Chapitre 8

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Le silence règne dans la voiture. Étant dans un quartier de riche se rendre au centre commercial prend une bonne demi-heure. Voilà dix minutes que nous roulons, dix minutes, qu'aucun mot n'est sorti de nos bouches, s'en devient gênant. Même pas de musique pour éviter se désagréable atmosphère. J'ai pensé à allumer la radio cependant, je craignais de le contrarier alors je me suis abstenue. J'aimerais lui poser quelques questions qui me trottent dans la tête, sauf que j'en reste indécise. Je fronce les sourcils et pivote légèrement ma tête sur le côté, une habitude que j'ai adoptée lorsque je réfléchis intensément.

- Demande.

Le seul mot qu'Isaac prononce me laisse perplexe. Parle-t-il de mes questions que j'ai envie de lui poser ? Non, comment pourrait-il savoir ?

- De quoi tu parles ?

- Je le vois très bien sur ta tronche que tu veux me demander un truc.

Il sait. Comment ? Probablement mon tic, peu importe. À quoi bon se tourmenter quand je peux le questionner avec son accord, ce qui veut dire avec des réponses. Par quoi s'aligner ?

- Je suis curieuse, tu m'as dit sortir avec Laurie, car c'était ton plan cul et que seulement vous le savez, mais, est-ce qu'elle t'aimait ? Parce que sinon je ne vois pas vraiment le principe de la rendre jalouse.

- Madame a enfin compris quelque chose, il t'en a fallu des heures. Moi qui te croyais intello, je me suis planté.

Sans mots. Je n'ai aucune idée de quoi répondre à sa remarque, j'entame une autre question.

- Tu vends de la drogue, tu fais partit d'un gang ?

La question est débile, j'en ai conscience, néanmoins le danger qu'il dégage doit avoir une provenance, un fondement qui pour une raison que je n'arrive pas à déchiffrer, m'intrigue. Depuis le début du trajet, ses prunelles étaient captivées par la route désormais, elles sont attirées par moi. Cela dure qu'une fraction de seconde avant qu'elles ne se détournent pour reprendre la vue sur l'horizon. Pourtant même si c'était court, j'avais l'impression de m'être plongé dans son regard durant une éternité. Ce gars est si envoutant, c'en est addictif.

- J'effraie la plupart des personnes par mes gestes et mes agissements, mais, je ne ferais jamais partit d'un gang. Pour la drogue, même si mes parents ne sont jamais présents, il me gave de fric, donc à quoi bon perdre mon temps à défier les flics.

- Tu n'en vends pas, cependant tu n'en consommes pas par hasard ?

- Tu sais quoi pour que ce soit juste, moi aussi je vais te poser des questions.

C'est étrange d'avoir une conversation avec lui où chacun s'intéresse à l'autre. Malgré ses regards glacials, ses mots et sa vengeance qu'il envisage, j'ai du mal à discerner pourquoi on le surnomme, le diable incarné.

- Pourquoi ta déménagée ?

- Mon père a reçu une prime qui nous obligeait à vivre dans cette ville.

- Cette rumeur dans ton ancien lycée, pourquoi a-t-elle été créée ?

À présent, je me mets moi aussi à prendre goût à la vue des routes. La raison est tellement banale pour l'impact qu'il a pris. Je dérive dans mes souvenirs tout en répondant à sa question.

- C'était un établissement où les élèves se nourrissaient de rumeurs. Une simple action de travers et tes années de lycée peut être ruinées à jamais. Dans mon cas, je sortais avec le gars le plus populaire. C'était récent, un jour il m'a emmené au restaurant, tout le long il essayait de me chauffer. Ensuite rendu chez lui, il a voulu coucher avec moi, il me mettait tellement la pression tous les jours pour qu'on le fasse que ça m'a enlevé toute envie de faire quoi que se soit avec lui. Alors j'ai refusé. Il s'est fâché contre moi disant que je ne l'aimais pas et il a sorti toutes les paroles pour me manipuler afin que je change d'avis. J'en avais marre alors j'ai rompu. Le lendemain, tout le monde m'appelait la coincée. D'après moi, il a déformé la situation afin d'avoir la majorité des gens de son côté. J'avais toujours été à fond dans mes études, personne ne me prenait pour une intello pour autant. Les populaires qui étaient mes amis ont commencés à porter attention sur ce détail et on créer la nouvelle petite intello, moi. Plus personne n'essayait d'être mon ami depuis. Des rumeurs plus chiantes les unes que les autres se créaient sur moi. Je préfère ne pas les décrire, de toute façon, le trajet ne serait pas assez long pour toutes te les nommer. C'est aussi banal que leur vie dans laquelle je me croyais à ma place.

Je pousse un soupire et ferme les yeux.

- Putain c'est des enfoirés. Ils leur manquent des cases dans cette école. Non, mais sérieux, être débiles pour vouloir détruire quelqu'un, car elle a refusé une partie de jambe en l'air.

Mes yeux se tournent vers lui, son regard croise le mien.

Pourquoi es-tu sympa avec moi, Isaac ?

J'aimerais tellement lui demander, cependant j'ai trop peur de briser ce moment. Son visage n'est plus ferme comme d'habitude et je n'ai pas le droit à un regard glacial, il donne l'impression de ressentir de l'empathie. Son visage est si parfait, je pourrais contempler ses yeux, sa bouche, son nez, ses cheveux, pendant des jours. Je déraille complètement, je dois me ressaisir. Il doit y avoir un piège derrière cette sympathie. Je romps le contact et contemple les maisons qui se défilent, nous sommes presque arrivés.

Le silence avait repris son règne jusqu'à ce qu'Isaac ne le brise pour me poser une question.

- Est-ce que tu es vierge ?

Malgré qu'il conduise, il continue de poser ses yeux sur moi, ne me lâchant pas.

- Non.

Certes, je n'ai pas beaucoup d'expérience, mais ça, il n'est pas obligé de le savoir.

Arrivé, il stationne sa jeep.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 13, 2022 ⏰

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