Le trajet infernal

Hannah

4 septembre 2011

Aujourd'hui, c'est mon premier jour dans mon nouveau lycée. Je m'appelle Hannah Croww, et j'habite depuis moins d'un mois dans un petit village perdu dans la campagne entourant la ville de Leavenworth. Le lycée le plus proche se trouve donc en ville, à environ 45 minutes d'ici. Heureusement, mes parents n'auront pas à m'emmener au lycée chaque jour étant donné qu'un unique bus passe à deux pas de chez moi.

Je mets mes écouteurs et je lance ma playlist préférée qui va m'aider à être motivée pour cette première journée. Je sors de ma maison, c'est une belle maison de campagne, immense par rapport à mon ancien appartement à New York ! Lorsqu'on passe le portail, il y a une petite route en ligne droite qui, si on tourne à droite à partir de mon portail, mène à la ville en elle-même. Aux alentours, il y a énormément de champs, et nos seuls voisins sont un couple de retraités, ainsi qu' un couple de fermiers et leurs animaux. Si on continue sur cette route, on peut trouver une forêt magnifique où j'adore aller pour imaginer de nouveaux scénarios de films. Au bout de cette forêt, il y a une falaise vraiment très profonde. Elle est effrayante, je ne m'y approche jamais de trop près !

J'ai 17 ans, je suis en première et j'aime beaucoup aller au lycée pour découvrir de nouvelles choses. Je suis une élève appliquée et sérieuse, pour le plus grand bonheur de mes parents. J'aimerais beaucoup être productrice et scénariste de films thriller, c'est ma plus grande passion. J'écris beaucoup, j'ai déjà publié plusieurs de mes histoires. Je suis plutôt petite, assez mince. Mes cheveux sont blonds, raides et coupés en carré courts. J'aime bien mon style vestimentaire, simple mais efficace. Aujourd'hui je porte un jean et un petit haut moulant rose : mon préféré !

Je monte donc les marches vertigineuses de ce fameux bus, jaune comme dans les années soixante ! Avec la musique dans mes oreilles, je ne prête pas attention au chauffeur, un peu froid, qui ne me salue même pas. Il est très mince, vêtu d'un jean, d'un pull et d'un bonnet noir. Il est neutre, ne dit pas un mot, il est presque... effrayant !

Je m'assois, un peu étonnée d'être complètement seule dans le bus.  Or je ne m'attarde pas sur ce détail et me replonge dans mon sommeil, étant donné que le trajet durera trois quarts d'heure. D'ailleurs, ces sièges si confortables m'aident à sombrer très rapidement. Le bruit de la porte qui s'ouvre dans un « bip » assourdissant me réveille, j'émerge difficilement. Je me rends compte qu'il n'y a toujours que moi dans le véhicule. Puis, lorsque j'enlève ma veste, je me rends compte que j'ai un bleu, et je suis certaine que je ne l'avais pas avant d'être monté dans ce bus. Etrange, vraiment étrange... Je calme mon cerveau débordant d'imagination : je me suis cognée contre la vitre, c'est certain.

Je passe le haut portail blanc du lycée, j'ai froid. Je tremble. J'angoisse. Pourquoi ? Je n'en ai strictement aucune idée ! Il y a un grand soleil dehors, il fait chaud. J'adore étudier et hier encore j'étais vraiment heureuse de découvrir un nouvel établissement où il y a une option dont je rêve depuis tant de temps : cinéma. Je me raisonne, je serais très bien ici ! Peu à peu, mon angoisse disparait, et la journée se déroule impeccablement.

Ce soir-là, je sors du lycée accompagnée de Chelsea, une fille adorable que j'ai rencontrée ce matin, dans ma classe cinéma. Cette dernière me demande quel bus je dois prendre, et je cherche du regard le bus que j'ai pris ce matin... introuvable. Elle s'en va, me laissant chercher mon bus égaré. Je décide alors de marcher et, dans une ruelle sombre, comme perdue, je l'aperçois. Je me souviens à présent, c'est ici qu'il m'a déposée ce matin ! Je suis soulagée. Quand j'y pense, pourquoi ne s'est-il pas garé au même endroit que les autres bus ?

Le fameux véhicule semble tout droit sorti d'un film des années cinquante ! Il est immense, trop grand pour moi toute seule. Ce matin, je m'étais dit que ce soir, peut-être, il y aurait d'autres élèves, et bien non, absolument pas ! Il est là et il n'attend que moi. Une fois montée dans le bus, j'ai la vague impression que quelque chose en moi me pousse à m'installer à cette place, la même que ce matin. Je chasse encore une fois les suspicions de mon esprit. Coïncidence, cela ne peut être qu'une coïncidence !