polaroid boy | ʰᵉᵉʷᵒᶰ

cinq papillons et une lampe

ㅤYang Jungwon a du mal à s'exprimer.

ㅤYang Jungwon est un assez bon élève mais il possède des difficultés, dont l'une est qu'il ne sait pas expliquer. Malgré tous ses efforts pour se faire comprendre, ses gestes et ses mimes, ses lamentations et ses soupirs, Jungwon n'arrive pas à expliquer. Il voudrait bien se dire que c'est juste Heeseung qui ne le comprend pas, mais il sait que son aîné n'est pas le seul à tenter de décrypter ce qu'il tente de lui expliquer. Le plus âgé lui a dit de prendre son temps - phrase bien trop souvent remplacée par des « laisse tomber », « j'abandonne » ou « viens m'aider » par ses camarades - mais il est certain que c'est peine perdue. Comment faire comprendre à quelqu'un que coucher sur un bout de papier ce qu'on trouve joli n'est pas qu'un passe-temps mais bien une partie intégrante de sa vie ? Cela ne semble peut-être pas plus compliqué que d'admirer une photo, mais Jungwon ne trouve pas ses mots. Dans sa tête les phrases se bousculent et le rendu n'est pas joli.

— C'est important pour toi ? Heeseung hausse un sourcil, il croit bien comprendre où son cadet veut en venir.

ㅤJungwon hoche vivement la tête, assis sur le dossier du banc, à l'ombre du grand arbre dans la cour. Heeseung sourit, lui simplement assis sur le banc, adossé près des jambes de son cadet. Ils ont quitté l'infirmerie, Sunoo, en voyant son jumeau qui n'en est pas un regarder Heeseung avec des yeux brillants, les a laissés seuls tous les deux. Alors ils ont parlé, échangé quelques idées, des mots dans le vague et des sourires à la volée. Heeseung a mis la main sur quelques mots pour parler de lui, de ses amis, sa vie. D'après lui elle est banale, normale, presque insignifiante.

— Pourquoi vouloir me prendre en photo ? Heeseung tourne la tête vers Jungwon, les faibles rayons du soleil reflètent le bleu profond perdu dans ses cheveux.

— Tu brilles, répond simplement Jungwon.

ㅤIl a parlé sans réfléchir, sur le moment il ne savait pas quoi dire. Jungwon ne sait pas pourquoi. Il n'a jamais su pourquoi l'hortensia de sa mère est si vif à ses yeux, pourquoi les portes manteaux du lycée semblent si attrayants ou sa cuillère si captivante. Alors pourquoi Heeseung ? Oui, il est beau, il brille, Jungwon le désire.

— C'est tout ? s'enquit le terminal.

— Tu m'intrigues, reprend Jungwon, ses yeux de chats plantés dans ceux de son aîné. Tu me fais penser à une lampe, une lampe indéniablement charmante, mais une lampe. Tu brilles, les gens sont comme des papillons attirés par ta lumière.

ㅤHeeseung sourit, s'esclaffe. Une lampe, c'est une première.