Part 4 融汇

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     Dans la chambre, à nouveau, Lan Zhan invita son blessé à se rendre dans la salle de bain. L'énorme baignoire en bois n'avait plus rien à avoir avec celle qu'ils partageaient ensemble, autrefois.

— Déshabille-toi, déclara Lan Zhan en versant plusieurs seaux d'eau chaude dans le bassin.

     Wei Ying s'exécuta sagement et abandonna avec joie ses guenilles souillées. La chaleur de l'eau lui tira un soupir ; ses muscles contracturés se détendaient déjà. Il frissonna de réconfort.

— Lan Zhan, je peux le faire moi-même, dit-il en sentant son ami éponger ses plaies.

— C'est à moi de m'en occuper.

— Ta femme ne va-t-elle rien dire ? À prendre soin d'un vagabond ainsi...

— Tu n'es pas un vagabond, tu es un dieu. Et je n'ai pas de femme.

     Wei Ying se redressa brusquement, suffoqué.

— Tu... tu n'es pas marié ?! Mais qui est cette jeune femme ? Et cet enfant ?

— Elle est ma sœur et il est mon neveu.

     Le soulagé en perdit ses mots. Un immense sourire s'étira jusqu'à ses oreilles.

— Pourquoi es-tu si heureux, tout à coup ?

— Rien, vraiment rien, gloussa Wei Ying.

— Mh. Parle-moi de toi, de cette ancienne vie. Je veux tout savoir.

— Alors, je devrais te parler de nous...

     Lan Zhan arqua un sourcil.

— Qu'entends-tu par « nous » ?

     À cet instant, Wei Ying hésita. Dans ses souvenirs, il n'avait jamais vu son être de rêve en quelconque compagnie, trop occupé à gérer ses affaires et ses propriétés, sans aucun doute. Allait-il bien réagir ? Il se pinça les lèvres, en proie au doute.

— Wei Ying, dis-moi. Nous étions proches, n'est-ce pas ?

— Oh, oui...

— Meilleurs amis ?

— Plus proches...

— Frères ?

— Ahem... plus proches.

     Un long silence s'installa. Wei Ying se laissa glisser dans l'eau jusqu'au menton, lançant quelques œillades à son âme sœur. Lorsque l'unique et dernière réponse lui vint à l'esprit, Lan Zhan posa un regard agrandi sur lui. Le sang empourpra son visage. Les vapeurs du bain lui parurent soudain bien trop chaudes pour la situation actuelle.

— A-amants ?!

     Attendri - bien qu'inquiet -, Wei Ying passa aux aveux.

— Lan Zhan, nous étions mariés...

     Le choc fit basculer le concerné de son tabouret. Il se rattrapa au rebord en bois de la baignoire et se leva maladroitement, ébranlé. Ainsi, il avait été uni à un homme... Il déglutit avec peine. Si dans cette vie leurs deux cœurs devaient se retrouver, bien des choses trouveraient leur explication. Sa sœur passait ses jours à le tanner au sujet de son célibat et de son désintérêt pour la gent féminine ; sa solitude proviendrait-elle d'un autre genre d'attirance ? Incapable de prononcer un mot, il quitta la salle d'eau en trombe.

     Wei Ying baissa la tête. Les âmes étaient les mêmes, à travers le temps, mais elles différaient selon le présent, s'adaptaient et épousaient les vagues de leurs diverses existences. À plus forte raison sans souvenirs de sa vie antérieure, Lan Zhan ne serait jamais vraiment son Lan Zhan d'antan. Peu de chances, donc, de retrouver leur précieux lien. Mais qu'importe. Là n'était pas sa priorité ; rester auprès de lui l'était. Quelle que soit leur relation, elle serait merveilleuse.

Éternel (𝑤𝑎𝑛𝑔𝑥𝑖𝑎𝑛)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant