The Banshee And The Hunter - Nolan Holloway [T.3 FINI]

II ~ Mutual agreement

« Ne bouge pas. »

J'épongeais le sang qui s'était écoulé des oreilles de Nolan suite à mon hurlement de Banshee à l'aide d'un vieux t-shirt que j'avais trempé dans un peu de désinfectant. Ce n'était ni très hygiénique ni très commun comme premier soin, mais je n'avais rien d'autre sous la main. Les tremblements de peur de Nolan avaient cessés, ainsi que les miens, ce qui signifiait que l'Anukité était parti sans avoir cherché à nous attaquer une seconde fois. Je me sentais plutôt chanceuse pour ma part, car réussir à m'échapper aussi vite en compagnie d'un humain visiblement facilement sous l'emprise terrifiante de cette horrible créature c'était loin d'être un jeu d'enfant. Cependant, je réfléchissais à toute allure à une solution possible pour qu'il ne me dénonce pas à ses semblables et je n'en avais aucune qui me venait. Lorsque j'eus enfin terminé ce à quoi j'étais occupée, je proposai un carré de chocolat à Nolan afin qu'il reprenne quelques couleurs. La pâleur fantomatique de son visage m'angoissait.

« Ça va mieux ? » demandai-je en le dévisageant avec inquiétude.

Il hocha la tête sans rien dire, ses yeux bleus me fixaient de toutes parts, je me sentais un peu mal à l'aise.

« Je ne suis pas un monstre comme tu as l'air de le penser. » dis-je avec un sourire triste. « Tout le monde pense que nous sommes les fautifs de tout ce qui arrive dans cette ville mais... C'est faux. Je n'ai rien à voir avec tout cas, tout comme Scott McCall et sa meute. »

Ma voix ne se résumait qu'à un murmure presque indistinct lorsque j'ajoutai :

« Brett et Lori n'avaient rien à voir avec tout ça... »

Repenser à mes deux meilleurs amis sauvagement tués me fit monter les larmes aux yeux mais je les empêchai de couler en papillonnant vivement ses cils. Ce n'était pas le moment de me laisser submerger par mes émotions, je devais lutter pour ma survie. Tout en lançant un bref regard à mon interlocuteur, je déclarai :

« Je suppose que tu vas aller me dénoncer. »

« Je dois le faire. » répondit-il d'une petite voix. « Sinon c'est moi qu'elle tuera. »

Je tournai la tête, dégoûtée. Je détestais le sentir aussi impuissant dans sa voix, cela me faisait prendre conscience que bon nombre de pauvres gens exécutaient les ordres de Monroe et Gérard à cause de la peur d'être éliminés à leur tour. Et c'était sans aucun doute le cas de Nolan. Lui qui était si gentil au lycée, je ne reconnaissais pas le garçon que j'avais face à moi. Constatant ma défaite et n'ayant plus aucun plan pour me sortir de là, je me levai puis enfilai ma veste.

« Allez, on y va alors. J'aimerais rendre une dernière visite au cimetière avant d'être assassinée à coup de décharges électriques ou je-ne-sais-quoi. »

Surpris, il ne bougea pas d'un pouce, mais il finît par se redresser à son tour lorsqu'il constata que je l'attendais. Cela pouvait paraître pathétique de ma part d'abandonner ainsi mais j'en avais marre de me battre. Je préférais abdiquer maintenant plutôt que m'abaisser à le supplier de m'épargner. Peut-être que si je rejoignais mes deux meilleurs amis tout irait mieux. Je serais enfin libre et sereine. Le vent à l'extérieur me fouetta si violemment le visage que je cessai de respirer un court instant. Ensuite je me repris et secouai la tête afin de me remettre les idées en place. J'accompagnais un chasseur afin d'aller me dénoncer à Monroe et ses sbires - si j'avais su que tout se terminerait ainsi aussi facilement que l'on achète un sandwich à la cafétéria...

Tout en marchant, je remarquai que Nolan ne cessait de me jeter des regards insistants. Peut-être craignait-il que je ne le tue, mais ce n'était pas dans mes projets. De toute manière, j'étais incapable de tuer quelqu'un, particulièrement Nolan. Il était innocent, même si ses actions pouvaient en faire douter. Les mains enfoncées dans les poches de ma veste polaire, je regardais droit devant moi, imaginant comment allait se terminer mon existence. Allaient-ils me torturer, ou simplement m'abattre d'une balle entre les deux yeux ? Je n'en savais strictement rien, et c'était ça le plus angoissant. Tout à coup, je me figeai, incapable d'esquisser le moindre pas de plus. En face de nous, arbalètes en main, deux chasseurs. Mon cœur dût rater une demi-douzaine de battements sous le choc. Je n'allais même pas avoir le loisir d'aller dire une dernière fois au revoir à mes deux meilleurs amis au cimetière alors ?