Sweet tease

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Je fais ce que je dois. Rien de plus. Depuis la mort de Finn, je suis vide. Abby, ma mère, a bien essayé de me rappeler l'importance des sentiments humains, mais sans succès. À quoi sert le souvenir d'un sourire, s'il est gâché par la mort ? Et pire encore, si je suis celle qui est responsable de cette mort... C'est moi qui ai planté la lame, et avant même que Finn ne soit capturé, c'était déjà à cause de moi qu'il s'était lancé dans sa quête et qu'il avait tué toutes ces personnes.

Lorsque je l'avais dit à la commandante des Natifs, elle n'avait pas été surprise. Comme si elle savait depuis toujours les pensées qui m'animaient, comme si, d'une certaine façon, je lui ressemblais assez pour qu'elle puisse lire en moi si facilement que ça me faisait peur.

Pourtant, entre me retrouver face à ma mère et ses bonnes intentions qui ne faisaient que m'ennuyer, ou rester avec Lexa et son visage impassible à trouver le meilleur plan de bataille, je préfère encore la commandante et la guerre qui approche. De près, elle ne fait pas si peur que ça, finalement. Et sans ses guerriers, lorsqu'il n'y a plus que nous deux sous sa tente, c'est encore mieux. J'ai la sensation que c'est elle qui a soudain peur de moi... je dois probablement me faire des idées.

- Clarke, il se fait tard. Tu devrais rejoindre les tiens.

- Ils doivent sans doute déjà dormir. Je peux rester ici ? Et demain matin, on pourra continuer à préparer nos plans.

Je sais déjà que Lexa acceptera ma demande. Sa façon de m'observer, de me jauger, m'indique qu'elle préfère ma compagnie à celle de toute autre personne. Alors peut-être qu'elle aussi, elle a ce besoin de fuir quelque chose, de fuir son humanité ? Après tout, nous sommes les deux leaders de deux peuples différents qui vont combattre ensemble pour la première fois contre un ennemi commun. Parmi toutes les obligations que ce rôle implique, y a-t-il encore la moindre minuscule place pour une trace d'humanité ?

La commandante hoche la tête, et ordonne à ses hommes de dresser un lit à côté du sien. Nous savons toutes les deux qu'aucune n'arrivera à dormir. J'ai envie de hurler, de courir, mais je ne peux pas. L'énergie que je ressens m'empêche de me reposer, et même une fois que les lumières s'éteignent sous la tente, et que Lexa et moi sommes allongées dans nos lits respectifs, je me tourne et me retourne sans arrêt, les yeux ouverts.

- Dors, Clarke.

- Nous ne sommes pas tous aussi calme que toi lors des nuits qui précèdent une guerre, Heda.

Ma réplique ainsi que l'utilisation de son titre honorifique ont l'air de profondément l'énerver, puisque je l'entends soupirer.

- Comment tu fais pour dormir, Lexa ?

- J'ai l'habitude. Tu devrais fermer les yeux et ralentir ta respiration, par exemple, au lieu de me parler et de t'agiter ainsi.

- Facile à dire...

- Je suis sérieuse, Clarke. Si tu continues de te retourner encore et encore, je viendrai t'attacher à ton lit.

Sa réponse m'intéresse. Finalement, je souris et me retourne une fois de plus sur mon matelas. Un grognement se fait entendre, juste avant que je ne sente un poids sur moi, et des mains emprisonner mes poignets. Le corps de Lexa contre le mien et son agacement que j'ai ressenti lorsqu'elle a laissé échapper ce grognement me donnent envie de la provoquer de plus belle.

- C'est sûr que si tu me rejoins dans mon lit, j'aurais encore moins envie de dormir, Heda... dis-je d'une voix chatoyante que j'ai moi-même du mal à reconnaître comme étant la mienne.

- Ne me cherche pas, Clarke, réplique-t-elle avec un nouveau grognement qui me fait frissonner.

- Sinon quoi ?

Mon murmure est accompagné d'un regard fiévreux que je vrille dans le sien. Je me noie un instant dans ses yeux verts, je les vois s'assombrir... serait-ce du désir ? Je relève légèrement la tête, m'approchant de son oreille que je viens mordiller. Elle grogne une fois encore. J'ai plus que jamais conscience de la pression de son corps sur le mien, j'essaye de bouger mais je ne parviens qu'à faire un bref mouvement qui donne l'impression que je veux me frotter contre elle. Ce qui n'est pas totalement faux...

Je la sens trembler au-dessus de moi, comme si elle se retenait et que cela lui était particulièrement difficile. Le visage toujours dans son cou, je couvre sa peau de légers baisers, que je finis par accentuer et transformer en morsures.

Soudain, Lexa tourne la tête et attrape mes lèvres dans un baiser sauvage, sa langue vient rencontrer la mienne et envahir ma bouche. Un gémissement m'échappe face à toutes ces sensations qu'elle me fait ressentir. J'en veux plus, je la veux. Au diable l'humanité, les responsabilités, la guerre, les sentiments...  

Just one night with youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant