Tac, Tac, Tac

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Avant tout, je tiens à préciser que je n'aime vraiment pas cette histoire. Elle est mal construite, ou plutôt pas construite, j'ai juste collé des mots qui me sont venus, et en voici le résultat : des phrases bien trop longues, un texte indigeste, et, même si j'ai adoré l'écrire, après relecture il m'est clairement apparu que ce texte est infâme et est tout sauf plaisant à lire. J'espère que vous apprécierez malgré tout, bien que j'en doute.

Tac. Tac. Tac. Le son semble de plus en plus éloigné. Curieusement, je l'entends toujours aussi clairement. Et, comme j'entends le vent fougueux, à la fois enfantin et sage, qui a tout vu, tout senti, tout touché en ce monde dont il ne retiendra rien, courir dans l'herbe, esquiver les pierres et soulever les feuilles, j'entends ce son répétitif ralentir, se fatiguer, chercher du repos. Soudainement, tout s'accélère : les graines grandissent, deviennent des arbres, fleurissent, pourrissent et retournent à la terre qui leur a donné naissance. Les oiseaux s'envolent et retombent aussitôt, les yeux perdus dans un vide lointain, les montagnes se brisent, s'effondrent, et sont remplacées par des nouvelles, qui abritent à leurs tours toutes sortes d'espèces, apparaissant et disparaissant, comme des flammes au milieu d'une tempête. Toutes sortes de bruit résonnent dans mon crâne, et, dans ce tourbillon assourdissant, dans ce typhon qui semble pouvoir arracher mon âme, me rendre fou, voler ma raison, dans cet ouragan qui me tire de tous les côtés, moi, pauvre créature, qui n'ai pour seul attache que mon cœur, mes liens avec cette vie que l'on m'a offert et que l'on me reprend ici-même, sur cette terre où je suis né, où l'on m'a façonné, sculpté avec tant d'effort, pour au final me briser sans scrupule, j'entends ces aiguilles fatiguer, j'entends ce son ralentir, je l'entends résonner dans mon corps, au plus profond de mon être, je l'entends se cogner contre mon cœur, contre mes poumons, contre mes artères, atteindre mes os et glacer mon sang comme un froid glacial, comme un vent de l'est, qui aura tout vu, tout entendu, mais qui s'arrête de souffler, et qui laisse tomber ce monde qu'il a façonné, qu'il a porté à travers toutes ces contrées, qu'il a fait voyager, grandir, qu'il a guidé, et qu'il laisse redevenir poussière aujourd'hui, comme une charge que l'on pose au sol pour se reposer après une longue marche. Dans mes derniers instants, j'aurais aimé revoir ma famille. Mais c'est trop tard, mes souvenirs, trop légers, sont restés dans les airs, et je les ai déjà perdus de vue. J'espère qu'un vent nouveau les récupérera et les transportera dans ce monde que je n'ai pas eu le temps de découvrir. Je prie pour que l'on se souvienne de moi, même après ma mort. Je me suis laissé emporté par mon destin trop longtemps, et, aujourd'hui, mes ailes ne sont pas assez développées pour me permettre de m'envoler, de vivre encore un peu. Alors j'admire la seule chose qu'il me reste : un enfant qui pleure, une femme qui crie, qui essaye de le protéger. Une épée qui tombe, une tête qui roule au sol. Je garde avec moi mon dernier souvenir, bien trop lourd pour s'envoler avec les autres, bien trop triste pour être partagé à qui que ce soit.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 02, 2022 ⏰

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