cinquante-neuf.

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Ça fait maintenant deux semaines que Juyeon hyung a pu avoir une discussion avec sa mère. Elle a fini par accepter que Juhwan vienne à la montagne avec nous, à la seule condition qu'il révise minimum une heure par jour.

Nous sommes samedi, et j'ai fait de mon mieux pour ne pas penser à ce qui va se passer aujourd'hui. Mais maintenant que je me retrouve devant l'aéroport avec Juyeon hyung à mes côtés, c'est impossible de faire comme si rien n'allait se produire.

"Ça ira ?" Me demande Juyeon hyung en passant son bras autour de mes épaules pour m'attirer vers lui.

Je hoche la tête. "Si tu restes avec moi, oui."

Il me sourit et prend ma main alors que nous entrons dans l'aéroport. Mes parents partent aujourd'hui et je leur ai promis de leur dire au revoir en personne, alors nous y voilà. Nous n'habitons pas la porte à côté, mais je ne me voyais pas les laisser partir sans les revoir, surtout vu la dernière conversation que nous avons eu en face à face. Quand nous arrivons près des comptoirs où se passent les enregistrements des bagages, j'aperçois mon père et ma mère. Je marche plus rapidement et sans réfléchir, les prends dans mes bras. Sentir leur odeur familière me réconforte autant que ça me rend triste. Quand vais-je pouvoir la sentir à nouveau ?

"Youngjae..." Murmure ma mère entre deux sanglots.

"Ne pleure pas, Maman." Je dis même si j'ai les joues trempées de larmes.

Mon père caresse affectueusement mes cheveux et rit légèrement face à ma réaction. Ses yeux sont brillants, il va aussi pleurer.

"Je suis désolée pour tout ce qui s'est passé la dernière fois... On aurait dû te le dire plus tôt et en discuter avec toi..." Me dit ma mère en tentant de sécher mes larmes.

Je prends ses mains dans les miennes et secoue la tête. "Non... Vous devez vivre où vous êtes heureux. Alors si la Californie est l'endroit où vous vous sentez le mieux, alors allez-y."

Mon père pose sa main sur mon épaule et y applique une légère pression rassurante. "Et toi... Tu te sens bien ici ?"

Je souris et acquiesce. "Oui... C'est ici que j'ai trouvé le bonheur." Je dis en me tournant légèrement vers Juyeon hyung, qui se tient un peu à l'écart. "Et j'ai tous mes amis ici aussi. J'irai bien, ne vous inquiétez pas pour moi."

Ils sourient, l'air rassuré et attendri. Ma mère fait ensuite un signe de main à Juyeon hyung pour qu'il nous rejoigne, puis le prend dans ses bras. Mon père lui fait à son tour une accolade et le tape légèrement dans le dos.

"Prends bien soins de mon fils, Juyeon."

"C'est promis." Il lui répond en souriant.

"Vous viendrez nous rendre visite cet été ?" Propose ma mère. "Comme ça on pourra se revoir !"

"Oui !" Je dit aussitôt. "On viendra dès qu'on le pourra."

Juyeon hyung hoche la tête et affiche un énorme sourire.

"Bon... Je crois que c'est l'heure..." Je dis en voyant que la porte d'embarquement est ouverte.

Mes parents prennent encore une fois Juyeon hyung dans leurs bras, puis me serrent fort contre eux. J'ai si mal au cœur, mais je veux leur laisser l'image d'un fils joyeux jusqu'à ce que nous nous revoyons.
À contre cœur, je les laisse partir. Les voir s'éloigner de moi sans pouvoir les en empêcher me fait beaucoup de mal, mais je veux qu'ils soient heureux, alors je reste à ma place et attends sans bouger. Après presque dix minutes, Juyeon hyung pose sa main sur mon épaule pour attirer mon attention. Je me tourne alors vers lui et sourit légèrement avant de le suivre hors de l'aéroport. Ça y est, mes parents sont dans l'avion, prêts à partir. Nous marchons jusqu'à la voiture dans le silence, et même pendant le trajet, aucun de nous ne parle. J'aime ce calme. Il me permet de réfléchir. Juyeon hyung laisse sa main posée sur ma cuisse, sûrement comme signe de soutien. Il doit sûrement savoir que je préfère ne pas parler maintenant, mais que le savoir près de moi m'aide beaucoup. Le retour à Séoul dure une heure car heureusement, nous avons pu éviter la plupart des bouchons.

"Hyung, on n'aurait pas dû tourner ici ?" Je demande en regardant par la fenêtre.

"Si, mais on va autre part." Il dit simplement.

