Est ce que tu m'entends ?

II- À nos trousses

De notre placard à balais, on pouvait entendre le surveillant approcher et hurler dans toute l'école.

" SORTEZ DE VOTRE CACHETTE ! JE SAIS OÙ VOUS ÊTES, IL N'Y A PAS MILLE ENDROITS OÙ VOUS POUVEZ VOUS CACHER ! "

C'est vrai, ça. Il pourrait nous trouver de notre cachette.

" SI JE VOUS VOIE, JE VOUS FAIT LA PEAU ! "

Ça commence à me faire très peur, là.

" J'AI SORTI UN FLINGUE, JE N'HÉSITERAI PAS À L'UTILISER CONTRE VOUS ! "

Bon eh bien, je suis fichu.

" J'AI DIT... "

J'espère que j'ai nourri le pigeon qui vient à ma fenêtre tout les matins...

" ... SORTEZ À 3... "

... et même Billy, mon berger allemand.

" 2... "

Il n'en à pas l'air, mais il est adorable.

" 1... "

Soudain, il s'approche de notre placard. Il regarde attentivement par la fenêtre plissée.
À ce moment là, je ne savais pas ce qu'il se passait dans sa tête. Il nous a regardé une bonne minute. Je regardai Opaline ; elle faisait quelque chose avec ses mains...
Un bruit immense retentit soudainement : un son lourd, mais suffisamment intriguant pour que le surveillant s'en aille.

" Ouf ! On a eu chaud, me cria Nolan.

- La ferme ! J'essaie d'écouter un truc.

- Les voix ? se lève soudainement Opaline. Tu les entends, toi aussi ?

- Les... Les voix..? Tu veux dire... Celles ci ? demanda -amicalement- Ava.

- Oui, et, des fois, je vois des ombres aussi.

- Des ombres ?!" s'exclama Nolan.

Opaline acquiesça.

" Si je comprends bien, dit Ava, tout les trois sommes confrontés à des voix - pour mon cas et celui de... Opaline -, des ombres pour Nolan et Opaline et... Rien du tout pour Bénédicte !

- Je vais me contenter de vous accompagner, dis-je en boudant. Sortons d'ici, on crève de chaud. "

Enfin libres, nous pûmes explorer un petit peu l'école. Ma lampe torche en main, la voie était plus tranquille, désormais sans le surveillant de nuit.

" Dis moi, Opaline, où est ce que tu habites ? demandais-je.

- Oh, je ne sais pas trop comment expliquer. Mais j'essaierai de te montrer, la prochaine fois.

- Autant me montrer maintenant !

- Eh bien, c'est compliqué..."

Anxieuse, elle s'arrêta de parler et continua de marcher. Je décidai de stopper la conversation.

"Les gars... C'est normal si j'entends quelque chose ? frissonna Ava.

- Ok, c'est terrifiant, là, dit Nolan. On devrais sortir.

- COUREZ ! "

Nous nous sommes rués vers la sortie. Je ne voyais rien, je n'entendais rien. Mais tout ça n'apportait rien de bon : peut être était-ce des esprits, ou... Une blague ? Oui, si ça se trouve, c'était une blague ! Mais au cas où, je courais avec eux, terrifié à l'idée de ce qu'il pouvait m'arriver si je restais.

Enfin arrivés à la porte de sortie, Nolan claqua la porte, et la tena encore trois grosses minutes, pour être sûr d'être en sécurité.

" Bon sang ! dit Ava, à la fois énervée et essoufflée. Qu'est ce qu'on fait, maintenant, hein ?

- On doit mener une enquête, annonça Nolan, à la fois sérieux et excité.

- Et qu'est ce qu'on fait d'elle ? On sait même pas où elle habite, qui c'est... On la connais même pas !

- Écoute, dis-je en soupirant, elle aussi peut entendre ces choses. Alors on doit la garder avec nous ! D'ailleurs, depuis quand tu peux voir ces trucs, Nolan ?

- Depuis... "

Il s'arrêta et regarda Ava. Il se tourna à nouveau vers moi et me dit :

" Depuis la disparition d'Émilie. Alors si tout ça a un lien avec elle...

- ... On pourra peut être la trouver. Bien ! Je peut entendre des voix dans ma tête, un autre voit des monstres dans la rue, tout est normal et vous allez me dire qu'on va retrouver Émilie avec une malade mentale qu'on vient de retrouver dans l'école ? Vous êtes complètement malades !

- Je ne sais pas toi, mais son propos tient..." me chuchota Nolan.

Opaline s'avança vers nous. Elle nous dit d'une petite voix :

" On m'a dit que j'avais besoin de vous...

- Bien sûr ! Tu vas me dire que t'entends des voix aussi, comme par hasard ! "

Ava marqua un arrêt et soupira encore une fois.

" Vous savez quoi ? Je vais vous suivre dans votre petit délire. Mais je le fais juste pour Émilie ! Si on découvre quoi que ce soit qui peut nous blesser, je me tire d'ici ! "

Victorieux, je m'adressa à Opaline.

" Tu viens aussi ?

- Oui, après tout, je suis venue avec vous. "

Elle était vraiment bizarre, mais elle pouvait peut être nous aider. Après tout, c'était une affaire sûrement paranormale, donc elle pourrait peut être s'y connaître !

                             ***
Il faisait déjà nuit, et je me souvins que j'étais censé acheter des feuilles A3. Cela faisait à peu près 20 minutes que j'étais ici, et ma mère allait sûrement me tuer en rentrant.

" Mince ! Les feuilles ! J'ai menti à ma mère que j'allais en acheter, et j'étais censé rentrer !

- Et j'étais censé dormir chez toi... me dit Nolan en se frottant la nuque.

- Vous êtes vraiment pas doués... dit Ava en levant les yeux au ciel. Bénédicte, t'as qu'à cacher Nolan chez toi. De toute façon, demain c'est samedi. Et pour les feuilles, tu dis qu'il n'y en avait plus, et que tout le monde t'a bousculé!

- On dirait que tu as fait ça toute ta vie, plaisantai-je. Bon, Bénédicte, on est obligés de faire ça. Au pire, je dormirais par terre ! "

Je hocha la tête et fit un signe à Opaline et Ava avant de me diriger vers chez moi. La rue était plongée dans l'obscurité ; pas le moindre chien ni voisin dans les parages.
J'arriva devant chez moi. Je cacha Nolan derrière un buisson, et le coeur battant la chamade, je sonna à la porte.