Le Prix de l'Amour

~ PDV Tasha ~

Je savais déjà que Walter était un homme du genre bavard, mais je ne me doutais pas qu'en réalité ce serait pire. Non que je m'en plaigne, loin de là même, mais il s'avère que le suivre est assez dur. Je tente au mieux de retenir ce qu'il me dit. Par chance, il parle plutôt bien le français, ou je ne suis pas certaine que je serais parvenue à tout déchiffrer. Mon anglais n'est pas trop mal, mais pas encore des plus parfaits, alors vu la vitesse de débit, il m'aurait perdu très rapidement.

C'est un des points d'ailleurs qui m'a aussi rassuré au moment de la signature du contrat avec lui. Le fait de pouvoir comprendre sans difficulté chaque terme est un énorme avantage et ça m'a également conforté dans mon choix d'accepter son offre. Je lui en avais fait part aussitôt et il n'avait pas manqué de rire à ma réplique. Non, sans me préciser que si cela n'avait pas été le cas, il aurait engagé un interprète pour aider lors de nos rencontres. Walter avait déjà pensé tout, au cas où. Je n'avais pu que constater qu'il connaissait parfaitement son travail. Nul doute étant donné les auteurs qu'il a sous sa coupe qu'il est doué, mais le voir et comprendre par soi-même est toujours mieux, selon moi.

C'est l'arrêt du véhicule qui me vaut de me reconcentrer à la discussion actuelle et à ce que j'entends, je ne vais pas m'ennuyer. Fort heureusement, comme je le lui ai demandé, il m'a octroyé des jours off, afin que je puisse visiter les alentours. Après tout, cette ville, je l'ai étudié pour mon dernier roman au travers de cartes ou d'internet, alors la découvrir en vrai est encore mieux.

Ainsi je peux voir si je ne me suis pas trompé. Autant préciser que j'ai vraiment hâte. Je suis vite ramenée à la réalité par la voix de Walter qui semble amusé de mon manque de concentration. Je lui accorde un petit sourire d'excuse, ce à quoi il m'offre un clin d'œil en guise de réponse.

— Maintenant que tu es de nouveau avec moi et que nous sommes arrivés, je vais pouvoir te montrer ta demeure pour ton séjour ici ! finit-il par me dire avec aplomb.

— Je croyais que je résiderais dans un hôtel ? le questionné-je aussitôt avec surprise et un froncement de sourcil d'incompréhension.

— Tu n'imaginais quand même pas que j'allais laisser mon auteure préférée seule en pleine ville, à la merci de ses fans ! me lance-t-il avec un mélange de sérieux et d'étonnement sur son visage.

— Je ne suis pas certaine que tes autres clients apprécieraient entendre cela, Walter ! précisé-je avec amusement, avant de reprendre. Je suis loin d'avoir une horde de fans comme tu le penses et je peux me défendre si besoin ! finis-je ma réponse avec aplomb.

— Oh, je ne doute aucunement de cela, Tasha ! Mais, tu découvriras assez vite que j'ai raison, je n'en dis pas plus pour le moment, on en reparlera en temps voulu ! à propos de l'avis de mes auteurs, ce qu'ils ne savent pas ne les inquiétera pas, m'annonce-t-il avec un regard qui en dit long sur son espérance en ce qui concerne le fait que je ne révèle rien sur ses paroles.

— Qui te dis que je vais garder cela pour moi ? le taquiné-je aussitôt en tentant de conserver mon sérieux.

— Oh, tu n'oserais pas !

Apercevoir sa réaction et son manque de mot face à ma réplique est des plus drôle et je ne retiens pas mon rire. Il comprend alors que je me moque de lui et s'empresse de m'offrir un regard sournois qui ne me rassure pas et me calme rapidement.

— J'hallucine ! Tu te paies ma tronche et sans même un remord ! Je prends note et me vengerai en temps voulu, miss ! m'avertit-il avec un rictus en coin qui n'annonce rien de bon pour moi.

Je vais devoir rester sur mes gardes, afin d'éviter de me retrouver dans le pétrin. Je crains ce qu'il serait capable de faire, étant donné qu'il connaît certaines de mes peurs. Pour le coup, même si je ne lui en fais pas part, il a un sérieux avantage sur moi et cette idée me vaut de grimacer légèrement. Je décide de vite changer de sujet et me tourne vers la vitre arrière du véhicule quand je remarque un petit chalet, non loin d'un lac. Ma bouche s'ouvre alors sans ma permission, de stupeur. La beauté du lieu me laisse sans voix et je sors aussitôt, sans attendre mon accompagnateur, afin d'admirer encore plus le paysage. Je pivote sur moi-même et la sérénité qui règne ici est tout ce don j'ai besoin et aime.