L'argent

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Il était vieux, très vieux. Des rides parcourraient son visage, et ses joues étaient creusées par le temps. Mais, malgré son âge, il paraissait toujours fort et imposant. On aurait pu croire qu'il était en ce monde depuis une éternité, comme un rocher, et que, comme un rocher, il ne disparaîtrai jamais. C'est ce que quiconque aurait pensé si il n'était pas entouré d'un beau cadre en bois, et si, devant lui, des silhouettes noires ne fixaient pas le sol gravement. Serait-il triste de nous voir, recueillis autour de sa tombe, en si petit comité ? Même moi, j'ai de la peine quand je vois le peu de souvenirs qu'il a laissé, remplacés par des montagnes d'or, que personne ne saurait dépenser. Jamais je n'ai partagé un rire avec lui, jamais on a pleuré ensemble, jamais on a parlé autour d'une table. J'oublierais vite son visage si cette photo n'était pas là pour me le rappeler, et je ne saurais même plus ce que je fais au milieu de ces tombes. Pourtant, de toutes les personnes conviées à cette réunion funèbre, je suis sûrement celui avec qui il était le plus proche. Ma mère, à ma droite, était partie avant même que je ne puisse me souvenir de son visage. Jamais je n'aurais cru la rencontrer dans de telles circonstances, et jamais je n'ai souhaité cette rencontre. À sa droite, se tenait mon cousin, un certain Antoine, ou quelque chose comme ça. Et, à ma gauche, il y avait mon frère Alexandre, le seul qui s'est toujours tenu à mes côtés. Lui non plus n'avait presque jamais parlé à notre père, mais il pleurait à chaude larmes. Il pleurait pour tout. Je me rappelle de cette fois où j'ai du le consoler car il avait taché son écharpe. Mais je ne m'en plains pas; de nous deux, c'est sûrement lui qui m'a rapporté le plus de réconfort. Quoiqu'il en soit, on était tous réunit ici, sans raison particulière, si ce n'est qu'on était les seuls à avoir un lien avec notre père. Tout le monde aurait aimé être à ma place, attiré par la douce odeur de l'argent. Mais toute cette fortune ne nous intéressait pas, au contraire. On savait bien que cette odeur n'était rien d'autre qu'un appât, on l'avait remarqué à ses côtés : tous ceux qui sont maîtres de quelque chose sont exposés au risque d'en devenir l'esclave. Mon père, était, fut un temps, très respectée dans le monde du commerce. Il avait su se servir des avancées dans le transport à son avantage, et s'était fait un nom dans l'exportation. Mais, bien que cet argent tant convoité fut à lui, cela ne le rassasia pas, et il parti à le conquête de nouvelles mines d'or. Ainsi, il vécu toute sa vie seul, loin des autres, à emmagasiner pour sa vieillesse, puis à économiser pour sa mort. Ce jour-ci, il a plus dépensé qu'il ne l'a fait en dix années, et nous dépenserons plus en 10 mois que lui en toute une vie.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 07, 2022 ⏰

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