Arrivée

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C'était une sombre journée de janvier. Pourtant l'air était lourd, étouffant, chargé de particules. Entre ce rideau de fer, le soleil perçait à peine. L'astre divin se faisait discret et ne voulait pas se pencher prématurément sur le berceau du nouvel arrivant. Seul le bruissement des rares feuilles hivernales poussées par le vent semblait vouloir annoncer la nouvelle et la porter à la connaissance de chacun. Las, la morne indifférence triomphait auprès des citadins et rien ne pouvait altérer leur égal humeur, tournés exclusivement vers la réalisation de leurs médiocres objectifs à court terme.

Enfin! Des cris suivis de râles de soulagement et de bavardages de saison rendirent officiel ce que la nature pressentait ou plus exactement, savait, car son œuvre s'accomplissait. Des pas, des halètements, le chérubin était venu au monde et le père traversait les couloirs pour le porter et l'élever vers les cieux. Il criait à qui voulait l'entendre qu'il était le grand artiste à l'origine de cette merveille. Les femmes l'accompagnaient avec leurs youyous. Hommes, femmes, comprenaient enfin les indices laissés par la nature et accueillaient ce nouveau représentant de la nation humaine en leur sein comme un des leurs. N'était-ce point une fois de plus la démonstration d'un prodige auxquels tous devaient une vénération sacrée ou du moins, un respect plein d'humilité?
Pourtant l'enfant, n'était pas à vraiment parler du pays, mais il ne le savait pas. Il n'était qu'une masse rose et ses yeux semblaient effarouchés par le jour. La lumière casawi si pâle en ce début de journée, paraissait maintenant aveuglante et toute la chambre semblait inondée d'une ondée surnaturelle. L'iris du jeune Thibaut se contractait et ses pleurs témoignaient de la nostalgie du ventre maternel. Il était là et pour ce miracle, il devrait payer une dîme.

NasraniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant