22- Texte

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Je suis la, immobile. Je ne bouge pas. Je n'en ai pas envie. Je sens la pluie, les gouttes d'eau, fines, tomber sur mon visage. Mais je ne bouge toujours pas. Je suis juste bien, là. Dans cet état, pas tout à fais éveillée, mais pas tout à fais endormie. Dans un état de demi-conscience. Si on me parlait, je ferais sans doute semblant de dormir, je ne répondrais pas.
Je ne le voudrais pas. J'oublie tout, la pluie, le vent, froid et dur, les étudiants qui grouillent tout autour comme dans une fourmilière. Je ne sais plus où je suis. Je ne sais plus qui je suis. Tout ce que je sais, c'est que je suis là. Avec toi. Juste nous deux. J'ai froid. Mais je n'en ai cure, je ne bouge pas. Je serais sûrement malade demain, mais tant pis. Je suis déjà enrhumée, je ne le serais que plus. Je sens la pluie, plus intense sur mon visage, trempant mon jean et mon manteau. Je sens le bois du banc sous mes cuisses. Je sens le vent pénétrer tout mes vêtements, ne me laissant aucun répit. Et puis tes main, sur moi, en contraste, chaudes et agréables. Ta main droite posée sur mon ventre, entourée des miennes. Ta main gauche s'activant dans mes cheveux. Elle les caresse, les démêlent, les éloignent de mon visage. Ta main glisse doucement, sur mon visage, mes yeux, ma joue droite, puis gauche. Et mes lèvres. Tu t'y attarde un peu, et remonte doucement vers mes cheveux. Je sens, sous ma tête, tes jambes. Me servant d'oreiller provisoire. Tu es ma chaleur, là seule source me permettant de ne pas finir frigorifiée. Tu as insisté pour que l'on reste dehors, aujourd'hui, maintenant. Je suis heureuse d'avoir accepté. Je voudrais que cet instant ne s'arrête jamais. Je voudrais que le temps se fige, que l'on ne bouge plus jamais. Tu penses que je dors, tu penses que je ne t'entends pas me dire que tu m'aime. Ta main s'éloigne de mon visage. Elle ne reviens pas. Que fais tu ? Tu te met à me caresser la joue de manière plus appuyée. Tu souhaites me réveiller. Je ne bouge toujours pas. Je ne le veux pas. Tu enlèves ta main des miennes. J'ai plus froid que jamais. La pluie inonde toujours mes vêtements. Mon visage est trempé, je sens des gouttes d'eau tomber de celui ci. Tu te penches vers moi, me laisse un léger baisé sur le front. Sur les yeux. Les joues. Mes lèvres... Je profite de ce baiser volé et ouvre enfin les paupières. Je te voie, je ne dis rien. Je souris. Tu me le rend. Tu m'aides à me relever, et, chassant les derniers brins de ma somnolence, je murmure :

« - Je t'aime. »

15/02/2022

Poèmes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant