Chapitre IV - Sereine Châtaigne

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- Écoutez, les guignols. Y'a deux gars à moi, dans votre prairie. Alors vous allez me laisser entrer, sinon j'ordonne qu'on vous renvoie, lança un jeune homme hargneux aux gardes Myosotis.

Ces derniers ne bronchaient pas, gardant fermement leur position devant le rideau de feuilles qui cachait le tunnel principal des grottes Myosotis. L'un d'eux semblait terriblement mal à l'aise.

- Je suis désolé, dit-il, mais nous avons des ordres...

- Ah oui ? Comme interdire d'accès tous les membres de la royauté ? répliqua l'ange agressif.

- Oui, notre secteur est pacifiste. Toute confrontation est interdite.

- Viens, Morgan. On va demander au sensei.

- Ta gueule avec ton sensei ! Il sert à rien, ce vieux.

Le prince déploya violement ses grandes ailes blanches et fusilla du regard les pauvres gardes qui s'étaient mis à trembler.

- J'vous oublie pas, vous deux. Je reviendrai.

Puis il s'envola au travers du gigantesque tunnel conducteur, la fille qui l'accompagnait à ses trousses.

- Tu exagères, Morgan, dit-elle tout doucement.

- Je me souviens pas t'avoir demandé de l'ouvrir, répliqua-t-il méchamment.

Elle fronça les sourcils mais se tût.



-

En débouchant sur la nouvelle zone, je fus ébahi.
Le plafond haut de la grotte était transpercé par de grandes racines noires sur lesquelles étaient greffées de petites boules lumineuses. Le secteur Châtaigne était peu éclairé et donnait un sentiment de nostalgie incroyable. Les habitants semblaient loger dans des tours pendues au plafond, ainsi que dans des cavernes incrustées dans les murs.
Lycos marchait vers l'une de ces dernières.

- Vous verrez, c'est une soupe d'automne faite par mes soins. À la base je l'avais préparée pour quelqu'un d'autre mais il n'est pas venu.

- De qui est-ce que tu parles ? demanda Azule.

- Elle se retourna vers nous, le visage à cinq centimètres de celui de mon ami, et chuchota :

- Je parle du prince, mais répétez pas que je le connais, hein ?

J'écoutais d'une oreille mais la splendeur de ces grottes me subjuguait. C'était la troisième que je découvrais mais aucune d'entre elles ne se ressemblaient. J'avais beau me dire que c'était réel, mon esprit refusait d'y croire.
Récemment d'ailleurs je réfléchissais à l'histoire du paradis. Pourquoi le ciel s'était-il effondré ? Quand, précisément ? Et pourquoi notre civilisation n'a-t-elle rien remarqué ? Les questions se multipliaient à chaque fois que j'y pensais...

- Manta.

Je prévoyais d'en faire part à Azule, une fois toute cette histoire terminée.

- Manta !!

La voix de mon camarade me sorti de mes pensées.

- Oui ?

- T'étais où, là ? dit-il en rigolant. Viens, on y va.

En effet les deux anges marchaient déjà bien devant moi.

- Oh, désolé ! m'excusais-je en les rejoignant rapidement.

Nous entrions dans une de ces cavernes murales, et une fois à l'intérieur, la chaleur du foyer nous envahit. Après avoir traversé la fraîcheur du tunnel, j'appréciais grandement ce nouveau confort. L'odeur de la soupe me parvint et mon ventre gargouilla. Azule me glissa un regard complice.

地下の楽園 - Chika no RakuenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant