地下の楽園 - Chika no Rakuen

Chapitre V

[ Grotte Originelle ]

Deux anges se concertent sous le faible rayon de soleil qui perce la roche au milieu des débris. L'un semble calme et à l'écoute tandis que l'autre, une jeune femme semblant soucieuse, tente de convaincre son confrère.

Ce dernier ne réagit pas, comme obnubilé par les poussières qui se déplacent dans le rayon de lumière. Soudain, l'aile d'une abeille apparaît dans le rayon, tournant lentement sur elle-même, jusqu'à se poser dans la paume du premier ange.

- L'humain doit vivre, déclara-t-il doucement.

18h40 /// Grotte Digitale

Lycos, Azule et moi marchions. Je ne pouvais détourner mes yeux des néons bleutés qui longeaient les foyers rectangulaires de la grotte. Tout cela ressemblait à une énorme salle d'arcade mixée à une grande ville japonaise.

- Pardon si je vous ai fait peur... Je vous apporte simplement de la nourriture.

Réveillé en sursaut, je faillis me cogner la tête contre le sommier. Une jeune fille ailée se trouvait debout à côté du lit, un petit bol dans les mains. Elle portait de grandes lunettes rondes et ses cheveux verts bouclés courts contrastaient avec ses yeux dorés. Comme je ne disais rien, un malaise s'installa.

- Je sais que Monsieur ne vous a pas bien accueilli...mais vous savez, je ne pense pas qu'il vous fera du mal.

Elle marqua une pause et s'approcha de mon visage, en parlant très bas.

- De ce que j'ai entendu, il en a après votre ami.

Je fronçais les sourcils et lui répondis nonchalamment.

- Et c'est censé me rassurer ? Si vous vous en prenez à lui, vous vous en prenez à moi, ça ne change rien du tout.

L'ange afficha une mine déçue et se contenta de déposer le bol fumant en face de moi, avant de partir.

Un sentiment qui me rendait rarement visite s'immergea en moi. Le désespoir.
Je me demandais comment tout cela allait finir, et comment mon ami allait agir...

L'heure qui suivit se passa dans le silence total, mon esprit uniquement concentré sur le grand nid vert que je voyais en face. Je ne touchai pas à mon bol de soupe, n'ayant plus la motivation de rien pour le moment.

À nouveau, au bout d'une quinzaine de minutes, on me rendit visite. C'était l'homme de la veille qui venait s'assurer que j'étais toujours là. Il avait fait deux ou trois rondes déjà, à croire qu'il n'avait rien de mieux à faire...

À chaque fois qu'il rentrait dans la pièce, je lui lançais un regard glacial pour éviter qu'il ne m'interroge. Il avait compris que je ne dirais rien à propos d'Azule et, comme l'avait prédit la jeune fille, aucun mal ne m'a été fait.

Je m'inquiétais tout de même assez pour mon ami, que je n'avais pas vu depuis longtemps. Il devait être dix heures du matin quand je me rendis compte d'une chose : ma main gauche, ligotée, était devenue bleue.

- Uuh waaah...! m'exclamais-je en essayant de la bouger un peu.

Celle-ci ne répondait plus. Je n'y avait pas fait attention et maintenant elle était sur le point de m'abandonner.