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Aujourd'hui c'est la rentrée. Nous venons de passer des vacances de fin d'année vraiment top mais il faut se remettre au travail. J'ai préparé mon sac, j'ai pris un petit déjeuner en vitesse au grand désespoir de ma mère puis je suis montée en voiture pour aller prendre Délia. Voilà mon quotidien lorsqu'il y a cours. Il y a un grand soleil mais les gants et l'écharpe sont quand même de rigueur. Sur l'écran de ma voiture, la température est de -5°C. Rien que de voir ce chiffre négatif j'ai un frisson. Un virage à droite et j'aperçois la maison de Délia. Elle m'attend comme à son habitude sur les marches de son entrée.

- Salut Délia.
- Hey Anna! Comment vas-tu ?
- En pleine forme.

C'était vrai, ce matin je vais bien. Délia a cette manie de fixer les gens ou un point quand elle réfléchie.

- Délia ?!
- Hum..
- Qu'est ce qui te tracasse ?
- Je ne sais pas trop moi même. En fait, je crois que Sean me cache quelque chose. Ces derniers temps , il est distant. Tu sais, il parle tout le temps mais là, quand on s'est vus, il regardait au loin ou dans le vide, je ne sais même pas.
- Il y a sûrement un truc qui ne va pas.
- Oui mais quoi ?! Il parle beaucoup mais quand il s'agit de lui c'est différent.
- Je sais mais ne t'inquiète pas, quand ce sera le moment, il te parlera.
- Tu as sans doute raison.

La discussion finit là. Je me gare sur le parking du lycée et toute la troupe nous attend avec un grand sourire. Juste le temps de ce dire bonjour, qu'une voiture, style coupé sport arrive. Je ne l'ai jamais vu avant et c'est là que je comprends à qui elle est. Beaucoup de personnes en ville parlaient d'une nouvelle famille avec un jeune garçon qui viennent d'emménager. Nous sommes un petit village où on parle beaucoup alors ici les nouvelles vont vite.
Quand la porte de la voiture s'ouvre. Tout le monde regarde, sûrement par curiosité. Et le garçon qui sort est, on peut le dire, vraiment mignon. Il est grand, les cheveux bruns et des yeux bleus comme je n'en avait jamais vus. Le bleu est tellement profond que l'on pourrait s'y perdre dedans. Délia me sort de ma rêverie par un coup de coude:

- Alors !?
- Alors quoi ? ( j'ai répliqué cela sachant très bien de quoi elle voulait parler)
- Ben à ton avis ! Comment tu le trouves ?!
- Euh... Il est pas mal.
- Ahah ! Je trouve aussi, chuchote t-elle, mais pour toi. Moi j'ai déjà mon prince.

Sean et elle sont un couple mignon. Ça fait bientôt un an qu'ils sont ensemble, ils partagent tout.
La sonnerie retentit. Je commence par littérature pendant deux heures. Nous avons tous un cours séparé, les cours en commun que nous avons sont les cours basiques comme maths, science et d'autres.
J'ai prit ma place habituelle, une place vide à côté de moi. Ce n'est pas que personne voulait venir mais je voulais que personne ne viennent. Non, je ne suis pas insociable, je veux juste que, le jour où je serai partie, il est le moins de dégâts possible.
Le professeur demande notre attention quelques instants. Je me demande pourquoi jusqu'à ce que je vois le nouveau entrer.

- Je vous présente votre nouveau camarade. Allez donc vous asseoir à côté de Melle Gordon.

A partir du moment où j'ai entendu le prof prononcer mon nom et que le nouveau c'est approché, mon ventre c'est noué. Je fixe le tableau pendant que le prof commence son cours. Le nouveau s'assoit et sort ses cahiers. Puis il se tourne vers moi, je le sens.

- Salut ! Moi c'est Lucas. Et toi ?

Oh mon dieu !! Il a une voix si mélodieuse avec un petit accent du sud à craquer.

- Salut, euh.. Anna.
- Anna. C'est un joli prénom.

Je me suis sentie rougir. J'espère que ça ne s'est pas trop vu. Pendant le reste du cours on ne s'est pas adressés la parole mais j'ai senti ses regards de temps en temps et il a du sentir les miens.
A la sonnerie, j'ai vite rangé mes affaires et je suis sortie rejoindre les autres. Nous avons encore une heure de maths avant d'aller manger.
En maths, je suis à côté de Délia, alors je lui raconte ce qui c'est passé dans le cours de littérature. Quand j'ai eu fini, elle a gloussé. Elle me prends le menton et me le tourne ce vers le fond de la classe. Il est là. Il n'est pas seulement avec moi en littérature mais dans ma classe aussi. Délia n'a pas arrêté jusqu'à la fin du cours de me charrier.
Ensuite, on est allés manger. Assis à notre table habituelle, on peut voir tout le self. Mes yeux se sont posés sur Lucas, assis seul à une table. Quand je me retourne vers les autres, ils me regardent tous. Ils le regardent aussi. Ethan suivit des autres me dit:

- Va lui proposer de manger avec nous.
- Pourquoi moi ??!
- Parce que c'est ton voisin de littérature donc tu lui à déjà parlé. Pas nous.

