Ce matin le réveil me sort d’un rêve étrange, comme le reste du week-end. Je suis presque soulagée d’entendre la sonnerie, et débuter cette nouvelle semaine. Quarante huit heures de pure paix intérieure, juste de quoi vider mon cerveau et repartir sur une base neutre, une feuille blanche.
Après vingt minutes pour ma routine du matin, j’avale la moitié de mon café, et prends la direction de l’école. Je resserre ma veste autour de moi, et presse le pas, la musique dans les oreilles « Wisdom’s a gift, but you’d trade it for youth. Age is an honor, it’s still not the truth ». Je me fonds dans cet amas de gens s’empressant dans le métro, les taxis, sur leur vélo. L’agitation de la ville est une chose étrangère pour moi. Bien loin des deux milles habitants, de l’unique école à côté de l’église où tout le monde se connaît, je découvre à présent une réalité bien différente. Je pensais que j’aurais du mal à m’adapter, pourtant rien ne me semble insurmontable depuis que je suis ici.
Le son à fond dans les écouteurs, j’emprunte l’allée principale jusqu’à ce qu’une main m’attrape le bras. Une prise légère, presque hésitante. Derrière moi Elva, les joues rouges, esquisse un sourire, et se confond en excuses alors que je n’entends pas la moindre de ses paroles. Je range mon compagnon de route, et me poste devant elle.
— Pourquoi je n’ai rien trouvé…
— Salut, heu… désolée je n’ai rien entendu, tu disais ?
— Je disais que j’étais navrée de t’avoir embêté avec mes messages le week-end et que j’ai essayé de faire une recherche de mon côté mais je…
— Tu n’as rien trouvé, dis-je en terminant sa phrase.
Elle acquiesce, et scanne le hall du regard. Je me garde de lui dire que, moi aussi, j’ai entrepris des recherches de mon côté, sans grand succès.
— D’ailleurs comment tu as trouvé son nom ?
— La liste d’appel, sourit-elle simplement.
Evidemment ! Cette nana marque des points.
— Je crois qu’il ne reste plus qu’une solution, soupire-t-elle.
Avant que je n’aie eu le temps de répondre, elle fonce déjà droit devant elle. Je la suis du regard jusqu’à l’apercevoir. Accoudé près de la porte, l’air nonchalant, tête baissée, le visage camouflé par sa capuche. Tout chez lui crie « ne me faites pas chier », et pourtant… J’adopte la même position, prête à assister au spectacle. Finalement cette file n’a pas froid aux yeux. Grand bien m’en fasse !
Mieux vaut elle que moi. J’ai un angle de vue parfait sur la scène et la surprise sur son visage, lorsqu’Elva lui tape poliment sur l’épaule.
Elle se lance dans une tirade, qu’il balaie rapidement d’un signe de tête, avant de retrouver le confort de sa cachette.
J’avoue me sentir un peu mal pour elle, devant sa mine déconfite, quand elle avance vers moi.
— Nous n’avons pas choisis la personne la plus aimable de la terre, se plaint-elle
— Ce qui veut dire ?
— Qu’à part un «je sais ce que j’ai à faire » et un regard noir, je n’obtiendrai rien de plus.
Génial ! Un putain de sauvage au caractère de merde !
— Alors s’il sait ce qu’il a à faire… J’attends jusqu’à la fin de la journée pour qu’il se bouge, autrement… j’irai le voir.
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S(he) loves me
RomanceLa vie n'a de cesse de nous surprendre. Parfois il suffit simplement de suivre son instinct, ses envies, ses rêves. Mais jusqu'où nous conduiront-ils ? L'enfer peut s'avérer plus proche du paradis qu'on ne le pense. S'appellerait-il Nathanaël ?