Je ne dis rien de plus. Je lui fais confiance alors je sais que s'il a une idée derrière la tête, elle est probablement bonne. Après dix petites minutes, Juyeon hyung se gare en bordure de forêt.

"Alors... J'aime bien les randonnées mais à cette période de l'année c'est pas le top." Je dis en sortant de la voiture.

Il rit légèrement et secoue la tête en allant prendre une couverture dans le coffre. À mon avis, il a oublié de la sortir le jour où on a fait un picnic ensemble cet été.

"Viens, suis-moi." Il dit en prenant ma main.

Je ne conteste pas et le suis dans la forêt. Nous marchons pendant un petit moment, passant par des chemins qui ne sont même pas censés exister. Mais où est-ce qu'il m'emmène ? Après deux minutes de plus, nous arrivons dans un grand champ qui donne une vue magnifique sur le couché de soleil.

"Hyung... C'est magnifique..." Je murmure, subjugué par la beauté qui nous fait face.

Il sourit et pose la couverture par terre, avant de s'y asseoir et de m'y faire de la place. Je m'installe alors et me blottis contre lui pour nous réchauffer un peu.

"À l'époque, quand mes parents étaient encore ensemble, nous vivions à Séoul. Quand mes parents nous ont annoncé qu'ils allaient divorcer, je venais souvent ici à vélo. Cet endroit me relaxait... Je me suis dit que venir ici pourrait te faire du bien aussi." Il dit d'un ton calme et réconfortant.

"Je ne savais pas que ce lieu existait... Merci de m'y avoir emmené, Hyung." Je murmure en posant la tête sur son épaule.

"Alors... Tu te sens comment ? Tu veux en parler ?"

Je soupire et fais un peu la moue. "Je vais avoir du mal à m'y faire je pense... Mais je ne comprends pas vraiment pourquoi. Après tout, je ne vivais plus avec mes parents depuis longtemps et ils vivaient plutôt loin de moi."

"Je pense que je te comprends. Même si tu ne vivais pas avec tes parents et qu'ils habitaient à quelques heures de Séoul, tu pouvais quand même toujours les voir en achetant un ticket de train. Le truc, c'est que tu n'en ressentais pas forcément le besoin. Mais maintenant qu'il sont trop loin de toi pour pouvoir les voir sur un coup de tête, tu as peur qu'ils te manquent trop." Il dit en entrelaçant nos doigts.

"On dirait que c'est quelque chose que tu as déjà ressenti..." Je dis en levant légèrement la tête vers lui.

Il regarde nos mains et hoche la tête. "Oui. Quand j'avais douze ans, mon père a dû partir à l'étranger pendant six mois pour le travail. Mes parents étaient déjà divorcés alors je ne comprenais pas pourquoi j'avais si peur qu'il parte, puisque dans tous les cas je vivais avec ma mère. Je me suis rendu compte de la raison au fil du temps."

"Je ne savais pas tout ça..." Je dis alors en me redressant pour mieux le voir.

Il sourit et me regarde à son tour. "Je ne t'en ai jamais parlé, c'est pour ça. Mais je pense que je peux t'aider à mieux comprendre ce que tu ressens."

"Merci, Hyung. Ce que tu viens de me dire m'aide déjà beaucoup." Je souris aussi et regarde l'incroyable paysage devant nous. "Tu sais... Pour mes parents... Finalement je suis heureux qu'ils n'aient jamais vendu la maison. Au début je leur en ai voulu parce qu'ils ne m'avaient rien dit, mais maintenant je pense qu'ils ont pris la bonne décision. Au moins, quand on ira leur rendre visite, tu pourras voir la maison dans laquelle j'ai grandi."

Juyeon hyung sourit et passe son bras autour de mes épaules. "J'ai hâte de la voir ! Tu vois, on peut toujours voir le côté positif dans chaque situation."

Je le regarde à nouveau. "C'était quoi le côté positif quand ton père a dû partir ?"

"Mh... Qu'il allait pouvoir me ramener pleins de souvenirs ?" Il dit, ce qui me fait rire. "Plus sérieusement, je pense que c'est le fait que grâce à ce voyage, il a pu avoir une promotion et s'acheter un appartement assez grand pour lui, mon frère et moi. Après ça, on a pu aller chez lui plus souvent et rester proche."

Je souris en entendant ça. Il a raison, peu importe la situation, il y aura toujours une touche positive qui en ressortira, et tant qu'on se concentre dessus les choses ne peuvent que mieux aller.

hug me // juric Où les histoires vivent. Découvrez maintenant