deux.

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J'ai su que je n'étais pas hétérosexuel à 100% quand j'avais 15 ans. Avant cet âge, je n'avais jamais vraiment réfléchi à mon orientation. À cet âge là, j'ai aussi eu ma première copine. Lors de mes 16 ans, j'ai réalisé que j'étais en majorité attiré par les hommes, et moins par les femmes.
Tout a commencé au collège, lorsqu'on atteint l'âge d'être plus curieux. À cette époque, je vivais aux États-Unis avec mes parents. En tant qu'adolescent, nos hormones sont beaucoup plus actives et on a du mal à se contenir. C'est à cette période que j'ai commencé à regarder du porno. Tous mes amis le faisaient et s'amusaient à en parler pendant les pauses entre les cours, alors j'ai fait comme eux, et ça m'a plu... Pendant quelques temps, avant que ça ne commence à m'ennuyer. Enfin, ennuyer est un grand mot. Je ne ressentais plus la même chose, voilà tout. Donc, après plus de recherches, je suis tombé sur un porno gay. Ma première réaction était typique: "y'a pas moyen que je regarde ça." Mais après quelques jours, j'ai cédé, me disant que tout le monde avait déjà regardé au moins un porno gay sans pour autant l'être lui même. Sans grande surprise - bien que ça ait été un choc à l'époque - je me suis senti mieux que jamais après l'avoir regardé... Ça m'avait fait peur sur le coup, alors je me suis interdit d'en regarder un à nouveau, et de me contenter des pornos classiques.
Pourtant, plus les semaines passaient, plus j'y pensais: "les pornos gay, c'est quand même bien." J'ai donc continué à en regarder de temps en temps, jusqu'à oublier ceux que je regardais à la base.
Toutefois, pour me convaincre que je n'étais pas gay, je suis sorti avec une fille de ma classe. Elle s'appelait Anna. Elle était plutôt populaire, gentille, douée en cours... Et elle n'attendait pas grand chose de moi si ce n'était l'écouter parler et passer du temps avec elle les week-ends. Alors quand elle m'a déclaré sa flamme, j'ai sauté sur l'occasion d'affirmer mon hétérosexualité. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu:
Je n'étais pas attiré par elle. Mes amis me demandaient tous quand j'allais sauter le pas avec elle, mais je répondais toujours "vous êtes fous, on est trop jeune pour faire ça !" Ils finissaient toujours par rire de ma réaction, mais je m'en fichais pas mal. C'est quand Anna elle-même m'a demandé d'aller plus loin avec elle, que j'ai pris peur. Je n'étais pas physiquement attiré par elle. Elle avait beau être très belle, je ne m'imaginais pas faire plus que l'embrasser.
Quand j'ai réalisé ça, j'ai décidé de mettre un terme à notre relation, sous prétexte que lorsque nous quitterons le collège, nous ne nous verrons plus. D'un côté, je n'avais pas tord car j'allais rentrer en Corée du Sud un an plus tard.
Elle n'a pas essayé de me retenir, et c'était tant mieux comme ça.
J'ai commencé à ressentir une sorte d'attirance envers certains hommes et c'est à ce moment que j'ai décidé d'accepter la vérité. J'ai pris du temps avant de l'annoncer à mes parents et à mes amis. Je les ai tous mis au courant et certains m'ont fuit, d'autres sont restés, parmi eux se trouve Sunwoo, qui m'a toujours défendu même s'il devait en venir aux mains. Mes parents, eux, on été surpris, mais ont fini par comprendre. Ça a été plus difficile pour ma mère, qui rêvait d'avoir des petits-enfants, mais mon père a réussi à la raisonner. Et même si j'ai fait mon coming-out en tant que bisexuel, la majorité des gens à qui je l'ai dit ont compris 'homosexuel.'
Jusqu'à maintenant, j'ai toujours été plutôt chanceux: mes parents et mes vrais amis sont compréhensifs, et mon colocataire est pansexuel, donc il me comprend parfaitement.

"Eric ! Tu veux du ketchup sur ton omelette ?" Me demande Juyeon hyung depuis la cuisine alors que je finis de m'habiller dans la salle de bain.

"Non, merci !"

Je me dépêche de mettre mes vêtements et le rejoins dans la cuisine qui est ouverte sur le salon. Notre appartement n'est peut-être pas le plus grand, mais il nous convient parfaitement et ni lui, ni moi, ne pourrions le payer seul.

"C'est prêt." Il dit en posant mon assiette sur la table, où je prends place. "Mange tant que c'est chaud."

"Merci ! Tu sais, je peux me contenter de céréales le matin..." Je dis alors qu'il s'assied face à moi, une assiette à la main.

hug me // juric Où les histoires vivent. Découvrez maintenant