Ils me sourient tous. J'ai pris une grande respiration et je me suis levée. Après tout c'est un repas. Je me dirige vers sa table et arrivée à quelques pas de lui, il pose ses yeux bleus sur moi.

- Anna!
- Salut Lucas. Avec mes amis (je me suis tournée vers la table) on s'est dit que tu pourrais venir manger avec nous. Si tu en a envie.
- C'est très gentil, merci.

Il a prit son plateau et est venu s'asseoir avec nous. Sean, Ethan et lui ont beaucoup parlé. Je crois qu'ils s'entendent bien, je suis contente de voir que Lucas s'intègre.
La fin des cours est vite arrivée, maman voulait pas que je tarde. Les jours de rentrée, j'ai pour habitude de lui faire un petit compte rendu autour d'un chocolat chaud. Je suis montée dans ma voiture, j'ai déposé Délia et j'ai filé chez moi.
A peine passé la porte d'entrée, je sens l'odeur d'un gâteau sûrement tout juste sorti du four. Ma mère arrêté de travailler depuis mon cancer. Alors pour occuper ses journées, elle cuisine.

- Bonjour maman.
- Coucou ma chérie. Je t'ai préparé des brownies pour accompagner ton chocolat.
- Génial !!
- Assieds toi et raconte moi ta journée.

Je sais pas si je doit tout lui raconter. Lui parler en d'être détail de ce j'ai ressenti en voyant Lucas. Mais qu'est ce que j'ai ressenti exactement ? Je ne sais pas trop, alors j'ai passé quelques détails.

- J'ai pris Délia puis on est allées au lycée. Tu sais la nouvelle famille qui s'est installée ? Et bien, le fils est dans ma classe et s'est aussi mon voisin en littérature. Il s'appelle Lucas.
- C'est drôle, j'ai croisé sa mère en course. C'est une femme très gentille et élégante. - Ah oui ?!
- Oui. Et donc, Lucas comment est-il ?
-Il a l'air sympa, gentil, travailleur et bien élevé. C'est l'impression que j'en ai eu.
- Et physiquement ? (Elle le dit sur le ton de la rigolade)
- MAMAN !! C'est gênant.

On est parties dans un fou rire pendant plusieurs minutes. Le goûter s'est fini sur cette note d'humour. Je suis donc montée faire les devis que j'ai. Je m'installe à mon bureau.
Vers 19h30, maman m'appelle pour manger. Papa vient tout juste d'arriver. Sa journée à été longue. Mon père est policier donc ce n'est pas facile tous les jours mais il aime son métier. Au menu ce soir, spaghetti bolognaise avec comme dessert "Paris-Brest", tradition française. Drôle de nom mais vraiment délicieux.
J'ai passé une très bonne journée. Elle m'a paru tellement "normale", mais je suis vite revenu à la réalité lorsque j'ai commencé à mal respirer. J'ai dit bonsoir à les parents et je suis monté prendre mon oxygène. Pour le moment je n'en ai besoin que le soir lorsque que je fatigue alors j'ai toujours une petite bouteille d'oxygène au lycée, à l'infirmerie. Mais je sais que d'ici quelques temps, je devrais l'avoir toute la journée. J'inspire, j'expire, n'inspire... C'est une agréable sensation. Je respire d'une telle facilité, peut-être pas seule mais c'est agréable. Ce soir j'ai décidé de lire avant de dormir. J'ai commencé un livre vraiment génial ! Une fois partie dedans je ne peux plus m'arrêter. "Ce si joli trouble", c'est le titre, est un livre passionnant, captivant et drôle. Quand on le lit, on se met à la place de l'héroïne et on ressent tout ce qu'elle ressent. Et le fait que ce soit elle aussi une jeune fille, on s'identifie encore un peu plus à elle. C'est dernier temps, je lis beaucoup. Ça me permet de m'évader, de voir une autre réalité ou même d'imaginer comment mon adolescence pourrait être sans mon cancer. Je ne dis pas qu'elle n'est pas comme je l'aurais souhaité mais le cancer vous prive de beaucoup de choses. Pour moi, c'est un grand mot :CANCER. Je suis juste malade, c'est plus grave qu'un rhume ou une gastro mais je me sens bien. Quand tu dis "j'ai un cancer" tu as en retour "oh.. Je suis désolé ma puce!" que de la pitié. Mais quand tu dis que tu es malade, on te dit que tu vas vite te rétablir. Croyez-moi, la pitié, elle n'aide pas à combattre la maladie. Vous vous sentez plus faible parce que tout le monde est à vos pieds à faire vos tâches, à vous vous aider pour un oui et pour un non et au final vous ne faite plus rien par vous même. Ils pensent vous aider mais ils vous rendent pareil à des handicapés. Avoir un cancer c'est déjà assez...

Pour un dernier souffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant