Chapitre 1: La poussière d'un livre.

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« Leviiii !!! ».







                           La voix criarde de la scientifique du Bataillon d'Exploration raisonnait dans tous les locaux du régiment.

Le Caporal soupirait déjà d'agacement alors qu'Hange pénétrait pleine d'excitation dans son bureau.

« Tch, qu'est ce que tu veux Quat'Zieux ? J'espère que t'as une bonne excuse pour venir me déranger pendant mon boulot.

- Du boulot, du boulot, c'est juste la paperasse habituelle ! Regarde plutôt ça ! Dit-elle en claquant un énorme bouquin sur le bureau du Caporal.

Vire moi ce truc poussiéreux d'là.

- Attends un peu avant de sortir tes mauvais jugements ! Tu ne veux pas savoir ce que c'est ?

L'air malicieux et plein d'envie de la jeune femme firent une fois de plus faiblir le froid Caporal Chef. Levi soupira, convaincue qu'Hange ne le laisserait pas tant qu'il n'aurait pas écouter son laïusse.

Fière d'exercer ce pouvoir sur son ami, la scientifique tourna rapidement les pages du livre, répartissant encore plus de poussière parmi les documents du noiraud. Malgré la légèreté que lui procurait la présence de la jeune femme, le maniaque qu'il était ne pouvait fermer les yeux sur l'accumulation de poussière désormais plus que présente sur son bureau si bien rangé. Il se rongeait intérieurement, espérant qu'elle termine rapidement son histoire pour qu'il puisse enfin mettre ce vieux livre loin de son champ de vision.

- Ce compte de Noël est passionnant ! C'est une vraie chance de tomber dessus alors que la fête de l'hiver approche !

- Laisse moi deviner, encore une jolie blonde aristocrate trop investie dans son travail qui déboule dans une ville inconnue loin de Sina pour motif professionnel et y rencontre l'homme de ses rêves ?

- Idiot, ça c'est le genre d'idiotie qui intéresserait Petra ! Non là ça parle de trois esprits de Noël capables de te montrer ton passé, ton présent et ton futur ! Attend un peu ! Pour toi il n'y a que les blondes qui sont jolies ?!

Hange porta une main instinctive à ses cheveux, se souvenant que les siens étaient de couleur brune. Elle se rappelait le nombre incalculable de fois où l'homme le plus fort de l'humanité s'amusait à passer la main dans ces derniers, parfois par taquinerie, parfois dans des circonstances plus tendres. La soldate s'était alors persuadée que le noiraud devait apprécier leur couleur, mais la maladresse de ce dernier irrita sa sensibilité.

Face à la mine boudeuse de sa camarade, Levi entreprit de refermer le livre pour le nettoyer lâchant un « Tch, idiote » à la scientifique qui ne saisit le double sens de ces propos.

La jeune femme se fâcha, reprenant le bouquin des mains de l'homme : « Arrêtes avec tes tiques de maniaque, il est vieux et fragile, tu va lui arracher des pages !

- Tu parles de ce truc comme si c'était quelque chose de vivant, t'es vraiment perchée ma vieille !

- C'est sûr qu'un être aussi imbus de lui même et si peu émotionnel ne peu pas comprendre l'importance de ces comptes !

- Imbus de lui même ? Rappel moi qui a sauvé le cul de Madame pendant la dernière expédition parce que celle ci n'était pas suffisamment concentrée ?

- La faute à qui hein ?! Si tu laissais pas toutes tes groupies fanfaronner autour de toi en pleine expédition j'aurais pas été distraite !

- Nous y voilà, c'était ça le problème ! Quat'Zieux serait jalouse ?

- N'importe quoi ! Et puis rend moi mon livre puisque ça ne t'intéresse pas ! Je suis sûre que Moblit sera captivé par mes histoires lui !

Levi sentit un force émanant d'un sentiment désagréable s'emparer de ses mains. Il tira plus fort encore sur le bouquin, obligeant Hange à anticiper ses mouvements pour ne pas tomber. Aucun des deux ne voulaient lâcher et c'est ce pauvre livre qui allait en pâtir.

