Collision

38 5 0
                                    


Je m'appelle Emily Smith. Attendez, non : bonjour pour commencer. Je deviens malpolie, veuillez m'en excuser, mais je suis tellement pressée de tout vous raconter que j'en oublie les bonnes manières. 

Bon, je recommence à zéro. Bonjour tout le monde, je m'appelle Emily Smith. Et bien que cela puisse ne pas tous vous intéresser, je vais vous raconter ma vie. Enfin, une bonne partie de ma vie : de mes 16 ans, jusqu'à ma mort pour être précise. Oui, ça peut paraître assez long dis comme ça, mais vous verrez, ça passe toujours plus vite que ce à quoi on s'attendait. Allez, c'est parti, installez-vous confortablement et prenez un sachet de pop-corn : mon récit va pouvoir commencer. Ah oui, et pour ceux qui n'en ont rien à faire : rangez ce livre dans un placard, et continuez à vivre vos petites vies merdiques. Voilà, c'est tout ce que j'avais à vous dire. 

Avant tout, je vais devoir vous faire une petite introduction sur mes seize années passées avant le début de mon histoire ; n'étant pas aussi importantes que le reste de ma vie, je ne m'attarderai pas là-dessus. Je suis née à Paris où j'y ai vécu pendant six ans avec ma mère, Diana Smith. Je n'ai jamais connu mon père : ma mère m'a toujours dit qu'il s'était barré pendant sa grossesse, et qu'il n'avait plus jamais donné de signes de vie. Bref, un beau salaud. Hormis ma mère, je n'ai quasiment pas eu de contact avec ma famille. Mes grands-parents maternels vivaient au Pérou et s'étaient embarqués dans une secte religieuse qui les incitait à couper tout contact avec leur entourage, pour je ne sais plus quelle raison débile. Ma mère étant fille unique, je n'avais ni oncle, ni tante, et donc aucun cousin non plus. Quant à la famille de mon père, elle était toute aussi inexistante que lui. Mais ma mère et moi n'avions besoin de personne, nous nous en sortions très bien toutes les deux, dans notre petit appartement parisien. Je n'aimais pas tellement cette ville ; les gens étaient toujours stressés, couraient dans tous les sens, et n'avaient jamais le temps de s'arrêter ne serait-ce que pour ingérer un repas à peu près comestible. J'ai ensuite décidé de déménager à Chicago ; enfin, pas de mon propre chef bien sûr, je n'avais que 6 ans, mais pour le travail de ma mère, qui bosse dans le domaine de la publicité et avait réussi à obtenir sa mutation aux états-unis pour vivre son rêve. Enfin, littéralement, ce n'était qu'un rêve. Car arrivée à Chicago, elle s'est vite rendu compte que la vie américaine n'était pas tellement mieux que la vie parisienne. La vie était agréable, on se sentait moins étouffée qu'à Paris certes, mais tout était aussi cher et il était quasiment impossible de tomber sur une personne sympa et de s'en faire une amie. Les gens étaient autant aigris qu'à Paris, et on ne pouvait compter que sur soi-même s'il nous arrivait un quelconque pépin.

Nous sommes quand même restées onze ans dans cette foutue ville où j'ai été forcée de faire la quasi-totalité de ma scolarité. C'était d'ailleurs assez catastrophique ; pour vous donner un exemple, l'année dernière, pendant ma seconde, j'ai été viré temporairement au moins six fois dans l'année selon diverses raisons, pour finalement être exclue définitivement au mois de mai, après avoir envoyé une de mes camarades à l'hôpital pour avoir divulgué des informations personnelles me concernant ; oui, cela peut sembler assez radical, mais sur le coup, lui mettre mon poing dans la gueule me paraissait nécessaire. 

Enfin, pas selon ma mère, qui a donc pris la décision de se faire muter à New York afin que l'on reparte toutes les deux sur de bonnes bases. Après m'avoir sermonnée pendant quelques heures, elle m'a tendu un carton pour m'annoncer la nouvelle. Je ne savais pas trop comment me sentir ; en fait, j'étais partagée entre la flemme de devoir déménager une nouvelle fois, mais également la joie de quitter enfin cette satanée ville. La joie a vite pris le dessus sur la flemme et je me suis hâtée pour vider au plus vite ma chambre. Une fois les cartons emballés et l'appartement vidé, nous avons loué un camion de déménagement et sommes partis tout droit vers la ville qui ne dort jamais, en faisant une petite escale en Pennsylvanie. Escale qui ne dura pas longtemps ; n'étant pas habitué à l'odeur du foin et des porcs, j'eus failli choper une urticaire. 

Disturbed TeenagersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant