ORMAZ 1

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Couleur Noire

Un homme venu d'ailleurs

Rouge destinée



On frappa à ma porte. J'ouvris. Une jeune fille vêtue d'une robe bariolée et coiffée d'une manière incroyablement farfelue se trouvait devant moi.

- Bonjour Euh...

- Ormaz, mon nom est Ormaz. Interloqué je répondis sans même l'interroger.

- Moi c'est Phrosyne. Tu viens d'arriver ce matin si j'ai bien vue. Je peux entrer.

Sans attendre de réponse, Phrosyne entra et s'assit sur le petit fauteuil recouvert d'un tissu fleuri rappé qui, avec la table basse en bois usé étaient censés me permettre d'accueillir d'hypothétiques amis dans ce studio d'étudiant du XXIIème siècle. J'avais un peu honte mais la surprise l'emporta.

- Tu ne le sais pas encore mais ce soir c'est le grand soir. C'est la fête des couleurs

- Connais pas.

- C'est la fête de rentrée des étudiants. Tiens, choisis un sac de poudre de couleur

- Pourquoi ?

- Choisis j'te dis.

- Le vert

- Pff ! Encore un cérébral, un idéaliste. C'est pas grave, je t'invite quand même, on manque de garçon de toute façon.

Elle me tendit un sac de poudre colorée verte et un petit carton avec une adresse.

- A 18h00 à cette adresser me lança-telle en même temps qu'une belle poignée de poudre rouge sortie d'une de ses poches. -Et n'oublie pas ta poudre.

Elle sortit en courant et j'entendis plusieurs autres jeunes filles rire en s'éloignant. Je me trouvais les cheveux et le visage couvert de poudre rouge et bien forcé de commencer ma vie d'étudiant par passer un coup de balai sur le sol de mon appartement. J'enrageais quelque peu et j'étais fatigué de nombreuses et longues journées passées à voyager. Je n'étais pas du tout décidé à me rendre à cette fête avec ces inconnues.

֎

Le reste de mon après-midi, je le consacrais à vider ma valise, ranger les placards et découvrir le minuscule appartement où j'allais passer un an à étudier l'agronomie et la permaculture en zone aride. Je finis par prendre une douche pour effacer toute la fatigue accumulée depuis mon départ et accessoirement éliminer cette poudre rouge qui s'était incrustée à mesure que je transpirais en m'agitant dans cet appartement mal ventilé. J'ai la peau sombre mais mon miroir renvoya toujours un visage constellé de paillettes rouges alors que des mèches de cheveux semblaient avoir été teintes par endroit. Je me souvenais alors des peintures et teintures rituelles utilisées dans les villages de mon pays pour célébrer l'entrée des jeunes gens dans la vie adulte. J'étais plus détendu et me souvint de la grande fête donnée pour les sept gamins de seize ans que nous étions dans mon village natal. Il y avait cette année-là quatre filles et trois garçons. C'était il y a plus de deux ans maintenant. Mes tantes m'avaient peint le corps de mystérieuses lignes blanches faites de terre crue du pays Bavanga. Elles m'avaient également donné quelques explications sur la manière de s'y prendre pour séduire les jeunes filles et ce qu'il convenait de faire si l'une d'entre elles acceptait de me suivre dans l'intimité. La réaction à leurs propos bien visible sur mon corps dénudées les avait beaucoup amusées et elles formulèrent sur le ton de la plaisanterie des propos à la fois admiratifs et envieux qui me mirent très mal à l'aise.

ELNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant