𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞 𝐧°𝟐

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•••


Le regard fixé au plafond, je me demandai : « Où suis-je ? »
La lumière me parut étrangement plus vive, plus forte que d'ordinaire.
Les souvenirs me revinrent lentement, par fragments, comme des éclats dispersés dans le brouillard.

Relevant soudainement la tête pour mieux voir, je découvris la lumière du soleil filtrant à travers la fenêtre de cette chambre... une chambre d'hôpital.
Cette clarté, qui ne m'avait en rien manqué, s'invitait à présent avec insistance, inondant peu à peu la pièce d'une blancheur presque cruelle.

Une douleur sourde s'empara de mon cou, d'abord légère, puis insupportable. Je laissai retomber ma tête contre l'oreiller, les yeux brouillés de larmes, les traits crispés par la souffrance.

Qu'avais-je fait pour en arriver là ?

Je me rappelai de ce jour-là — un mardi enneigé.
C'était le jour de son anniversaire. Je m'étais vêtue d'une robe blanche, délicate, agrémentée de dentelle. Une tenue que j'adorais.

Mais désormais, je haïssais cette robe.

Je lui avais apporté le petit-déjeuner au lit. Lorsqu'il me découvrit dans cette tenue, ses reproches devinrent plus insistants, plus fréquents. Et il y prit goût.
À partir de ce jour, il ne dit plus que cela.

"Ah...non, je suis pas fan."

"J'aime pas trop, elle n'est pas a t'a taille..."

"C'est moche, change toi."

"J'ai trop honte pour sortir dehors avec toi."

"Des fois je me demande ce que je fou avec toi, putain."

"Ose me toucher et je t'en mets une."

Les jours passaient, plus sombres, plus violents.
L'amour que j'avais pour lui s'était lentement changé en haine.
À force de subir, quelque chose en moi s'était brisé — et une part de moi avait commencé à se rebeller.
Je ne méritais pas ses mots, ni sa colère, ni ce qu'il faisait de moi.

Puis un jour, tout bascula.
Les insultes cessèrent... remplacées par autre chose, de plus dur, de plus froid.
Ce n'étaient plus les mots qui blessaient, mais les silences.
Plus les regards, mais les gestes.

J'avais voulu fuir, mais chaque tentative ne faisait qu'alimenter son emprise. Les murs devinrent mes chaînes, les pièces de la maison mes prisons.

Et dans cette cage, je cessai peu à peu d'exister.
Je n'étais plus son épouse.
Simplement une ombre à ses yeux, un être vidé, façonné par la peur.

Je n'avais plus de nom, plus de place, plus de voix.
Seulement le souvenir lointain de celle que j'avais été.



•••


A suivre...

• 𝑴𝒐𝒏 𝒄𝒐𝒂𝒄𝒉 • Prochainement en réécriture..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant