Eleanor se réveille en sursaut. N'ayant pas fermé les volets la veille, le jour est levé et les rayons du soleil l'enrobent d'une chaleur mi- agréable, mi- dérangeante. Encore un peu perturbée de la sensation que lui a laissé ce rêve étrange et fraîchement flou, elle se lève et descend, elle a besoin d'un café ! Ben est réveillé lui aussi, ou plutôt, il essaie de l'être. Il est assis sur un tabouret face au bar, une tasse de café dans la main. Il a le dos rond et courbé, son coude est posé sur le comptoir et il maintient sa mâchoire de son autre main, luttant pour garder les yeux ouverts.
— Petite nuit ? Demande Eleanor en riant avant d'aller elle-même se servir une tasse de café.
Benjamin grogne quelques sons qui ressemblent à une tentative de mots ratés. Quelqu'un toque à la porte. Vu l'état d'éveil de son ami, Eleanor décide d'aller ouvrir à sa place. Elle emporte sa tasse de café avec elle et boit une gorgée sur le chemin de la cuisine à l'entrée. L'homme à la porte se retourne lorsqu'elle ouvre.
— Mademoiselle, bien le bonjour à vous ! s'exclame Benjamin, le voisin.
Ce visage, cette voix, cette attitude..
Prise d'un instant de grande confusion, Eleanor perd l'équilibre et renverse la moitié de son café.
— Oh quelle chèvre je fais! Dit-elle, embarrassée. Excusez-moi.
— Ce n'est rien, laissez-moi vous aider.
Benjamin sort deux-trois mouchoirs de la boîte à mouchoirs qui se trouve dans l'entrée et commence à éponger pendant qu'Eleanor cours chercher de quoi nettoyer convenablement les dégâts. Une fois le sol brillant à nouveau, Eleanor part en direction de la cuisine pour y ranger les ustensiles de ménage. Le voisin, naturellement, se met à la suivre pour aller jeter ses mouchoirs imbibés de café à la poubelle. Il salue l'autre Benjamin qui lui rend son signe, toujours pas totalement réveillé, partant s'avachir sur le canapé. Le voisin a l'habitude de passer le matin prendre le café avec ses amis et voisins, c'est pour cela que sa présence matinale n'étonne guère Benjamin, bien qu'encore à moitié endormi.
— Merci de m'avoir aidée, je vous sers un café ? Propose gentiment Eleanor.
Benjamin fait un signe de tête.
— Oui avec plaisir, et.. on pourrait se tutoyer, non ? Tu as l'air d'avoir à peu près mon âge. Mais je ne demanderai pas précisément, je sais Ô combien il est impoli de questionner une femme à propos de son âge.
— Ce temps est révolu très cher ami, et je vais vous dévoiler mon âge, prenez garde !
Tous les deux prennent un ton théâtral, exagéré, comme dans les pièces d'antan. Eleanor lève trois doigts en l'air et commence un compte à rebours.
— 3..., 2..., 1...
Benjamin écarquille les yeux pour donner un air de suspens et d'impatience, prêt à savoir l'inavouable. Eleanor fait un pas à chaque doigt baissé, tasse de café à la main. Entre le dernier doigt baissé et la révélation tant attendu, Eleanor pose d'un coup sec la tasse devant son propriétaire. Un bruit sourd résonne.
— Promo 1996 mon cher !
— Oh ! s'exclame bruyamment Benjamin. Promo 1995, je suis le vieillard !
— C'est pour cela que je vous vouvoie vieille homme.
Benjamin laisse échapper un rire et boit une gorgé de café, puis mime remonter ses lunettes imaginaire sur son nez.
— Vous marquez le point jeune damoiselle, devrions-nous continuer ainsi alors ?
— Faisons comme bon nous semble, nous ne sommes plus au temps des Rois !
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Une âme pour deux.
RomantikCroyez-vous au destin ? Croyez-vous aux âmes sœurs ? Eleanor ne s'était jamais posée la question jusqu'au jour où elle fît une rencontre qui bouleversa son existence, son monde et ses croyances.