Chapitre premier.

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-Eléonore-

Parfois je me demande comment j'en suis arrivée là. Si tout ceci n'arrive pas par accident, est-ce le destin qui programme chaque partie de notre vie ?  Ou est-ce nous qui décidons de ce qu'il nous arrive ? J'obterais plutôt pour la seconde option. Cela me paraît plus plausible.

Je n'ai jamais cru au destin. C'est tout simplement incensé. Ce qu'il se passe arrive en fonction de nous, de nos choix. C'est évident, selon moi. 

J'ai toujours été une fille discrète, presqu'invisible aux yeux des autres. Je me posais sans cesse la question : "Un jour, bientôt, plus tôt que ce que je ne le pense, devriendrai-je vraiment invisible, aux yeux de tous ? Comme un fantôme ? Je n'en sais strictement rien. "  Et je ne le sais toujours pas.

« Bonjour, ma chérie, j'entends la voix douce de ma mère murmurer tendrement ces paroles. Je suis contente, tu as l'air de te porter de mieux en mieux. D'après les médecins, ton état est meilleur chaque jour. Pouvons-nous nous attendre à te voir ouvrir l'oeil, bientôt ? Je l'espère, en tout cas. Je t'aime tellement, ma fille... »

Je sens une main caresser faiblement mes cheveux blonds. Qu'est-ce que j'aimerai ouvrir les yeux pour la voir, voir ses belles prunelles bleus me fixer toujours avec affection, voir son beau sourire illuminer son visage, pouvoir la serrer fort dans mes bras, lui chuchoter des mots doux pour la réconforter...

Mais tout ceci m'est impossible. Parce que je ne peux pas ouvrir les yeux. Depuis quatre ans, je m'efforce de voir le monde, de parler pour faire savoir à mes parents sans cesse inquiets que je vais bien, mais je n'y parviens pas. Pourtant, je ne peux même pas compter le nombre de fois où j'ai tenté de le faire, tellement elles sont nombreuses.

Je suis comme paralysée. Je veux bouger un bras : je ne peux pas. Je veux articuler quelques mots : impossible.

Je suis comme prisonnière d'une bulle insurmontable, une bulle qui me maintient enfermée dans un monde sombre, où je ne vois rien.

« Je t'aime..., pensé-je. »

Ces paroles, j'aurais tellement aimé les prononcer de ma propre bouche, et pas dans ma tête, comme j'en ai l'habitude.

Depuis quatre ans, chaque jour, je murmure cette phrase sans cesse dans ma tête, espérant malgré tout les faire parvenir à ma mère, peut être espéré-je qu'elle l'entende par la pensée ? Je n'en sais absolument rien.

« Tu sais Eléonore, déclare ma mère calmement et je sens des doigts agrippés mes mains gelées. Je sais que tu te réveilleras. Et je suis sûre que tu m'entends, , en ce moment. Et Dieu sait combien j'aimerai entendre ta voix... voir tes magnifiques yeux verts... »

Je perçois une agitation autour de moi, puis ma mère finit son récit à contre-coeur, je le sens :

« Je dois te laisser, à présent, et j'en suis vraiment désolée. Je t'aime, mon ange, ne l'oublie jamais. Je serai toujours pour toi... »

« Who ? »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant