L'esprit du Lac.

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Temps : 1 Heure environ

Narrateur : Interne.

"Posée au bord du lac, les cheveux dans le vent, la tête vers les nuages, quelqu'un derrière elle s'approcha et se mit à lui parler. Ce personnage était loin d'être humain"

J'étais là, comme à mon habitude, chaque samedi matin, assise sur ce ponton plein d'une épaisse vase. Le bois craquait légèrement sous mon poids. Au loin, on pouvait voir les oiseaux voler dans ce ciel gris d'automne.

J'avais apporté, comme toujours, un petit carnet de pages blanches où j'écrivais ce que je pouvais voir face à moi, c'était, entre autre, mon petit kiff du Samedi. J'étais très régulièrement seule à cet endroit, les autres avaient sûrement peur que ce truc s'effondre sous leurs pieds. Mais ce jour-ci, mon activité calme allait bientôt prendre une tout autre tournure, un renouveau si je puis dire.

Tout commença dès mon arrivée, il était tôt, environ 10h20 si mes souvenirs sont bons. Dès cet instant, tout était déjà différent, le ciel était orageux, normal me diriez-vous en cette saison ? Je m'apprêtais donc à plier bagages jusqu'à ce qu'un froid glacial me parcourra alors l'échine. Cette sensation me paralysa. Je ne pouvais ni tourner la tête, ni bouger la moindre articulation interne ou externe de mon corps. Je sentais sa présence, il était là. Il se rapprochait, je le savais car le bois craquait sous ce que je supposais être ses pieds. Il se pencha, tout proche de mon oreille et chuchota, d'une voix sans la moindre émotion "Crois moi, tu ne souhaites pas te retourner." Cette voix m'était si familière et pourtant si lointaine qu'il m'était impossible d'en conclure une identité. Je me crispais, chaque parcelle de mon corps était tendue d'effroi. Il poursuivit, il connaissait tout de moi, mon identité, celle de ma famille, mon établissement scolaire, celui de ma jeune sœur. Il s'éloigna de quelques pas. J'étais désespérément perdue. Une tel chose n'était encore jamais arrivée auparavant, j'étais habituellement seule ici. Je pris alors mon courage à deux mains, puisant dans la moindre parcelle de ma force et de mon courage, la trouille au summum de ses capacités. Après une vive inspiration, je me retourna, face à la base de ce ponton, il me devait de savoir, mais ce que je vis resta marqué à jamais dans ma mémoire.

Il était là, Matthew, 11ans, mon petit frère. Je ne pus reconnaître que ses cheveux et ses vêtements de l'époque, ses yeux étaient inexistants. Sa peau était très pâle, j'irai même jusqu'à dire translucide.

Ce dernier, voyant mon geste, fut prit d'une colère incommensurable, il se mit à courir vers moi, et m'emporta avec lui dans les profondeurs du lac.

J'étais là, comme à mon habitude, chaque Samedi matin, et nous étions assis sur ce ponton rempli d'une épaisse vase. Désormais, il n'était plus seul, et plus personne ne pourrait plus jamais espérer nous apercevoir de nouveau.

Ce lac est un havre de paix...

Par _Shadow_Delta_

Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant