Les murs du dortoir étaient d'un gris délavé, une teinte morne qui absorbait la lumière du jour et plongeait la pièce dans une obscurité permanente. Seul un néon vacillant, accroché au plafond, projetait des ombres tremblotantes sur les lits alignés comme des tombes dans une rangée. Emily se redressa sur son matelas usé, fixant le plafond. Cela faisait maintenant treize ans qu'elle se trouvait dans cet orphelinat. Treize années marquées par la solitude, la souffrance, et une angoisse sourde qui la dévorait chaque nuit.
À cinq ans, elle était arrivée dans cet endroit sinistre. Ses parents étaient morts dans un accident de voiture, et sans autre famille, elle avait été envoyée ici, à Saint Mary’s, une bâtisse austère dirigée par des bonnes sœurs plus cruelles que pieuses. L'orphelinat semblait exister hors du temps, enfermé dans ses propres ténèbres. Les murs épais, recouverts d’une peinture écaillée, étaient témoins de décennies de douleur, et les enfants qui y vivaient se fondaient dans l'oubli, leurs cris étouffés par l'indifférence.
Emily avait appris très vite à se méfier des sœurs. Sous leurs habits noirs et leurs croix en bois se cachaient des cœurs de pierre. Sœur Agnès, en particulier, semblait prendre un plaisir sadique à punir les enfants pour les moindres infractions. Le visage sévère et ridé de cette dernière hantait les cauchemars d'Emily, ses mains rugueuses et calleuses laissant des marques bleutées sur sa peau chaque fois qu'elle commettait la moindre erreur.
À mesure qu'elle grandissait, la vie à Saint Mary’s était devenue de plus en plus intolérable. Elle ne se souvenait plus d’un seul jour où elle n’avait pas été frappée pour un prétexte quelconque. Le matin, c’était pour avoir parlé à table. L'après-midi, pour ne pas avoir récité ses prières assez vite. Le soir, parce qu'une autre fille l'avait accusée d'avoir volé un morceau de pain. Les jours s’étiraient en une longue succession de coups et de réprimandes, et la nuit, Emily serrait son oreiller contre elle, essayant d'étouffer ses sanglots dans l’obscurité.
Mais malgré tout cela, Emily n’avait jamais abandonné l’espoir de s’échapper. À seize ans, elle avait réussi à obtenir un emploi à mi-temps dans un petit café près de Brooklyn, un endroit où elle se sentait, pour quelques heures par jour, presque normale. Le Café Luna était une bouffée d’air frais dans sa vie suffocante. Les clients y étaient aimables, et le propriétaire, un homme rondouillard nommé Joe, la traitait avec une gentillesse qu’elle n’avait pas connue depuis longtemps.
C’était là, au Café Luna, qu’elle avait commencé à économiser chaque centime. Chaque pourboire, chaque dollar qu’elle pouvait épargner, elle le mettait de côté dans un bocal caché sous son lit, loin des yeux fouineurs de Sœur Agnès. Elle rêvait de s’acheter un petit appartement, quelque part loin de Saint Mary’s, un endroit où elle pourrait enfin être libre. Cette pensée la faisait tenir, jour après jour.
Le chemin entre l'orphelinat et le café était son seul moment de solitude, le seul moment où elle pouvait laisser ses pensées vagabonder sans craindre la colère de quelqu'un. Elle connaissait ces rues par cœur : les façades de briques rouges, les vieux lampadaires qui projetaient des ombres longues sur le trottoir, le fracas lointain des voitures qui roulent sur le pont de Brooklyn. Parfois, elle passait devant un groupe d’enfants qui jouaient sur le trottoir, et elle se surprenait à sourire, se demandant si un jour elle pourrait avoir une vie aussi simple, aussi joyeuse.
Emily avait entendu parler des Avengers, bien sûr. Qui ne les connaissait pas ? Les héros de New York, les sauveurs du monde, ceux qui, d’après les rumeurs, avaient sauvé la ville de nombreuses attaques terroristes. Mais pour elle, ils n'étaient rien de plus que des noms, des figures lointaines vues à la télévision du café, lorsque Joe oubliait de changer de chaîne. Iron Man, Thor, Captain America… Ils appartenaient à un autre monde, un monde où les gens étaient puissants, où les miracles étaient possibles. Un monde auquel elle n'avait jamais appartenu, et qu’elle n’osait même pas imaginer.
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The Ghost
FanficMon histoire commence après ma mort, enfin pas exactement... ------------------------------------------- ATTENTION ! Les personnages Marvel ne m'appartiennent pas seulement Emily est ma création ! Emily x Bucky Barnes ...