Bittersweet | ᴶᴶᴷ+ᴷᵀᴴ

⟣𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞𝟑⟢

" A la prochaine, mon garçon "

J'acquiesçai et regardai mon client partir avec un de ces sourires béats sur le visage.

Mes jambes encore flageolantes, je tentais de marcher du mieux que je pouvais jusqu'à la douche, m'arrêtant un instant devant mon reflet. Je m'apercevais que les poches noires que j'avais cachées, par le biais d'anti-cernes, étaient à présent visible à cause de la sueur.

C'était froid.

L'hôtel où il m'avait emmené n'avait même pas d'eau chaude, mais je préférais ne pas m'attarder sur ça. J'entrai dans le bain gelé et frottais ma peau, de faire en sorte qu'il n'y avait plus aucune trace du passage de l'homme qui venait de me baiser. Je me devais d'être toujours propre pour la qualité de mes services.

Alors que je passais l'éponge de bains sur mes jambes, je remarquai sur mon poignet des grosses marques violettes que m'avait laissées un mec avec lequel j'avais eu une petite altercation quelques jours auparavant.

" Connard "

Je me hissais hors de la baignoire, repassais un coup de maquillage sur mon visage et me rhabillais, me dépêchant ensuite de quitter les lieux. J'avais un autre rendez-vous, cette fois-ci chez moi.

Dans le bus, mon téléphone ne cessait de vibrer, m'informant de l'impatience qu'avait la personne au bout du fil. Je finis par décrocher. Mon interlocuteur commença à gueuler, j'étais obligé de sillonner les autres passagers pour m'assurer qu'ils n'entendaient rien de ces jurons, qui fusaient dans mes tympans.

" J'arrive tout de suite "

Répondis-je, un semblant de sympathie dans la voix, avant de couper.

Je collais ma tête à la vitre, me permettant quelques minutes de repos, que je n'eus pas à cause des coups de frein causé par chaque arrêt.

Clink.

Je descendais enfin à mon arrêt, mon immeuble était juste en face. Il me fallait tout simplement traverser la rue et j'étais mon chez-moi. Mon nez se fronçait machinalement quand je franchissais le rez-de-chaussée, qui empestait la pisse et l'alcool. Je résidais là où se réunissaient les junkies, les prostitués et les dealers de Séoul, l'insalubrité à son apogée.

Pour l'instant, je ne pouvais me payer que ça et, encore, il m'arrivait de ne pas réussir à compléter le loyer.

Ding.

L'ascenseur arriva à mon étage.

Je sortais une clé de ma poche et me dirigeais vers la porte de mon appartement, où se dressait mon colocataire, l'aura toujours aussi meurtrière. Je fis comme si je n'avais pas remarqué sa façon de me fixer et lui adressait un faible sourire, désolé.

" Je m'excuse du retard, j'étais— "

" Je m'en fou de ce que t'as pu faire "

Me coupa-t-il sèchement.

Il s'emparait de la clé dans ma main puis l'enfonçait violemment dans la serrure. La porte s'ouvrit et il se pressa jusqu'à sa chambre, claquant sa porte comme un adolescent en pleine crise.

Pendant une millième de seconde, ma bouche resta grande ouverte.

Cela faisait 2 ou 3 mois que nous habitions ensembles et il n'avait toujours pas l'air de me porter sur son cœur. Cette situation m'exaspérait, surtout parce qu'il était très différent de mon ancien coloc.