Les deux princes

CHAPITRE 2 : LE BAL

Dés leur arrivée à Poudlard, Harry comprit que cette soirée serait, comme l'après-midi, riche en émotion. Devant lui s'élevait le château. Il était somptueux, ce château, magnifique, et il renfermait les plus beaux souvenirs de sa vie. Les plus beaux, mais les pires aussi. Il soupira. A ses côtés, il sent Ron se tendre légèrement, puis s'arrêter.

« -Je ne veux pas y aller, » murmura ce dernier, la tête basse.

Harry s'arrêta et se retourna. Hermione et Ginny regardaient Ron, les yeux embués, tandis que celui-ci tremblait comme une feuille.

« -Je ne peux pas. Je ne p... Mon frère est mort ici. Mon grand frère. Putain, mon grand frère est mort ici et McGonagall pense que je vais finir fêter quelque chose dans ce même endroit ? Non, non, je rentre. »

Harry se passa la main dans les cheveux, avant de s'avancer vers Ron et de poser ses mains sur ses épaules, doucement. Ce dernier leva des yeux remplis de larme et les plongea dans ceux, émeraudes du Survivant. Bien qu'il soit sur le point de pleurer, ses sourcils étaient froncés, comme s'il était totalement sûr de lui à ce moment-là.

« -Ecoutes, Ron... Je sais que c'est dur, je le sais très bien. J'ai été un gros lâche de vous abandonner pendant cette dernière année, un putain de gros lâche, parce que c'était peut-être le moment où vous aviez le plus besoin de moi. Mais maintenant je suis là, et les choses vont changer. Il faut qu'on commence à célébrer, à arrêter de pleurer et à célébrer la vie que les gens ont perdue pour nous, pour nous tous. Ton frère en faisait partie. Tu sais, McGonagall doit bien savoir que l'entrée dans le château sera la chose la plus dure à faire pour la plupart d'entre nous. Mais elle sait aussi que plus que tout, on a besoin de le revoir en bon état. Pour que nos mémoires ne soient pas salies. Pour que l'on puisse se dire : « C'est ici qu'on a vaincu. ». Je sais bien que c'est facile à dire, et crois moi, j'ai autant envie de partir d'ici que toi. Tu crois vraiment que j'ai envie de croiser tout le monde, de me retrouver au milieu de la foule ce soir ? Non, je donnerai tout ce que j'ai pour passer la soirée avec seulement vous deux. Mais je dois le faire. Pour moi, pour vous deux, et pour Fred. Pour tous ceux qui ont perdus la vie ici et qui espéreraient sans doute que nous soyons là pour les en remercier. » Il respira profondément, avant d'ajouter, un petit sourire aux lèvres, « Et puis tu sais quoi, on a qu'à écouter le speech de McGonagall, et voler une bouteille. On ira se bourrer la gueule dans le parc, histoire que ton frère soit fier de toi. Et puis, j'ai tellement de choses à vous raconter ! »

Ron ne put s'empêcher de rire, et hocha la tête, tandis qu'Harry le serrait dans ses bras. Hermione, attendrie, regardait la scène en serrant la main de son amoureux le plus fort possible. Harry s'approcha ensuite de Ginny, et entoura les épaules de la jeune femme de son bras, lui pressant légèrement l'épaule. La jeune femme, secouée de légers sanglots, hocha la tête comme pour rassurer le garçon, et tous les quatre se dirigèrent vers l'entrée du château.

Dès qu'Harry pénétra dans la Grande Salle, un silence de plomb tomba sur celle-ci. Génial, absolument génial, à croire que personne n'arrive à réagir ces derniers temps, se dit-il en baissant les yeux. La plupart des élèves semblaient prêt à lui sauter dessus pour le remercier de les avoir sauvé de Voldemort. Mais Harry ne voulait pas être remercié. Il avait fait ce qu'on lui avait demandé de faire, sans jamais le vouloir. Et maintenant, il resterait avec cette acte sur la conscience tout le restant de sa vie. Ils venaient de sortir d'une guerre, et n'avaient pas besoin de remercier quelqu'un en particulier. Le jeune homme savait bien qu'il était plus facile de célébrer la victoire d'une personne plutôt que la mort de toutes les autres, mais il savait aussi, pour l'avoir fait lui-même, que tant que ces gens ne se mettraient pas face à leur douleur, celle-ci ne passerait jamais.