Beryl Moncade : L'héritage maudit

Chapitre 2 : La vérité

« Un mensonge qui fait l'affaire vaut mieux qu'une vérité qui l'embrouille » Citation de la Perse.

Un sifflement, puis des cris me réveillent en sursaut. Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe. Je me lève rapidement en regardant autour de moi. Les gardes courent et hurlent des ordres, l'un d'eux me demande de partir derrière les calèches, mais mes pieds ne bougent pas et restent ancrés au sol. Je vois des hommes se battre à l'épée, des flèches qui nous frôlent. J'aperçois au loin le carrosse du Roi Hadrian partir avec sa garde rapprochée.

Caleb ! Je me retourne et cherche désespérément du regard mon ami. Je le vois qui s'approche quand une flèche me frôle l'épaule.

— Caleb ! Attention !

— Béryl, cache-toi ! m'ordonne-t-il de manière autoritaire.

Il arrive à ma hauteur et m'empoigne fermement le bras. Nous passons derrière une calèche.

— Que se passe-t-il ? lui demandé-je essoufflée.

— Je ne sais pas. On dirait des rebelles.

— Des rebelles ? Dans la Région 8 ?

— Oui, moi aussi ça m'étonne.

À l'école, on nous parle de la cohésion des Régions autour du Roi. Nous n'avons jamais abordé le sujet d'une rébellion, ou seulement pour nous expliquer comment la révolte a été amorcée par les armées du Bocal il y a seize ans.

Deux rebelles se dirigent vers nous. Un garde s'interpose, mais il ne fait pas le poids et reçoit un coup qui lui tranche le ventre. Un des hommes ennemis est blessé à la jambe et nous remarque.

— Là-bas !

Le second suit du regard la direction indiquée par son coéquipier. Caleb sort de notre cachette, saisit l'épée du garde mort, et tente de nous défendre en commençant le combat avec le rebelle. Caleb se bat plutôt bien. On dirait que l'entrainement de l'école a payé. J'ai l'impression que le combat est bien engagé lorsque je suis interrompue par une flèche qui se plante dans mon épaule gauche. Le second rebelle me regarde avec un sourire satisfait. Je hurle de douleur, arrache la flèche en pointe et manque de m'évanouir en voyant mon sang couler. Heureusement que la pointe est fine sinon je n'aurais pas pu la retirer. L'adrénaline m'empêche de perdre pied. Je me lève difficilement et me dirige en titubant de l'autre côté de la calèche. Je regarde autour de moi et remarque une flèche. Je cours l'attraper et m'approche d'un cadavre pour saisir son arc. Je vise le rebelle blessé qui s'approche dangereusement d'un garde. Il s'apprête à le tuer. J'ai du mal à maintenir ma position avec mon épaule blessée. Le tremblement n'arrange rien et je lâche. Touché.

— Bien joué ! annonce Caleb en me rejoignant.

— Il est juste blessé, dis-je avec regret.

Je m'attends à ce qu'il fonce sur nous, mais il n'en fait rien. Il enlève la flèche de sa jambe en gémissant et part en clopinant suivi des autres rebelles derrière les collines.

— Ils battent en retraite... Un homme est arrivé en haut de la colline et ils se sont repliés m'informe Caleb devant mon regard surpris.

Je commence à regarder l'ampleur des dégâts... Des cadavres jonchent le sol, l'odeur du sang me donne la nausée, je n'en ai jamais vu autant et je réprime un second haut-le-cœur. Ceux des rebelles sont vite identifiables grâce à leurs vêtements noirs. Je détache mon regard d'eux pour me concentrer sur les pertes du Roi.

J'arrive à voir quatre gardes, un des cinq orphelins et le fils du boucher. Mon cœur se serre à sa vue et des larmes coulent sur ma joue... Je n'étais pas préparée à tant de violence.