Stupid Together | Kagehina

Stupid Together (OS)

L'entraînement du jour avait été particulièrement difficile et éreintant, tant au niveau physique que mental.

À l'approche des Nationales, toute l'équipe était agitée et sur les nerfs. Les secondes étaient tendus et dissipés, complètement sourds aux consignes du Coach Ukai, qui avait abandonné toute tentative de les discipliner. Les élèves de première s'en sortaient légèrement mieux, ayant déjà un peu plus l'habitude de la pression de la compétition, mais n'en menaient pas large non plus. Les terminales, eux, observaient le chahut général avec un œil presque las.

Tsukishima avait fait preuve de mauvaise volonté pendant tout le long de l'entraînement et avait déclaré que c'était inutile d'en faire trop, à part épuiser toute l'équipe. Kageyama lui avait rétorqué qu'au contraire, c'était le moment ou jamais de se donner à fond et qu'on ne se présentait pas aux Nationales sans entraînement rigoureux. Le ton était vite monté – même après presque trois ans passés ensemble, ces deux-là continuaient de se provoquer en permanence, au grand dam de Yamaguchi qui devait jouer le rôle de médiateur entre son meilleur ami et le maintenant vice-capitaine de l'équipe. Il n'avait certes pas la présence intimidante de Daichi ou d'Ennoshita, mais il aimait croire qu'il s'était endurci au fil des années. Yachi persistait à dire qu'il était maintenant fort, solide et imposant, mais il avait bien du mal à la croire. Cette dernière était en effet très facilement impressionnable et tremblait d'appréhension à chaque fois qu'un humain de plus d'1m70 osait l'approcher, son jugement lui apparaissait comme forcément biaisé. Et puis, quoique Yachi en dise, Yamaguchi avait en général du mal à gérer les conflits et à s'interposer, préférant jouer le rôle de mentor pour les plus jeunes, étant toujours de bon conseil et trouvant à chaque fois les mots justes pour les encourager à faire de leur mieux et se dépasser.

C'est pour ça qu'il avait simplement posé une main sur l'épaule de Tsukishima, lui intimant à laisser couler pour ne pas envenimer les choses avec Kageyama. Le capitaine avait ensuite glissé un regard vers ce dernier, le poussant silencieusement à arrêter de se comporter de la sorte. Kageyama avait très bien compris la mise en garde implicite, rougissant et baissant les yeux de gêne, sachant pertinemment qu'il venait de retomber dans ses vieilles habitudes qu'il n'abandonnerait sans doute vraiment jamais, malgré tous ses efforts.

Le coach Ukai annonça juste après qu'il était temps de ranger, comprenant qu'il n'obtiendrait plus rien des lycéens pour aujourd'hui. Les secondes se précipitèrent pour ranger l'équipement, presque avec enthousiasme, se réjouissant de pouvoir enfin rentrer chez eux. Et surtout, soulagés de pouvoir échapper aux terminales qui étaient selon eux bien plus épouvantables que les deux adultes qui les encadraient.

Quand ils étaient entrés à Karasuno, tous connaissaient déjà Kageyama Tobio, sa réputation de passeur froid et impitoyable le précédant, dont l'intransigeance exacerbée ne relevait pas seulement du mythe. D'aucuns diraient qu'il méritait toujours son surnom de « Roi », mais il était en réalité devenu un peu plus indulgent avec les années, même si on ne pouvait pas dire qu'il s'était métamorphosé en quelqu'un d'aimable et complaisant. Bien qu'il ait troqué ses crises de colère et son attitude excessive pour une conduite plus mesurée, il ne se gênait pas pour envoyer critiques tranchantes et œillades meurtrières à n'importe qui ayant le malheur de le regarder de travers. Il restait également toujours autoritaire et exigeant, assassinant d'un regard quiconque ne faisant pas honneur à ses passes toujours parfaites.

Mais Kageyama Tobio à lui seul n'était rien. Venaient ensuite Tsukishima Kei et Yamaguchi Tadashi. Le premier profitait de son mètre 95 – faisant de lui le plus grand joueur de Karasuno – pour regarder tout le monde de haut avec un air narquois et sardonique, toujours prêt à balancer une ou deux remarques acerbes à ceux qui osaient croiser son chemin. Ce don pour la provocation déstabilisait et irritait fréquemment ses interlocuteurs, ce qui était certes un avantage quand il s'agissait d'adversaires redoutables, mais Tsukishima n'hésitait pas non plus à s'en servir même contre ses camarades quand ces derniers l'agaçaient un peu trop.