Prologue : La maladie du malin ; l'Um Anima

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31 janvier, 11 ans av. Ombra.

Forêt Sylvestre; alias les Terres Nues.

Aucun animal n'osait s'aventurer sur les Terres Nues, sauf bien sûr un seul ; l'Homme.

Autrefois, ces terres étaient connues sous le nom de la Forêt Sylvestre. D'après les Hommes, les sylvestres étaient les gardiens de ces terres. Aux yeux des habitants des villages avoisinant la base de la montagne, leur existence était même considérée comme sacrée. Personne ne les avait vus, mais tout le monde avait connaissance de leur existence. C'était d'eux que les paysans tiraient l'abondance des fruits, des légumes, de la viande et de l'eau sur ces terres.

Depuis quelques mois, ces terres étaient devenues si sèches, si arides que plus rien n'y poussait, plus rien de bon. Seules des baies noires aux airs pourris, à la texture poisseuse et à l'odeur nauséabonde poussaient sur ces terres infertiles. Ces dernières dégageaient un gaz si toxique qu'il était mortel au bout de quelques secondes d'inhalation. Il y avait de quoi faire fuir toutes espèces vivantes. Les animaux quittaient peu à peu l'endroit, et les plantes, faute d'avoir des jambes, pourrissaient sur place, laissant des traces encore plus sombres sur le sol.

Toute forme de vie avait disparu, fuyant au loin ce lieu maudit, sauf la plus têtue des créatures, encore une fois, l'Homme.

Cinq manteaux noirs tombèrent sur le sol. Le lieu était silencieux, seuls les sabots de leur monture retentissaient. Dès qu'ils se mirent en marche, le brouillard se leva, et ils s'y enfoncèrent sans même une hésitation. Étaient-ils courageux ou complètement idiots ?

Les quatre chevaliers étaient de dos, formant un cercle afin de me protéger. Le brouillard devenait de plus en plus dense, et il m'était difficile de les distinguer.

Nous comprenions très rapidement que notre progression demanderait une union plus étroite que de simples regards échangés. Une corde fut extraite du sac d'un des chevaliers, une corde solide et tressée. Le premier chevalier la déroula avec soin. Aucun mot n'était prononcé, car les voix semblaient inappropriées en ces lieux. Les chevaliers se tinrent en cercle, leurs regards convergèrent vers la corde qui nous unissait tous. Le premier chevalier entama le processus, nouant la corde autour de sa taille avec des gestes précis et sûrs. Les autres le suivirent, s'attachant les uns aux autres, et je fis de même. Les regards, auparavant, fugaces, devenaient alors des promesses solennelles.

J'aurais aimé leur parler, les encourager, mais apparemment il ne fallait pas car cela les attirait. Nous étions déjà dans une position délicate, le prisonnier s'était libéré et était sous l'emprise du malin. Si nous étions dans un autre endroit, j'aurais pu le détecter bien plus tôt et empêcher la possession de son corps. Cependant, cet endroit diminuait mes forces et mes capacités magiques, par conséquent, j'étais bien plus faible qu'en général. Le peu de forces qui me restait était dédié à assurer que les chevaliers respirent sur ces terres maudites.

Soudain, j'entendis des voix chuchoter au creux de mon oreille, susurrant des paroles empreintes de haine et de désespoir. Il ne fallait pas que je les écoute, et il en valait de même pour les hommes qui m'accompagnaient.

Cet endroit devenait de plus en plus dangereux, et je regrettai déjà d'avoir accepté cette mission sans me poser plus de questions que cela... En y repensant, avais-je vraiment le choix ? Le roi ne m'avait pas posé la question, c'était un ordre. Je devais accompagner son escouade pour leur permettre de traverser ce lieu.

Je commençais doucement à me remémorer les légendes, les dires et les rumeurs à propos de ce désert morbide. Petit à petit, mes angoisses se mirent à devenir de plus en plus fortes. Les voix semblaient plus agressives, mais pas que, c'était comme si elles étaient plus proches qu'auparavant. Le silence des autres me pesait, et je n'avais qu'une envie ; que l'on me rassure. J'avais besoin d'entendre quelqu'un, sinon j'allais devenir folle. Et même si je savais que cela pouvait être dangereux, même si je savais qu'il ne fallait pas, je n'avais pas pu m'empêcher d'échapper mon inquiétude toujours grandissante :

« V-vous... vous êtes toujours là ? » murmurai-je avec une légère anxiété dans la voix, espérant une réponse réconfortante. Je me mordillai la lèvre, sentant un frisson parcourir mon échine.

C'est alors que la Prêtesse, ne sentant plus la pression autour de sa taille, posa la main sur la corde qui les liait tous. Ses doigts glissèrent le long du fil, cherchant la réassurance de leur lien. Mais à son effroi, elle réalisa que la corde était coupée. Un frisson d'horreur la traversa alors qu'elle laissa échapper un léger hoquet d'incompréhension. La femme sentit une angoisse grandissante s'emparer d'elle, une peur indéfinissable et complètement déconcertée, elle se mit à chercher des explications dans l'obscurité oppressante. Dans le silence maintenant brisé, elle pouvait pressentir que quelque chose avait changé, que les ténèbres qui les avaient accueillis avec une patience silencieuse avaient décidé de passer à l'action.

Mon pouls s'emballa, et une sueur froide me submergea. Les gouttes perlèrent sur mon front, mais tout mouvement me fut impossible. Je les sentais simplement glisser le long de ma peau, jusqu'à ma gorge, oppressée et desséchée. La simple action de déglutir m'était difficile, submergée par une peur paralysante. Je me mis à respirer de plus en fort, et le son de mes expirations me rendait de plus en plus nerveuse. Les voix étaient un peu plus claires et plus proches que la dernière fois. Je ne savais pas combien de temps j'étais rester plantée ici, mais j'avais l'impression que cela avait durer une éternité.

C'est alors que je la ressentis, sa présence. La voix était juste à côté de moi, sa bouche était si proche que je compris immédiatement qu'il était trop tard. Personne n'était à mes côtés, et pourtant, je n'arrivais plus à respirer tant j'étais effrayée. Je ne voulais pas me retourner car je savais ce qui s'y trouverait. Cet homme... Cette chose bien qu'inactive ne semblait pas vouloir s'éloigner. Immobile, je me mis à fermer les yeux et à prier pour que tout cela se termine. Je frémis en l'entendant susurrer de nouveau à mon oreille, comme si elle tentait de pénétrer dans mes pensées.

« Annabelle. »

J'ouvris brusquement les yeux à l'entente de ce prénom, et là, je la vis – son sourire maléfique, ses dents carnassières. Elle me fixait avec avidité, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Elle semblait essayer de me dire quelque chose, mais je ne pouvais pas comprendre, je ne le voulais pas. Je n'y arrivais pas...




J'ai donc... tout simplement... abandonné ma mission,

...ainsi que ma vie.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 12 ⏰

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