Donne moi s'truc scientifique de merde, il est plus sale que toi !

- Va te faire foutre nain de jardin !

S'en était trop. Hange avait visé juste, en plein dans le complexe de l'homme. Beaucoup plus fort qu'elle, Levi n'eut aucun mal à laisser parler sa rage et arracha avec violence le livre des mains de la scientifique. Surprise de cet élan de force, Hange retomba par terre, incapable de se retenir avec un quelconque appuie.
Elle se massa les fesses, insultant le Caporal de tous les noms qui lui passaient par la tête. Indirectement il venait de lui faire mal, mais c'est en voyant les pages de son précieux livre que le cœur de la jeune femme se brisa.

Elle ravala sa douleur, sauta du sol aux mains du Caporal. Elle reprit d'un geste sévère le pauvre livre à présent amputé d'une dizaine de pages et quitta la pièce d'une colère n'ayant d'égal que la hauteur du mur Maria : « En fait c'est toi qui devrait recevoir la visite de ces trois esprit ! ».





                               Plusieurs heures avaient passées depuis l'altercation entre le Caporal et la scientifique du Bataillon. Chacun ruminait de leur côté, incapable retourner vers l'autre.

Levi ne comprenait pas l'importance que pouvait avoir ce vieux bouquin poussiéreux aux yeux de la soldate. Elle était arrivée si vive et pleine d'énergie dans ce bureau désormais désert de sa présence et en était reparti la mort dans l'âme. Il n'avait jamais vraiment réussi à suivre les saute d'humeur de celle qu'il considérait comme un vrai rayon de soleil, et cette fois ci n'était pas exempt. Pourtant, la vision de ses yeux noisettes emplie de larmes et de colère ne cessait de le tourmenter.

Il repensait aux dernières paroles que la jeune femme lui avait adressé avant de le laisser. Il ne lui avait même pas laissé le temps de lui expliquer cette histoire, tant est si bien qu'à présent il ne savait comment interpréter ses dires.

Voyant la lune éclairer la lucarne de sa fenêtre, il décida de remettre leur réconciliation au lendemain, persuadé que la scientifique devait déjà dormir.

Peu convaincue à l'idée de passer une nuit de plus de deux heures, le Caporal décida tout de même de souffler la flamme de sa bougie et de s'soupire sur sa chaise.





                  Levi se réveilla en sursaut, surpris du froid qu'il ressentait. Il détecta rapidement une présence étrangère. Retrouvant ses réflexes de soldat, il s'empara du premier objet pointu à sa porté et défia la menace sans grand succès. En se retournant, il aperçu une étrange fumée blanche flottant dans la pièce. Comme pour se rassurer de cet événement surréaliste un bafouilla : « Arrêtes un peu Quat'Zieux ! Tes plaisanteries à deux balles ça prend pas !

- Quat'Zieux ? C'est un bien drôle de nom ! Je n'aimerais pas le porter !

- Tch, c'est pas un nom mais un surnom.

Levi se méfia. La voix qui venait de raisonner lui était inconnue. Il pointa encore plus fermement le coupe papier en direction de cette chose étrange, l'air plus meurtrier que jamais.

La fumée s'agita, semblant tenter vainement de s'approcher du Caporal : « N'aie crainte, je ne suis qu'un esprit !

- Un esprit ? Bah voyons, et vous allez me dire que vous êtes celui du Noël futur !

- Non, moi je suis celui des Noëls passés !

- Bah bien sûre, allez Hange arrête ton cirque, je l'écouterais ton histoire, pas la peine d'en faire tout un plat !

- Hange ? Ce prénom là, il me plait bien.

Levi n'eut le temps de réagir. La fumée bondit vers lui, entourant ses yeux de son épaisse densité. Le soldat se sentit sombrer dans un profond sommeil et son corps se posa délicatement sur le sol. Une seule phrase ne résonnait plus que dans sa tête : « Hange, ce prénom me plait bien ». Cette chose avait-elle l'intention de s'en prendre à elle ?

Les Esprits de Noël.     [Levihan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant