Anton

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Je m'avance dans l'amphithéâtre. J'ai mal dormit la nuit dernière à cause de Maman qui me harcèle pour que je m'intéresse aux omégas, je n'avais vraiment pas envie de venir au cégep ce matin! Histoire en plus.

- Câliss... que je soupir en échouant mon corps lourd de fatigue sur une place au hasard.

Un homme entre. Ce n'est ni un élève ni la professeur d'histoire habituel. Ses cheveux roux aux boucles serrées tombent sur son front, sa nuque et ses oreilles. Sa peau pâle est marquées de taches de rousseur sur le nez et les joues. Il est assez grand, probablement autant qu'Alexei, et ses yeux émeraudes me font frissonner lorsqu'il m'observe au travers de ses lunettes rondes.

- Bonjour, dit-il en souriant. Je suis le nouveau professeur d'histoire, Frédéric O'Gwenn.

- Le nouveau? demande une autre élève que je n'avais pas remarqué avant sa question.

- Oui, M. Tricks est soudainement parti en retraite car sa femme a eu un accident de voiture et il veut prendre soin d'elle. Je vais donc reprendre ses classes à titre provisoire. Du moins pour l'instant.

Tout le long du cour, la matière que je trouvais jadis si ennuyante et pénible me semble maintenant extrêmement intéressante. Ou alors c'est l'enseignant qui attire mon attention?

Chaque fois qu'il passe le long de la première rangée à la recherche d'un élève à interroger son parfum phéromonal de cèdre chatouille mon nez. Au début ça ne me fait rien, voir me repousse légèrement. C'est l'odeur d'un autre alpha après tout, c'est normal. Mais à chaque aller retour je me prend à pencher mon buste un peu plus vers l'avant pour mieux sentir son passage. Quelque chose m'attire davantage alors que le cour passe.

Il termine finalement et je suis presque déçu de ne plus recevoir la douce brise boisée. Je me lève et me fait interpeller par le professeur.

- Anton pouvez-vous rester quelques minutes s'il vous plait? dit sa voix suave. J'aimerais parler.

- Oui bien sûr, que je répond immédiatement, trop heureux de pouvoir le sentir encore un peu.

Je le rejoint près de son pupitre et il sort une feuille. C'est un résumé de mes notes depuis le début de l'année.

- M. Tricks était ton référent pas vrai?

Je hoche la tête positivement.

- Donc je le suis maintenant. En regardant les bulletins des quelques élèves dont j'ai la responsabilité j'ai remarqué que tes notes sont très moyennes. Tu as pourtant l'air d'un garçon brillant. Est-ce qu'il se passe quelque chose à la maison ou dans ta vie personnelle qui te détourne de tes études?

Je hausse les épaules. Oui il se passe quelque chose à la maison, mais je ne veux pas qu'il sache que je suis un alpha bizarre qui ne s'intéresse pas aux omégas. À la place je répond vaguement que le cégep ne m'attire pas vraiment, ce qui n'est pas totalement faux. Je continu mes études parce que mes parents le veulent, pas parce que je le veux franchement.

- Tu peux m'en parler si tu as besoin, dit Frédéric en posant une main chaleureuse sur mon épaule.

Mon cœur ratte un battement. Ma peau brûle à son contact malgré la manche épaisse de ma veste qui la sépare de sa main. Je n'arrive qu'à hocher vaguement la tête avant de me dépêcher de quitter l'amphithéâtre.

Qu'est-ce qui vient de se passer?


Durant tout les cours qui suivirent je suis resté après. Officiellement c'était pour qu'il m'aide à augmenter mes notes. Officieusement, nous passions l'heure en discutant de tout et de rien. Je n'y peux rien, cet homme est tellement intéressent!

Dès qu'il ouvre la bouche tout arrête d'exister. Je ne peux me détourner de lui avant d'avoir entendu tout ce qu'il avait à dire et compris tout ce qu'il y avait à comprendre. 

À la maison les parents sont toujours aussi agaçant, mais depuis quelques temps ils me lâchent de plus en plus. La raison est simple: Alexei, le fils miracle, à déclaré se sentir prêt à faire un pas de plus vers la perfection en prenant un oméga pour partenaire. Je n'ai pas besoin de dire que ce fut un coup de fouet à l'obsession maritale de Maman. 

Maintenant elle passe la majorité de son temps à lire en détail les dossiers d'oméga mâle. Papa est plus posé, davantage dans la discrétion. Encore qu'il a sa propre définition de discrétion, car il demande à tout bout de champ si telle fille d'un de ses associés ne ferait pas l'affaire ou qu'une telle autre voudrait aller prendre un verre avec un bel alpha à tout hasard comme Alexei.

Mon frère ne semble pas aussi facilement lassé que moi et les laisse faire. Sûrement que le fait qu'il habite dans son propre appartement aide, mais reste que pendant qu'il se fait proposer milles partenaires potentiels, moi je n'ai plus a supporter la même chose. Et toutes mes pensées sont dirigées vers mes études. Et un certain professeur.


Lorsque l'année se termine et que Fred n'est officiellement plus mon enseignant, je le retrouve sur le parking du cégep. Il allait monter dans sa voiture, mais arrête en me voyant.

- Tu ne vas pas boire la fin de session avec tes amis? qu'il me demande. À ton âge je n'étais pas le premier à lever le coude, mais...

- Est-ce que je peux venir fêter chez toi à la place?

Il se tait et me regarde avec de grands yeux.

- Je vais payer l'alcool, que je propose immédiatement. Et on pourrait commander de la nourriture que je payerais aussi si tu veux...

- Oui. Mais je paye le restaurant, d'accord?

Quelques secondes s'écoulent sans que l'un de nous ne parle, puis je rougis et marmonne vaguement mon accord. Il me fait signe de monter sur le siège passager, ce que je fais tout de suite.

Dans sa maison je m'assis au comptoir et regarde mes doigts. J'hésite un moment avant de dire ce à quoi je pense depuis un moment.

- Tu n'es plus mon prof, que je commence doucement, alors... c'est bon si on devient plus qu'ami... non?

Il a sourit. Et à son sourire j'ai su que j'avais raison.

ABO: Oméga - BonusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant