douze

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Vue de haut, Shibuya était un agglomérat d'immeubles plus grands les uns que les autres. Certains, ceux qui n'ont pas le vertige ni la peur du vide, diraient que c'est une des meilleures prises de vue. Surtout pour méditer. Kisaki se tenait au bord du toit, les yeux rivés vers l'horizon, les mains dans les poches. Quant à Hanma, il était tout simplement assis aux côtés de Kisaki. Le silence de plomb se brisa quand Aoi se dirigea vers les deux garçons, les poings serrés.

- Kisaki. On tarde trop. (Aoi croisa ses bras sur sa poitrine. Ses yeux lançaient des éclairs.) Qu'est-ce qu'on attend pour attaquer le Tokyo Manjikai ?

La patience n'était pas une des meilleures qualités d'Aoi. Blue la réprimandait beaucoup sur ça. Kisaki poussa un soupire.

- On les attaque d'abord en traître.

Hanma réprima un ricanement par un sourire et ses yeux mordorés brillèrent d'une lueur mauvaise.

- Il faut humilier le Toman. Et le meilleur moyen de le faire, c'est de les attaquer séparément.

Aoi ne trouva rien à redire sur qu'Hanma avait dit.

- On s'en tient au plan, OK.

La jeune fille observa l'horizon, prête à accomplir sa revanche, peu importe les moyens employés. Blue allait voir qu'Aoi ne se laissait jamais faire. Dans l'ombre, Sayaka avait tout écouté de la conversation entre les trois adolescents, silencieuse. L'incident du Kantô allait se déchaîner.

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- Tu es le SDF le plus classe du Japon !

Mirai pouffa avant d'adresser un sourire franc à Izana qui tirait une tête de dix kilomètres de long. Mirai l'avait croisé dans la matinée au même parc où ils s'étaient rencontrés la première fois. Comme promis, la jeune fille ne voulait pas qu'il s'ennuie et l'avait donc emmené faire les boutiques avec elle. Refusant à plusieurs reprises qu'elle lui achète des vêtements, Izana avait dû céder. Non pas comme si Mirai pouvait lui mettre un couteau sous la gorge. Izana avait troqué ses vieux habits contre un pantalon blanc, un pull noir qui dévoilait ses épaules tannées avec un débardeur clair. Mirai trouvait ses boucles d'oreille très fascinantes.

Mais Izana n'avait pas voulu lui dire où il les avait eues. Un peu déçue, Mirai abandonna l'idée de lui faire cracher le morceau. De plus, elle lui avait coupé les cheveux avec tout son talent de coiffeuse ainsi que rasé derrière ; le résultat était plutôt bien réussi. Izana n'avait plus de moustache ni de barbe.

Pour bien poursuivre la journée, elle l'emmena au cinéma. Il fallait absolument qu'elle voit un film, mais comme elle n'aimait pas y aller seule, Izana était une bonne occasion.

- Tu verras ! Le film est super cool, ça fait une semaine que je l'attends !

Dans la salle de cinéma, il n'y avait pas grand-monde. Un couple de personnes âgées, quelques parents et trois enfants. Izana n'était pas du tout attiré par le cinéma ni les films en général mais si ça pouvait faire plaisir à l'énergumène.

La salle se plongea dans le noir. Le film démarra quelques minutes plus tard. L'histoire parlait d'un homme adulte qui revenait sur les terres de son enfance, renouant avec son passé et son père, tout ça entremêlé de rêves et d'analepses de sa vie.

Durant une bonne partie du film, Mirai n'affichait aucune expression particulière, le visage dénué d'une quelconque émotion.

Elle trouvait le film nul.

Pourtant, ce fut la seule à pleurer durant la scène de retrouvailles entre le père et le fils. Une scène un peu ridicule sentimentalement parlant. Même Izana baillait devant. Il ne s'alarma pas non plus en voyant Mirai pleurer silencieusement.

𝐝𝐞𝐚𝐭𝐡 𝐩𝐚𝐫𝐚𝐝𝐞 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant