'on prévienne les autres ?
Acquiesçant, il tourna le dos au vaste monde et pénétra dans les profondeurs du bunker. Asher scrutait minutieusement chaque détail lors de la descente. Il les avait vu des miliers de fois mais ceux-ci semblaient changer grâce à la lumière du jour. Arrivés en bas, les visages scintillants de Kelya et Lowen apparurent dans la pénombre, ravivant une lueur d'espoir qu'avait perdu Asher depuis bien longtemps. Les deux amis s'avancèrent vers la porte du sas et avant même d'avoir eu le temps de poser leur main sur la poignée, Kelya se précipita hors du bunker.
— C'est réel ?
Kyllan et Asher hochèrent simultanément la tête. Lowen s'approcha du petit groupe et prit ses trois amis dans ses bras, les serrant si fort qu'ils eurent l'impression d'étouffer.
— Messieurs dames, déclara Kyllan en s'inclinant comme pour faire une révérance.
L'excitation à son comble, ils grimpèrent tous ensemble les marches menant vers leur future vie. Kelya et Lowen respirèrent à leur tour l'air frais de l'extérieur et découvrirent les vestiges de l'ancien monde. Shasian ne semblait plus qu'être une vaste etendue de ruines.
— Vous pensez que c'est comme ça partout ? demanda Kelya.
— Étant donné le nombre de degrés que le pays a atteint, il est plus que probable que les dégâts se soient étendus au-delà même des frontières du pays, répondit Lowen. D'ailleurs, comment se fait-il qu'il fasse si peu chaud ?
Le grand blond attrapa le thermomètre des mains de Kyllan pour tenter d'analyser la situation, en vain. La situation dépassait les connaissances de n'importe lequel des jeunes.
— Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe, mais si la température reste ainsi je crois que ça veut dire qu'on va enfin pouvoir vivre en dehors de notre bunker, ajouta Lowen.
Tous se tenaient sur la terre ferme, debout les uns à côté des autres, un large sourire affiché sur leurs visages pâles. Chacun réfléchissait à ce qu'ils devaient faire, où ils devaient aller ou encore comment ils allaient survivre dans un pays dont ils ne connaissent plus rien. Asher fut le premier à communiquer ses pensées.
— On devrait partir à la recherche de ressources et d'un endroit où dormir avant que la nuit ne tombe, qui sait si certaines espèces n'ont pas mutées ?
— Il a raison, enchaîna Kelya, on n'a pas survécu dans un bunker pendant cinq mois pour mourir en en sortant le bout du nez.
— Dirigeons-nous vers le nord, dans ce cas, c'est là qu'on a le plus de chance de se rapprocher du frais et non d'attérir directement dans la mer de Milsack, continua Lowen.
Hôchant la tête, Asher se dirigea vers le bunker et en ferma la porte pour se qui s'apprêtait à être l'éternité. Ensemble, les quatre amis débutèrent alors une marche de durée indeterminée directement vers l'inconnu, laissant derrière eux les souvenirs d'une vie entérrés sous terre et d'une autre qui précédait la vague de chaleur. Nul ne savait ce qu'ils trouveraient par-délà les ruines de leur ancienne ville, mais une chose était sûr, il n'y avait plus de retour en arrière.
VOUS LISEZ
BURNING WINTER
Science FictionCette année là, l'été a frappé plus fort que jamais. Les 60°C ont été atteint partout dans le monde, détruisant villes et villages sous les braises et éradiquant la quasi totalité de l'humanité. Les survivants sont ceux qui ont réussis, à temps, à s...