Les yeux du sorcier

Chapitre 3

- Bien, commençons par le début, si vous le voulez bien, Mlle Scott, propose Egdard Slleps.
- Excellente suggestion ! aboie Samantha sur un ton ironique.
Sans relever la remarque, l'étrange vieillard poursuit :
- Voyez-vous, il existe une légende cananéenne relatant les péripéties d'une femme superbe, inviolée et inviolable défendant son peuple contre toutes sortes de démons, massacrant les incultes et formant les apprentis à diverses...pratiques. Et, fait étrange, on retrouve cette « femme » dans beaucoup d'autres histoires, de tous les pays, de toutes les cultures, hormis les religions asiatiques qui n'y font jamais référence. Même Platon semble l'avoir décrite dans un de ses textes.
- Lequel ?
- un de ceux qui ont « disparu ». Bref, cette héroïne est reconnue par tous comme une farouche guerrière, une puissante magicienne et également une savante avisée.
- C'est incroyable le nombre de personnes qui me parlent de choses ne me regardant absolument pas aujourd'hui, dit Samantha, tandis que son regard se détourne vers les deux hommes avec lesquels elle s'est battues près du campus.
- Détrompez-vous, Mlle Scott...
- Appelez-moi Sam, coupe sèchement cette dernière.
- Détrompez-vous, disais-je, cette histoire vous concerne en tout point de vue.
Gary se penche vers l'oreille de sa sœur :
- C'est bizarre, tout le monde a l'air d'être au courant qu'on fait de la magie.
- Vous avez une réflexion dont vous voudriez nous faire part, Gary ?
- M. Scott me convient parfaitement, à moi, rétorque-t-il d'un regard fulgurant.
Vexé, il s'enfonce dans son siège tournant sans piper mot.
- Très bien. Il faut à présent que je vous parle de la face sombre de la légende, affirme Slleps avant de marquer une pause.
- Cette femme avait un allié, qui, lui, s'intéressait aux pratiques occultes les plus...illicites. Ce qui ne l'empêchait en rien d’œuvrer au service du bien. De plus ce mage noir était protégé contre la terrible loi du Karma. Le seul humain au monde à l'être. Cet homme était...

Slleps dirige alors ses yeux perçants dans ceux du sorcier.
- Son frère.
L'estomac de la jeune fille se noue.
- … jumeau, je tiens à le préciser.
Prise de nausée, l'adolescente porte la main à son ventre.

Quant à Gary, une bouffée d'angoisse remonte des profondeurs de ses entrailles.
Autour d'eux, l'assemblée, assise autour d'une grande table circulaire en métal les observe, notant de manière silencieuse leurs réactions.
Samantha pressent de nouvelles complications dans sa vie.
Tous ses nerfs sont tendus, son cœur bat la chamade. Qui est cette femme dont Slleps parle, et pourquoi lui ressemble-t-elle autant ? Il s'agit peut-être d'une coïncidence, qui sait ? C'est une légende, après tout, ce qui veut dire qu'il y a cinquante pour cent de chances qu'elle soit vraie, et cinquante pour cent aussi qu'elle soit fausse. « Même Platon ? » pense-t-elle, torturée par le doute. La lampe qui éclaire la salle se met à grésiller, faisant vaciller al lumière.

Gary prend la main de sa sœur :
- Calme-toi, Sam.
Le phénomène s'apaise, puis Slleps déclare avec une expression satisfaite :
-Eh bien, je vois que vos aptitudes sont vraiment très supérieures aux sorciers normaux.
Dégoûtée, la jeune fille réplique par une question :
- De toute façon, quelle est la date inscrite sur tous ces textes ou mentionnée dans ces contes ?
Edgard Slleps éclate de rire, puis se reprend :
- Justement, aucun indice sur l'ancienneté de cette légende n'est indiqué.
Gary répond par une moue perplexe.
- Pire, avoue, Slleps, certains pensent qu'ils 'agit en vérité d'une prophétie.
Sam bondit :
- Cela peut aussi bien correspondre aux désirs d'une population en détresse, ce qui expliquerait que ceci n'est qu'une énorme coïncidence !
L'expression sceptique de Slleps désarme la jeune fille. Après quelques instants de silence tendu, elle déclare :